Les préconisations d’un rapport de l’O.C.D.E.

Casser les droits : obsession de la pensée unique

3 mars 2005

Dans un article publié hier, “l’Humanité” détaille quelques mesures proposées par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Nul doute que les partisans de davantage de libéralisme y trouveront de l’inspiration. En effet, d’après l’OCDE, le “marché” du travail est trop rigide, il faut casser davantage les droits sociaux qui “faussent la concurrence” sur le marché. Nous reproduisons ci-après cet article avec des inter-titres de “Témoignages”. Il illustre à sa manière ce que contient le projet de Constitution européenne.

(page 16)

L’OCDE veut épingler la France. Si l’on en croit son rapport publié ce mardi, et intitulé “Réformes économiques : objectif croissance”, la France serait le mauvais élève de la classe.
D’abord une généralité : le taux de chômage particulièrement élevé serait induit par un marché du travail beaucoup trop rigide. Jusque-là, pas de surpris : l’OCDE ressort régulièrement de ses cartons, cycle après cycle, ses bons vieux poncifs.
Ensuite, un constat : le taux d’emploi (c’est-à-dire la proportion d’actifs occupés dans la population) des jeunes et des travailleurs âgés y seraient trop faibles comparés à la moyenne des pays de l’OCDE.

Nouvelle charge

Serait-ce une pique contre les grandes entreprises, qui embauchent de plus en plus les jeunes sur la base de contrats précaires, les incitant ainsi à retarder leur entrée sur le marché du travail ? Est-ce encore une critique portée aux groupes qui jettent hors de l’emploi les travailleurs âgés pour ajuster leur main-d’oeuvre à la conjoncture ?
Au contraire, l’OCDE sonne là une énième charge contre les salaires et l’emploi. Jean-Philippe Cotis, économiste en chef de l’OCDE, lance une charge contre le coût trop élevé du travail peu qualifié. "C’est l’un des principaux problèmes en France", dit-il.
Il oublie que les cotisations sociales patronales n’existent quasiment plus au niveau du SMIC. Les contrats jeunes-entreprises, instaurés durant l’été 2002 par le gouvernement Raffarin, consistent justement, pour l’État, à supporter tout ou partie du salaire des jeunes embauchés et peu qualifiés.

Faciliter le chômage

Prétendre tirer la croissance par une libéralisation accrue du marché du travail contredit la réalité d’un taux de chômage à 10% et ne fait qu’enfoncer l’économie dans de graves difficultés. Prenant implicitement appui sur l’exemple du Danemark, Jean-Philippe Cotis juge le marché du travail hexagonal "pas assez flexible". Il faut "assouplir la législation sur la protection de l’emploi", juge-t-il doctement.
Les économistes de l’OCDE demandent à la France de s’inspirer du modèle nordique, très en vogue actuellement. La "flexsécurité" serait un mélange subtil entre une "flexibilité" garantie à l’entreprise dans la gestion de sa main-d’œuvre, en contrepartie de laquelle une "sécurité" serait accordée aux licenciés économiques. Une espèce de donnant-donnant cher au consensus social pratiqué dans la presqu’île de la Baltique.
La réalité du royaume danois est qu’"un quart de la population active passe chaque année par le système d’indemnisation du chômage après qu’a été très assouplie la réglementation sur les licenciements économiques", souligne l’économiste communiste Yves Dimicoli. "C’est dans ce sens que cherche à avancer en pratique la loi dite de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo", poursuit-il.
Le but de ces politiques est de faciliter "les licenciements et de faire accepter, par les privés d’emploi et les jeunes, des postes dont nul ne veut plus car ils sont trop mal payés, avec des conditions de travail d’un autre siècle et sans possibilité réelle de promotion (notamment dans le bâtiment, l’hôtellerie, la restauration...)", conclut Yves Dimicoli, relativisant ainsi fortement le modèle danois tant vanté. Il y a quelques années, les Pays-Bas étaient pris eux aussi pour modèle par les libéraux, avant d’exploser en vol avec un quasi-doublement du taux de chômage.

Attaque contre le SMIC

L’OCDE s’en prend une fois de plus au "salaire minimum, beaucoup trop élevé, qui renchérit le coût du travail peu qualifié", pour rassurer les marchés financiers. "La compétitivité de la France par rapport au coût global du travail est plutôt bonne", est-elle obligée d’admettre, sachant que la France est l’un des pays de l’OCDE où le coût du travail, pris dans sa globalité, est l’un des plus faibles parmi les grandes économies (il y est plus faible que, par exemple, aux États-Unis, à l’Allemagne ou encore aux Pays-Bas).
Jean-Philippe Cotis ne peut néanmoins s’empêcher de recommander à la France de stopper les mécanismes de départs à la retraite anticipés, qui, selon l’économiste, "affaiblissent le taux d’emploi des travailleurs âgés", oubliant de préciser que les grandes entreprises ont utilisé très largement ce genre de dispositif pour affaiblir leur masse salariale.

(Source : "l’Humanité")


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