Dans 7 jours, le gaz augmente de 50%

Brusque aggravation générale de la situation

22 février 2013, par Manuel Marchal

En plein débat sur la liste Lurel, la Région décide de maintenir sa décision de mettre fin à la subvention versée aux compagnies pétrolières. La conséquence, c’est une hausse de 50% du prix de la bouteille de gaz. Tous les Réunionnais seront concernés par cette brusque aggravation de leur situation, alors que notre île vient d’être secouée par des manifestations de jeunes pour l’emploi.

C’est la mesure qui avait mis le feu aux poudres. Quand l’an dernier, Didier Robert a présenté ses vœux à des médias, il avait aussi annoncé qu’il comptait œuvrer pour faire baisser le prix de la bouteille de gaz. À quelques mois des élections présidentielles et législatives, l’orientation clientéliste de cette mesure ne trompe personne. Mais en faisant cette déclaration, Didier Robert a ouvert une boite de Pandore qu’il n’a jamais plus refermée.

Car ce qui était possible pour le gaz, pourquoi ne l’était-il pas pour les carburants ? C’est le point de départ d’un mouvement visant à faire baisser le prix des carburants de 25 centimes pour tout le monde. Camionneurs et automobilistes font front commun. Le président de Région est pris au piège, il doit avouer qu’il ne peut pas faire baisser de 25 centimes. Le préfet intervient aussi pour dire que les 25 centimes ne seront pas possibles.

Point de départ des émeutes de l’an dernier

C’est la déception, qui se transforme rapidement en révolte. Des forces de répression accourent pour protéger les installations de deux monopoles : les réservoirs de la SRPP et les grandes surfaces. Des jeunes manifestants sont arrêtés et jetés en prison. En catastrophe, des mesures sont prises pour tenter de calmer la colère. À partir du 1er mars 2012, le prix de la bouteille de gaz allait être subventionné pour baisser à 15 euros. En plus de cet effort, la Région versait une aide supplémentaire aux pétroliers pour qu’ils gèlent le prix des carburants pendant 3 mois.

Le 1er juillet, 15 jours après les élections, c’est la fin de la subvention des prix des carburants. Mais le contexte du marché international atténue la hausse. Pour le gaz, l’aide aux pétroliers devait s’arrêter le 31 décembre dernier. Elle est finalement prolongée de deux mois. Mardi, la dernière Commission permanente de la Région a confirmé la volonté de la collectivité de ne plus soutenir ce dispositif. En conséquence, le prix de la bouteille de gaz va brusquement flamber, au moment où la situation sociale est déjà extrêmement tendue.

Tous concernés par la hausse de 50%

Cette hausse devrait atteindre 50%, car le prix passerait de 15 à 22 euros, soit 7 euros de plus. L’application de la hausse, c’est dans 7 jours.

Depuis plusieurs semaines, des jeunes chômeurs manifestent. Officiellement, 23.000 sont inscrits à Pôle emploi. Aucun dispositif de traitement social du chômage ne peut répondre à leur revendication. Dans le cadre actuel, la plus grande partie restera à terre. Cette injustice nourrit un sentiment de révolte qui s’est brutalement exprimé.

Mais dans une semaine, avec une hausse de 50% du prix d’un produit de première nécessité, ce sentiment de révolte sera sans doute beaucoup plus largement partagé. La bouteille de gaz concerne tout le monde, et plus les revenus sont faibles, plus la part de ce bien dans le budget est importante.

Nous sommes donc à une semaine d’une brusque aggravation de la situation. Les hausses annoncées des prix des carburants ne contribueront pas à détendre l’atmosphère, bien au contraire. À chaque fois que l’île est paralysée par des barrages, c’est à cause d’une hausse trop importante du prix des carburants. Or les prix vont égaler ou approcher leurs records.

Manuel Marchal

Des forces de répression arrivent de France ce week-end

Les renforts ou les emplois ?

• L’annonce de l’arrivée d’un nouveau contingent de forces de répression venues de France ne laisse pas indifférent. Beaucoup de questions se posent. Voici celle de Brian, un jeune de Saint-Denis : « combien ça va coûter de faire venir des CRS ? Pourquoi cet argent dépensé ? Et après, on nous dit qu’il n’y pas les moyens pour créer des emplois. Ce n’est pas juste ».

Demain, une autre question.
Lutter contre la vie chèrePrix des carburants

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