Déplacements arbitraires, licenciements...

Balayeuse depuis 19 ans, ’mutée’ à une heure de marche de chez elle !

13 avril 2004

"Il a pété les plombs". C’est par cette formule qui dit bien ce qu’elle veut dire que l’on qualifie volontiers l’attitude de Paul Técher, maire de Cilaos, envers une partie du personnel communal après les dernières élections. Illustrations de ce "pétage de plomb" : un employé de la piscine se retrouve "expédié" au fin fond de l’ilet Calebasse, à Palmiste Rouge où, aux dernières nouvelles, il n’existe pas de piscine. Un magasinier se retrouve, du jour au lendemain, sur simple "pétage de plombs" du maire, avec un balai à la main, à Bras-Sec. Un autre employé, embauché... en 1982, est licencié sans autre forme de procès...
Dans cette vague de sanctions qui tombent, comme par hasard, après les élections des 21 et 28 mars derniers, le cas le plus poignant est sans doute celui de Mme Rose-May Dijoux. Depuis 19 ans (elle a été embauchée le 14 mars 1985), Mme Dijoux balaie les salles de classe de l’école des Sœurs, au centre-ville de Cilaos. À raison de deux heures par jour, cela lui fait, au jour d’aujourd’hui, une rémunération nette de 251,66 euros par mois. Le lendemain du scrutin du 28 mars, Paul Técher la fait convoquer à son bureau, à la mairie, par la police municipale. Assis derrière son bureau, se croyant sans doute investi d’une quelconque mission divine, le maire de Cilaos se livre à un "kozman" dont lui seul a le secret. La pauvre femme, âgée de 62 ans, se souvient encore des paroles que la décence nous interdit de rapporter ici. "Lu la di a moin lu vé pi mi mète les pié la haut...". La pauvre femme sort toute tremblante du bureau du maire qui conclut l’entretien par ces mots : "Ou va respecte a moin !"
Pourtant, dans le quartier où elle vit, Mme Dijoux n’est pas connue comme une agitatrice et encore moins comme une excitée. Elle serait plutôt du genre timide, empruntée, effacée. Suite à l’entrevue avec Paul Técher, encore toute émotionnée, elle est examinée par un médecin qui lui prescrit un arrêt de travail, jugeant la pauvre femme "dans un état dépressif". Son crime, aux yeux de Paul Técher : avoir affiché sur sa case, une photo de Jacques Técher et une autre de l’Alliance. "Nou sé pa de moune i ravage", explique Mme Dijoux. Pourtant, les deux affiches seront recouvertes de peinture par de courageux anonymes qui n’ont pas hésité à entrer dans sa cour pour se livrer à ce genre d’acte.
Du coup, Mme Dijoux se retrouve "mutée" à l’école de Mare Sèche, située à une bonne heure de marche de sa case. Ce qui signifie que pour effectuer ses deux heures de balayage qui lui rapportent 251,66 euros par mois, elle doit effectuer au moins deux heures de marche aller-retour. Une attitude qui a choqué beaucoup de monde dans le cirque...

S.D.


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