Les Réunionnais ont parlé, mais J-P Virapoullé n’a pas entendu...

... Bourik i kaka pa lor !

24 avril 2007

Finesse de l’analyse, droiture politique, écoute et respect de l’expression des Réunionnais : voilà tout ce qui ne caractérise pas Jean-Paul Virapoullé dont l’anti-communisme primaire, l’opposition épidermique à Paul Vergès sont les seules armes pour, comme à chaque revers de médaille, tenter de masquer son propre échec.

La victoire de la démocratie, soulignée par l’ensemble des candidats quel que soit leur parti, est d’autant plus notable à La Réunion que les électeurs se sont démarqués du scrutin national en rejetant massivement 5 années de gouvernement de la majorité présidentielle pour un plébiscite de l’opposition et de Ségolène Royal. Cette tendance n’a pas fait exception dans la commune de Saint-André où les citoyens ont voté à 47,48% pour Ségolène Royal, contre 25,96% pour Nicolas Sarkozy.

De quel « échec » nous parle-t-on ?

Mais comment Jean-Paul Virapoullé pourrait-il dignement se plier à ce simple constat quand son champ de vision se focalise uniquement sur la scène politique nationale où l’image du candidat UMP sous les projecteurs semble n’exciter que ses seules ambitions personnelles ? S’il ne s’agissait, cette fois encore, que de cette outrecuidance qui le caractérise mais, blessé dans son orgueil, il doit tirer sur quelqu’un : le PCR reste sa cible favorite. On pourrait le laisser divaguer, fabuler, s’égarer, ne pas gaspiller d’encre, mais l’honnêteté intellectuelle est une exigence dans cette campagne pour le second tour.

Alors que Paul Vergès recevait à tour de rôle les différents candidats à la Présidentielle pour leur soumettre le seul projet de développement pour La Réunion à ce jour réalisé par l’Alliance, l’impatience médiatique a conduit aux plus hâtives et abusives conclusions quant à son soutien éventuel à tel ou tel candidat. C’est ce que Jean-Paul Virapoullé qualifie de « méli-mélo politique » dans “Le Quotidien” de lundi. Mais comment cet expert en politique politicienne pourrait-il comprendre que des élus progressistes fassent primer l’intérêt général, le développement de La Réunion et l’épanouissement des Réunionnais sur leur propre ambition ? De la même façon, comment pourrait-il envisager que par conviction et respect de certaines valeurs politiques, l’on puisse appeler à voter pour une candidate en position d’outsider, lui qui veille toujours à miser sur le cheval donné gagnant ?

Le score de Marie-George Buffet aurait été un « échec » pour le PCR si ce parti avait pu imaginer un seul instant que ses voix allaient lui permettre de parvenir au second tour. Mais notons néanmoins que la candidate PC, certes avec un faible score (2,97%), est arrivée en quatrième position à La Réunion (plus inquiétant, derrière Jean-Marie Le Pen). Les prétentions du PCR sont avant tout tournées vers l’action, la prise de responsabilité en faveur de la construction de La Réunion, mais, de cela, M. Virapoullé ne saurait en être conscient.

Au mépris de la démocratie

Là où l’analyste politique donne sa pleine mesure, c’est quand il avance que « l’attitude du PCR a troublé l’électorat de droite à La Réunion, ce qui explique que François Bayrou est arrivé à 13% des voix ». C’est, d’une part, conférer beaucoup de poids à un parti qui, paradoxalement, n’en a pas aux yeux du sénateur-maire, et d’autre part, mépriser tout à la fois la propre capacité de rassemblement du candidat UDF et le choix des électeurs. Les alliés locaux de François Bayrou sauront apprécier. Plutôt que d’admettre que c’est la politique gouvernementale qui a plombé la droite et que les Réunionnaises et Réunionnais refusent en bloc sa vision politique, il use d’arguments désespérés auxquels il serait bien le seul à croire... si seulement il y croit !
Le courage politique ne s’achète pas ! Jean-Paul Virapoullé estime que, de toute façon, « la France est sociologiquement à droite, elle ne croit plus à la gauche ». Celui qui se félicite d’un bon fonctionnement de la démocratie pour ce premier tour de la Présidentielle lui témoigne en même temps un profond mépris. Celui qui proclame, sans rire, que « la vérité paie en politique », use d’arguments éculés.

Enfin, pour Jean-Paul Virapoullé, « le nouveau rêve français que propose Nicolas Sarkozy » saura séduire ceux qui, selon lui, ne croient pas à la gauche, assurant même qu’il saura rallier les centristes.
Comment un élu réunionnais peut-il autant mépriser la parole de ses administrés et de l’ensemble des citoyens réunionnais ? Ce prétendu rêve n’est pas chimérique : cela fait 5 ans que ce gouvernement fait vivre aux Français un véritable cauchemar sécuritaire, social, budgétaire...
Il y a longtemps déjà que les Réunionnais ne croient plus aux contes de fées, mais sont par contre familiers des zistoir bébét.
Depuis longtemps ils savent aussi que... bourik i kaka pa lor ! Ils ne sont donc plus étonnés du vide de la “pensée” virapoulléènne.

Stéphanie Longeras


La bourse vote Sarkozy

Comment s’en étonner ? Derrière les mots creux de son discours au soir du premier tour, les boursiers de tout poil, et surtout les entreprises du CAC 40, ont reconnu l’ancien ministre de l’Intérieur comme l’un des leurs. « L’actualité business repart de plus belle ce lundi. La Bourse de Paris se rapproche à vitesse grand V de la barre des 6.000 points. Ce matin, le CAC 40 prend 0,15% à 5.947 points à l’ouverture. Le début de séance est marqué par d’intenses spéculations dans le secteur bancaire et par des mouvements de consolidation dans la grande distribution », dixit “La Tribune” qui s’y connaît.

Le candidat Sarkozy a beau vouloir s’adresser dans, son discours, « à ceux auxquels on ne parlait plus, aux travailleurs, aux ouvriers, aux employés, aux artisans, aux agriculteurs, à la France qui donne beaucoup et qui ne reçoit jamais rien, à la France qui est exaspérée et qui souffre, celle des banlieues en difficulté, des bassins industriels en déclin, des cantons ruraux abandonnés », il a suivi, depuis quelques années dans les gouvernements auquel il a participé, une politique qui, justement, s’attaquait à ceux qu’il souhaite séduire aujourd’hui.

Beaucoup d’électeurs du Front National se sont tournés vers lui, ce qui a affaibli ce parti. Il compte aujourd’hui étendre son empreinte sur l’électorat centriste qui a conquis, grâce à François Bayrou, une certaine autonomie. Il est prêt à tout pour les conquérir. Prêt à des accords sur des maroquins de ministres. Il chante les vertus « d’une République fraternelle », lui qui a tout fait pour opposer les communautés entre elles, pour les diviser, pour exclure les uns et stigmatiser les autres.

Nicolas Sarkozy veut ratisser large. Mais la Bourse reconnaît les siens. Et la majorité des Français n’appartient pas à ces happy few. Leur intérêt n’est pas celui des entreprises du CAC 40. Ne nous laissons pas nous tromper par les belles paroles de ce candidat.

A.W.


De l’impartialité d’un ministre

Un ministre dans l’exercice de ses fonctions se doit à une certaine impartialité. Surtout lorsqu’il s’agit de représenter l’Outre-mer. Dans tous ces départements, on retrouve une variété de sensibilité, et les enjeux locaux vont parfois au-delà des clivages politiques (comme à La Réunion).
Pourtant, le tout nouveau ministre de l’Outre-mer, Hervé Mariton, n’a pas cure des servitudes de sa fonction, il préfère se montrer partial. À croire qu’homme politique de l’UMP, il faut saluer à tout bout de champ son candidat à l’élection présidentielle et se montrer servile pour obtenir sa bonne grâce.
Ainsi, dans un communiqué post-résultats du premier tour, Hervé Mariton salue la « très forte augmentation de la participation de l’Outre-mer », on ne serait à moins. Il observe - fin observateur ! - que « les résultats sont globalement très serrés entre les deux candidats »... Et il ajoute, ce qui ne manque pas de sel : « à l’exception de La Réunion où le contexte historique et politique, mais surtout les difficultés récentes connues par la population réunionnaise, ont marqué le scrutin de différences plus sensibles »... Qu’en termes choisis sont si bien tus les résultats effectifs. À entendre le ministre, il faut comprendre que les Réunionnais ont placé en tête de leur suffrage Ségolène Royal à cause de « difficultés récentes » comme Gamède ou comme l’éruption du volcan. À noter qu’Hervé Mariton évite soigneusement de citer le nom de la candidate Ségolène Royal, tellement ce nom doit lui faire des aigreurs d’estomac...
Mais, pour faire allégeance à son mentor, il ne manque pas de citer dans la phrase suivante celui qui doit occuper toutes ses pensées : « Il (le ministre) note par ailleurs les remarquables résultats du candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy (nous avons gardé les majuscules du communiqué), dans les départements de... (etc... etc...) ».
Autant de partialité révèle le peu de cas de ce ministre de la chose publique. C’est un avant-goût de l’Etat-UMP, domaine privé de certains.

A.W.


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