La première pierre du lycée inauguré hier avait eu lieu le 10 mai 2006. Cette date du 10 mai est aussi officiellement depuis cette année la Journée nationale de commémoration de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. Autrement dit, c’est le 10 mai que tous les Français sont invités à réfléchir sur l’esclavage, un crime contre l’humanité sous le régime duquel La Réunion a connu la première moitié de son Histoire.
C’est cette date du 10 mai que Paul Vergès a proposé comme dénomination à ce nouveau lycée situé à Saint-Paul, mis en service lors de la dernière rentrée scolaire.
Une date qui rappelle le passé, mais qui montre aussi que s’ouvre une nouvelle étape comme l’a rappelé au cours de son intervention le Président de la Région.

La révolution de l’éducation

Le passé récent, « c’est la révolution accomplie en moins de 60 ans dans l’éducation ». Paul Vergès prend un élément de comparaison : la population scolaire cette année est égale à la population totale de l’île au moment de l’abolition du statut colonial, soit 240.000 personnes.
Le passé plus ancien c’est l’esclavage, une moitié de la courte Histoire réunionnaise que bien des dominants ont tenté d’étouffer. Une Histoire reconnue désormais au plus haut niveau, non seulement dans les pays où vivent les descendants des victimes de ce crime, comme à La Réunion, mais aussi dans la République toute entière. C’est le sens du choix de la date du 10 mai comme Journée de mémoire de la traite négrière et de l’esclavage.
Faire que le lycée porte cette date, c’est donner un atout supplémentaire aux jeunes qui s’y succéderont pendant les décennies à venir.

Créer et fonder le développement

« Grâce à la connaissance de notre Histoire, nous sommes mieux armés pour relever les immenses défis qui se présentent », poursuit le président de la Région. Des défis qui s’inscrivent dans le cadre de la transition démographique qui verra la population de La Réunion atteindre le million d’habitants. Des défis sans précédent pour La Réunion, qui se déroulent dans un contexte mondial marqué par deux phénomènes : la mondialisation des échanges et les changements climatiques.
Des défis qui ne trouveront leur réponse que par une rupture avec ce qui a été entrepris jusqu’alors. De la même manière que les architectes du nouveau lycée ont rompu avec les solutions faciles mais nuisibles, Paul Vergès invite tous les jeunes à être les créateurs et les fondateurs du développement durable de La Réunion : « c’est vous qui allez relever ce défi ».

Manuel Marchal

Des formations au service de l’environnement

Un outil au service de la jeunesse réunionnaise préparant à des diplômes dans les secteurs de l’environnement et du développement durable : voici en quelques mots le portait du lycée "10-mai" inauguré hier.
Du CAP au BTS, l’établissement proposera à terme aux 1.072 élèves qu’il est susceptible d’accueillir une palette de formations pour travailler dans une filière en pleine croissance à La Réunion.
Dans son intervention, le recteur a souligné la croissance des effectifs scolaires et a mesuré tout le chemin parcouru depuis l’époque où La Réunion ne comptait qu’un seul lycée.
Rendant hommage à l’action du président de la Région, le recteur a exprimé sa satisfaction devant les résultats obtenus par le partenariat entre la collectivité et l’Académie dans l’optique de favoriser la réussite scolaire. Paul Canioni a insisté sur la nécessité d’élever le niveau de qualification des jeunes Réunionnais afin de faciliter leur insertion professionnelle.
Pour le recteur, améliorer l’entrée dans la vie active des jeunes Réunionnais passe par un effort à poursuivre pour que chaque année le nombre de bachelier augmente.
Pour sa part, le sous-préfet a relevé le cadre et l’environnement exceptionnels dans lequel évolueront les jeunes scolarisés dans cet établissement. Dans la lutte pour le développement durable, la puissance publique doit montrer l’exemple, a-t-il dit.

Intégré à l’environnement et économe en énergie

Le HQE : la norme de ce siècle nouveau

Dans son intervention, Paul Vergès a souligné les efforts des concepteurs du lycée : ils ont tourné le dos aux solutions faciles mais nuisibles.

Cette année, les 43 lycées publics accueillent 40.400 lycéens, soit 618 élèves de plus que l’année précédente. Face à l’augmentation soutenue des effectifs scolaires, la Collectivité régionale poursuit ses efforts d’investissement dans le secteur éducatif conformément aux orientations de la mandature. Cette année est marquée par l’ouverture du lycée Saint-Paul IV, qui représente un engagement sans précédent en matière de construction et d’équipement des lycées : 40 millions d’euros.
Après celui le lycée Mahatma Gandhi de Saint-André et le lycée Pierre-Lagourgue de Trois-Mares, l’établissement inauguré hier est le troisième lycée construit selon la norme haute qualité environnementale (HQE).
Lancée par un vote de la Commission permanente du conseil régional le 12 juillet 2005, le lycée de Saint-Paul montre le visage des établissements scolaires du 21ème siècle. Les travaux ont rapidement avancé depuis la pose de la première pierre le 10 mai 2006, soit il y a 15 mois de cela.
Implanté sur le site “La Plaine / les 3 chemins”, à l’entrée de La Plaine Saint-Paul, c’est un lycée polyvalent, à dominante biochimie de l’environnement. Il pourra accueillir 1.120 élèves. Il répond à la norme HQE, ce qui veut dire que des efforts particuliers sont faits sur le confort thermique, le confort acoustique, le traitement des eaux pluviales, la gestion technique et la maîtrise de l’énergie. Par ailleurs, des mesures conservatoires ont été prises pour l’intégration architecturale et paysagère du bâtiment, pour l’accueil d’une ferme photovoltaïque d’une puissance d’environ 300 KVA.
Le confort hygrothermique des locaux et espaces construits qui est notamment assuré par l’orientation des bâtiments (coursives réalisées au nord et façades de prise de jour vers le sud, bâtiments se protégeant mutuellement du soleil,...) et la réalisation d’une part importante de locaux traversants et pouvant par conséquent être ventilés de manière naturelle, ainsi que par la réalisation de larges ouvertures sur les façades sud permettant d’optimiser l’apport d’éclairement naturel de qualité tout en évitant les apports thermiques. Toujours dans le même but : la réalisation d’importantes surfaces d’espaces verts permettant d’apporter de l’ombre et de la fraîcheur naturelle aux espaces extérieurs et aux bâtiments, tout comme l’emplacement des parkings, à l’ombre, en préau sous les bâtiments, limitant ainsi les surfaces extérieures minéralisées emmagasinant et réverbérant la chaleur.
Le projet a été conçu pour accueillir une ferme photovoltaïque de 2.600 m2 qui produira environ 460 MWh/an. Les capteurs photovoltaïques intégrés à l’architecture auront une fonction de brise soleil.

Un défi sans équivalent

Objectif 47 lycées dans moins de quatre ans

Du fait de la croissance démographique, La Réunion est la région de la République où le rythme de construction d’établissement d’enseignement secondaire est le plus élevé.
La Région a la nécessité de livrer un lycée tous les 18 mois. Pour sa part, le Conseil général doit inaugurer un collège tous les ans.
Cet effort sans précédent pour La Réunion et sans équivalent dans toute la République est une des spécificités de notre île.
Avant la décentralisation, La Réunion comptait 16 lycées en service. Depuis le transfert des compétences, et pour faire face aux besoins, la Région Réunion a construit 27 lycées.
Ainsi à la rentrée 2006, on comptabilise 43 lycées publics.

A l’horizon 2010/2011, 4 nouveaux lycées verront le jour : 1 en cours d’études (lycée de Saint-Benoit IV) et 3 autres en cours de programmation (1 dans la micro-région Nord, 1 dans la micro-région Ouest, et 1 dans la micro-région Sud). Ainsi avec ces 5 nouveaux établissements la Réunion comptabilisera 47 lycées répartis comme suit sur le territoire :

- 10 dans la micro-région Nord

- 9 dans la micro-région Est

- 12 dans la micro-région Ouest

- 16 dans la micro-région sud
En termes de réhabilitation, les 11 établissements les plus anciens, construits avant la décentralisation sont en cours de réhabilitation lourde. Ces établissements représentent une surface bâtie de l’ordre de 190 000 m².

Un plan pluriannuel de sept lycées

Le lycée inauguré hier fait partie du troisième Programme pluriannuel d’investissements (PPI 3) en terme de construction de bâti scolaire. Ce programme a pour objectif la construction de sept lycées. Six sont en service : Sainte-Suzanne, Vincendo, Bras-Fusil, Saint-André "Mahatma Gandhi", Le Tampon "Pierre Lagourgue", Saint-Paul IV. Reste à construire le lycée de Saint-Benoît IV, prévu pour accueillir 943 élèves.

Le co-développement : une tâche historique de la jeunesse réunionnaise

45 000 jeunes seront dans les lycées avant la fin de cette décennie.
Comme le soulignait Paul Vergès lors de la pause de la première pierre du Lycée de Saint-Paul IV l’an dernier, ces jeunes « peuvent aussi répondre à la forte demande des pays voisins dans tous les domaines, de l’enseignement, de l’agriculture, de la construction, de la médecine ».
« Les jeunes Réunionnais peuvent ainsi remplir leur tâche historique en transférant leurs connaissances acquises de pays développés aux pays de leur environnement », précisait le président de la Région, ajoutant que « ce rôle de transfert est une chance et la condition de notre développement, si nous intégrons le sens du co-développement. Il ne s’agit pas de se développer aux dépens des autres, mais de se développer avec les autres, sinon nous serons isolés et perdus ».

TOS

7 postes créés à Saint-Paul dès cette année

La Collectivité a procédé au recrutement de 7 ETP (emploi temps plein) pour l’ouverture du lycée Saint-Paul IV ce qui représente une dépense moyenne de personnel de 231 000 euros par an. Le recrutement de TOS pour faire fonctionner les nouveaux établissements construits est une autre spécificité de La Réunion par rapport aux collectivités locales métropolitaines. Une spécificité qui nécessite une lutte continuelle pour être prise en compte dans le cadre de la décentralisation. En effet, eu égard aux spécificités réunionnaises, notamment la démographie, les transferts de fonds sont loin de correspondre aux transferts de charges vers les collectivités réunionnaises.

Quelques chiffres

105.000 heures de travail crées rien que pour le gros-œuvre

D’un montant de 40 millions d’euros, les travaux du lycée de Saint-Paul IV ont fait sortir de terre 14 bâtiments. Le gros-œuvre a fait vivre un chantier employant en permanence près de 200 ouvriers. Ces derniers ont coulé 12.000 mètres cubes de béton, monté 570 tonnes d’acier pendant un ouvrage dont la durée est estimée à 105.000 heures de travail.