Bienvenue à la présidentielle... à condition !

15 février 2007

Certains de nos lecteurs nous ont adressé des contributions à l’occasion de la venue de Nicolas Sarkozy à La Réunion. Nous leur ouvrons bien volontiers nos colonnes pour leurs réflexions ou leurs opinions (qui n’engagent bien évidemment que leurs auteurs).

Je n’ai pas toujours été en accord avec la politique de Jacques Chirac, mais nous devons reconnaître que la France a été digne lors du conflit irakien et que son investissement pour l’Afrique a été bon, bien qu’insuffisant pour la santé morale du monde. Alors que la Côte d’Ivoire est en turbulence suite à ses contradictions internes dues à une société de plantation qui n’a pas su intégrer les conflits inéluctables entre le Nord et le Sud de son propre pays, alors que le chaos submerge la Guinée, un pays riche en ressource minière, il reste un pays d’Afrique francophile, cultivé, digne dans sa lutte contre la “sahélisation” de son univers. Il s’agit du Sénégal, un pays fier dont grand nombre de ses enfants, rappelons-nous les tirailleurs sénégalais, allèrent combattre pour la République et pour la France lors de la 1ère et 2nde Guerre Mondiale. Qu’a fait notre République pour essayer d’accompagner ce pays frère sur le chemin du développement ?
Après avoir utilisé les populations dites indigènes comme chairs à canon ou comme exploitants agricoles en déstructurant l’usage traditionnel (et en pratiquant la détérioration des termes de l’échange), voilà que nous parachèverons l’action en pompant l’élite intellectuelle de ce pays, éminemment bien formé, à la française de l’époque, car les Sénégalais qui ont eu la chance d’être instruits utilisent un français choisi, châtié. Que faisons-nous, nous ?
Comment ne pas réagir lorsqu’on voit toutes ces populations déshéritées qui osent braver l’océan au péril de leur vie pour rechercher cet eldorado matériel que représente les pays dits riches qui ont construit une partie de leur fortune de leurs anciennes colonies ? Quelle absence d’humilité, d’amour de l’Homme, de la part de l’homme politique du Front National qui fait campagne, lui aussi, “démagogiquement” sur la xénophobie au relent parfois nauséabond.
Nous sommes tous des fils d’Adam, et il est de notre devoir moral, intellectuel et spirituel d’essayer de rééquilibrer le fossé entre une Afrique qui sombre et un Occident repu de bien trop de gadgets de toutes sortes. L’indécence est de ne pas partager ne serait-ce que notre superflu avec des populations pacifiques, respectueuses qui souffrent dans le silence.
Espérons que Nicolas Sarkozy, qui vient en ce moment dans l’île, ou Ségolène Royal, née à la base de Ouakam, prendront conscience de leur rôle et de l’importance de leur mission, car en développant le Sud, nous renforcerons le Nord.
L’hygiène morale et l’amitié qui peuvent se dégager dans un rapport Nord-Sud plus équilibré, plus fraternel est la base même du développement de notre humanité dans laquelle notre République peut avoir sa place, à moins qu’elle renie les principes même de sa devise et deviendrait alors parjure du droit élémentaire de la reconnaissance que nous devons à nos frères d’Afrique.

Christian Vittori


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