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Entretien avec le secrétaire général du SGEN-CFDT
17 novembre 2005
Jean-Luc Villeneuve, secrétaire général du SGEN-CFDT, est en visite dans notre île pour une semaine. Il a bien voulu répondre à nos questions, nous faire partager sa vision du transfert des TOS, de la politique éducative française ou encore de l’apprentissage à 14 ans.
Le préfet et le recteur de La Réunion ont annoncé mardi que le transfert des TOS dans notre département serait effectif au 1er janvier 2006, comme le notifie la loi. Qu’est-ce que ce passage en force vous inspire ?
- J’étais présent à Rouen en mars 2003 lorsque Raffarin, pour clôturer son grand discours sur la décentralisation, a brutalement annoncé le transfert des TOS aux collectivités. Cette annonce est tombée comme un coup de massue. Si cette mesure ne sert pas à améliorer le fonctionnement du système éducatif, des établissements scolaires, il semble logique que nous nous y soyons opposés dès le début. Mais nous avons très vite compris que c’était une mesure financière permettant à l’État de se décharger des 90.000 TOS sur l’ensemble du territoire. Ici, ce transfert va être très dur à vivre. Les nombreuses actions de protestation, visant à dénoncer les conséquences de ce transfert, n’ont rien changé. Avec ce gouvernement, il est difficile de gagner gain de cause, c’est plutôt : cause toujours, tu m’intéresses !
o Dégradation des bâtis scolaires à La Réunion
Comment réagissez-vous, en tant qu’enseignant, à ce transfert ?
- Il représente une situation aggravante. Il va engendrer des dysfonctionnements très difficiles à gérer. Ces personnels qui ont toujours travaillé dans les établissements scolaires vont désormais être confrontés à des hiérarchies multiples (chefs d’établissements et collectivités). Depuis 3-4 ans, on constate une dégradation considérable des services publics, dont celui de l’Éducation nationale. On ne peut pas déstabiliser les personnels TOS, ne pas pourvoir aux créations de postes d’enseignants, ignorer la dégradation des conditions de travail des enseignants, supprimer les emplois jeunes et aides éducateurs, sans en mesurer les conséquences.
Quelles préoccupations les instituteurs réunionnais ont exprimées hier en réunion publique ?
- Beaucoup ont fait part de la dégradation de leurs conditions de travail. Ce qui est revenu très souvent, et qui n’existe pas en métropole, c’est le problème des bâtis scolaires qui remet en cause la sécurité des enfants. Ces conditions matérielles sont malheureusement spécifiques à La Réunion et ne sont pas prises en compte malgré les rapports des commissions de contrôle. Comme en métropole, l’augmentation des effectifs par classe devient également très dur à gérer pour certains collègues dans le primaire, mais aussi le second degré, avec des classes de seconde à 35 élèves. Avec la suppression de 20.000 postes d’enseignants, des aides éducateurs, qui assuraient des missions essentielles, des surveillants, on ne peut pas avancer sans générer une situation difficile pour les enseignants et les enfants, sachant qu’il nous appartient de mener tous les jeunes à la réussite scolaire. Aujourd’hui, 60.000 d’entre eux sortent de l’école sans qualification.
o Apprentissage à 14 ans : "scandaleux"
Pour rebondir sur ce constat, que pensez-vous de la proposition du Premier ministre de reculer l’âge d’entrée des jeunes en apprentissage de 16 à 14 ans ?
- C’est scandaleux pour plein de raisons. D’une part, c’est considérer que les jeunes ne sont pas aptes à aller à l’école et doivent donc se tourner vers un travail manuel. On dévalorise ainsi le jeune et l’apprentissage. Il est important que tous les jeunes aillent jusqu’à la fin de la 3ème pour acquérir un socle commun de connaissances et puisse apprendre, plus que jamais, le vivre-ensemble. Est-ce qu’à 14 ans un gamin sait déjà ce qu’il veut faire professionnellement ? Alors qu’aujourd’hui, on n’exerce plus un travail pour la vie, que les salariés doivent être flexibles, capables de se reconvertir, on ne peut s’adapter à ces exigences que si l’on possède des connaissances fondamentales. La formation tout au long de la vie n’a d’ailleurs du sens que si l’on a un minimum de bagage scolaire. Si l’on regarde le modèle allemand qui a toujours formé ses travailleurs par l’apprentissage, on se rend compte aujourd’hui que c’est un échec, que ces personnes ne peuvent plus s’adapter aux mutations professionnelles. Il y a un autre point, et c’est peut-être le plus dur, le plus triste. Puisse que cette mesure vise au départ les jeunes des banlieues : Quelle entreprise va prendre un gamin des quartiers de 14 ans aux difficultés multiples ? Ça n’a pas de sens ! Alors que la fin de l’apprentissage à 14 ans a été abrogée en 1959, il va falloir faire une loi spécifique au Parlement pour contourner l’obligation scolaire. C’est une régression considérable.
o L’École "priorité des priorités"
Est-ce que cette proposition traduit en fait l’échec de l’École, l’absence de politique éducative ?
- L’École n’est pas responsable des problèmes liés à l’urbanisme, au chômage, en revanche elle a une responsabilité forte pour contribuer à intégrer les jeunes du pays grâce à la transmission de connaissances mais aussi de la citoyenneté. Certainement qu’elle a des carences, mais elle doit être une priorité de société, c’est l’avenir du pays, un avenir qui doit avoir les moyens de fonctionner. Le gouvernement dit que créer des postes coûte cher, mais pour les jeunes issus des quartiers difficiles, dont les parents sont au chômage, l’École reste leur seul repère. La semaine dernière, les responsables syndicaux CFDT des banlieues parisiennes se sont réunis pour voir comment se vivait la crise dans les classes. Il faut voir le traumatisme des familles, la plupart sont déboussolées. Si le gouvernement en rajoute encore en menaçant de supprimer les aides sociales aux parents que Chirac stigmatise comme étant des incompétents, il faudrait mieux leur donner du travail. Souvent les populations les plus modestes croient en l’École, incitent leurs enfants à suivre leurs études. Lorsque les maternelles ont brûlé, on a vu dans les médias les images des instituteurs le matin en pleurs devant les écoles. L’après-midi, les parents de toutes origines sont venus les déblayer, les nettoyer. C’est ça qu’il faut montrer.
Vous parlez à juste titre d’un déficit de moyens pour l’École, mais que vous inspire la suppression des enseignants mis à disposition des associations éducatives complémentaires par l’Éducation nationale ?
- C’est très grave, scandaleux de supprimer les aides aux associations quand on voit en France l’énorme travail abattu par le tissu associatif qui répond aux carences de l’État. J’en reviens aux quartiers, aux volontaires, bénévoles de ces associations qui aident au soutien scolaire, sans compter, pour l’avenir des jeunes. Ils ne sont jamais valorisés. Le gouvernement remet là en cause clairement la gratuité de l’École, sa mission d’éducation pour tous. Cela se voit au niveau des maternelles, avec depuis 3, ans, 10% des enfants de 2-3 ans qui sont refoulés.
Et la loi Fillon dans tout ça ? Quand va-t-elle s’annoncer ?
- La loi Fillon est un non-événement, du vent. Plus d’un an de débats pour accoucher d’une souris, c’est complètement affligeant. Les seules mesures significatives sont des régressions, comme la suppression des TPE qui faisaient l’unanimité auprès des élèves et des enseignants.
Il faut encore discuter sur le contenu du socle commun, son application ne commencera pas avant la rentrée 2006.
Pour terminer, que peut l’École, l’éducation pour répondre à la crise sociale, économique actuelle ?
- Il faudrait déjà que le gouvernement déclare l’École priorité des priorités. Si l’on ne peut pas tout faire d’un coup, il faudrait au moins, en compagnie des partenaires sociaux, agir d’abord au niveau des ZEP, des REP, de l’enseignement spécifique, là ou l’on retrouve la misère sociale et pour cela, il faut commencer par revoir clairement les budgets.
Entretien réalisé par Estéfani
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