Casse du tram-train : la marque du sectarisme

15 octobre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Des élus de tout bord avaient assisté à la signature des premiers accords de Matignon. Leur démolition a été l’œuvre d’un clan

“Sectarisme (nm) : attitude intransigeante de partisans intolérants d’une opinion, d’un parti”. On ne pourrait trouver de meilleure définition que cette entrée du dictionnaire “Larousse” pour qualifier l’ambiance idéologique dans laquelle les « nouveaux accords de Matignon » ont été signés hier à Paris, entre d’une part Didier Robert et d’autre part le tandem Fillon-Hortefeux.

Route en papier

À la suite de « renégociations » qui sont avant tout une amputation, la portée des nouveaux accords demeure brouillée par la « com’ ». Une chose, malheureusement, est certaine : alors que l’original conclu en 2007 prévoyait 3 milliards pour un tram-train et une route du Littoral, le document paraphé hier à Matignon ne comprend plus qu’une route. Et encore s’agit-il d’une route de papier, qu’on n’est pas près de voir fendre les flots du fait de la longueur des études — que Didier Robert fait mine d’ignorer — et des contraintes du Grenelle de l’Environnement — rappelées par François Fillon.
De sérieux doutes planent sur la faisabilité du projet, et plus personne ne croit que les « 2.000 bus » annoncés « en site propre, dans chaque ville, chaque écart, chaque village » produiront autre chose que de la pollution et des embouteillages supplémentaires. Au-delà de ce contenu réduit, on reste frappé par la différence d’approche entre la nouvelle équipe et l’ancienne vis-à-vis de la conclusion des accords.

Le clan contre la population réunionnaise

En 2007, la signature du Protocole de Matignon s’inscrivait dans une démarche d’intérêt collectif, résolument au-delà des clivages politiques. La cérémonie avait réuni, outre Paul Vergès, des représentants de tous bords politiques, dont Alain Bénard — l’adversaire de la veille — et Jean-Louis Lagourgue, UMP. De la signature d’hier se dégage plutôt un aspect clanique. Entre Fillon, Hortefeux, Couapel-Sauret, les CV politiques sont passablement similaires. Le premier s’est récemment donné pour mission de démolir les retraites. Le second remplit des charters au nom de ce qu’il croit être « l’identité nationale ». La troisième est une ex-élue UMP de Béziers, étiquettée « droite dure », au parcours assez peu identifié, dont on n’a jamais identifié clairement les intentions, les moyens d’existence, ni les compétences et la profession exacte. C’est ainsi une écrasante majorité de droite « ultra » qui a ainsi échangé des signatures, avant de s’autocongratuler pour avoir fait dérailler un chemin de fer.

Geoffroy Géraud-Legros

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