
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Demain, le 60e anniversaire de la répression de la manifestation des Algériens à Paris
16 octobre 2021, par
Ce 17 octobre marquera le 60e anniversaire de la répression de la manifestation des Algériens à Paris qui fit plusieurs centaines de victimes. Cet événement tragique eut d’importantes répercussions à La Réunion. Condamné à de la prison ferme parce que Témoignages avait rapporté ces faits aux Réunionnais, Paul Vergès, alors directeur de Témoignages, entra en clandestinité. Loin de briser le PCR, cette condamnation et la clandestinité de son secrétaire général renforça le lien entre les Réunionnais et leur Parti communiste.
Le 17 octobre 1961, en pleine Guerre d’Algérie, des travailleurs algériens en France organisèrent une manifestation. La répression fit plusieurs centaines de victimes dont de nombreuses furent jetées dans la Seine par leurs assassins. Cette répression fit scandale en France. Il fallut attendre de nombreuses années pour que l’État reconnaisse sa responsabilité.
Les journaux parisiens publièrent des articles à ce sujet sans faire l’objet de condamnation. Des milliers de témoins avaient en effet constaté l’ampleur des actes de barbarie perpétrés par le bras armé de l’État.
Paul Vergès était alors directeur de « Témoignages ». Son journal prit l’initiative de reproduire des articles du « Monde » et de « l’Humanité » relatant la répression de la manifestation du 17 octobre 1961. Il fut alors poursuivi pour délit de presse et condamné en 1964 à 3 mois de prison ferme. La différence de traitement entre le directeur de « Témoignages » et ses homologues des journaux parisiens rappelait la persistance à La Réunion d’un régime colonial malgré l’abolition de ce statut près de 20 ans auparavant.
La condamnation à de la prison ferme pour délit de presse était en effet une des armes favorites du colonialisme français qui voulaient faire taire l’expression démocratique. Avant-guerre à Madagascar, le Réunionnais Paul Dussac, secrétaire général du Parti communiste de la Région de Madagascar de sa fondation en 1936 à sa disparition en 1938, passa la moitié des 8 dernières années de sa vie dans les geôles de la justice coloniale suite à des condamnations pour délit de presse quand il était le directeur politique des différents journaux des communistes malgaches.
Le motif invoqué pour condamner Paul Vergès était le suivant : ce qu’écrivait « Témoignages » était faux et les Réunionnais étaient trop loin de Paris pour se rendre compte des mensonges du journal des communistes. Chacun peut juger de l’absurdité d’un tel motif, signe de l’arbitraire du colonialisme français.
Cette condamnation eut lieu dans un contexte. Aux élections législatives de 1956 qui se déroulaient en un seul tour, la liste de la Fédération communiste de La Réunion avait obtenu la majorité absolue et deux sièges de députés sur trois. Paul Vergès et Raymond Mondon devenaient députés de La Réunion. Cette victoire marquait la prise de conscience de la population de l’échec de la départementalisation. En effet, 10 ans après le vote de la loi d’égalité du 19 mars 1946, La Réunion était encore un des pays les plus pauvres du monde, où la ration alimentaire journalière était inférieure à toutes celles des autres colonies françaises, ou de la Corée qui venait de voir toutes ses grandes villes et ses infrastructures détruites par les bombardiers américains.
Paris a alors décidé d’envoyer un nouveau préfet, Jean Perreau-Pradier, avec comme mission de détruire les communistes par tous les moyens. La corruption et la fraude électorale furent alors mises en œuvre pour chasser les communistes des institutions. La première opération du genre fut la dissolution de la municipalité de Saint-André juste après le décès de son maire, Raymond Vergès, en 1957. C’est dans ce contexte de coup d’État permanent que fut créé le Parti communiste réunionnais en 1959. Le refus de Paris de respecter le suffrage universel à La Réunion montrait bien qu’il revenait aux Réunionnais de prendre leurs responsabilités pour arracher le droit de vivre dignement et librement dans leur pays. Au moment de la condamnation de Paul Vergès, Paris avait déjà atteint un objectif : les communistes n’avaient plus aucun élu.
Condamné à trois mois de prison ferme pour délit de presse, Paul Vergès échappe à une arrestation le 16 mars 1964. Il refuse de se rendre et décide d’entrer en clandestinité. Il s’en explique dans une lettre au Procureur de la République publiée le 19 mars 1964 dans notre journal et dont voici l’extrait le plus révélateur : « Je ne puis accepter d’accomplir ma peine tant que les fraudeurs inculpés à la suite de mes plaintes ne seront pas eux aussi jugés ».
Loin d’abattre le PCR, la condamnation et la clandestinité de son secrétaire général constitua un événement fondateur, permettant de créer le lien indissociable existant entre le peuple réunionnais et son parti communiste. Un lien qui persiste comme l’ont souligné les obsèques nationales de Paul Vergès en 2016, ainsi que les multiples tentatives de candidats à des élections qui reprennent des thèses du PCR dans l’espoir d’obtenir un poste.
Le pouvoir commis l’erreur de croire que sans élu, le PCR n’avait plus d’influence. Cela fut démenti par les faits. Sans un soutien allant au-delà des communistes réunionnais, Paul Vergès n’aurait pu tenir tête pendant deux ans aux forces de répression qui l’avait déclaré « ennemi public numéro un ». Et c’est de sa propre volonté que Paul Vergès décida de se rendre librement dans le bureau du Procureur de la République qui fut fort surpris de cette visite inattendue. Jeté dans la prison de la rue Juliette Dodu en attendant d’être transféré en France, Paul Vergès entama une grève de la faim pour protester contre le projet de le faire voyager à fond de cale par bateau. Il obtint d’être transféré par avion. Le jour de son départ fut une des plus grandes manifestations jamais organisées à La Réunion. Des dizaines de milliers de Réunionnais se rendirent à l’aéroport et entrèrent de force sur la piste pour saluer leur dirigeant qui s’envolait à bord du Constellation. Le lien entre le PCR et les Réunionnais était scellé, et il avait pour origine la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 et ses répercussions à La Réunion.
M.M.
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