Les artistes et l’élection présidentielle

Comment sortir de la précarité ?

28 avril 2007

La Fédération des réseaux et associations d’artistes plasticiens (FRAAP) a fait parvenir le 9 février dernier un courrier aux candidats à la Présidentielle, relevant les difficultés rencontrées par les artistes plasticiens. Les deux candidats encore en lice ont tous deux répondu et étalé leur proposition.

Cinq candidats ont répondu à la FRAAP : François Bayrou, Olivier Besancenot, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et Dominique Voynet. Mais intéressons-nous principalement aux deux derniers candidats sélectionnés pour le second tour. En premier lieu, il est notable que les deux candidats ne pouvaient s’abstenir de répondre. Les artistes votent. Et M. Sarkozy, comme Mme Royal, n’ont pas manqué de partager l’inquiétude de la FRAAP, et notamment son analyse de la situation des plasticiens français, souvent délaissés par l’Etat.
L’affaiblissement de l’action de l’Etat est mûrement ressenti. On pointe bien volontiers du doigt le ministère de la Culture. Selon Ségolène Royal, « la politique culturelle de notre pays doit être profondément revisitée et relancée. Dans le domaine des arts plastiques, l’Etat a su mettre en place, dans les années 80, une action globale et cohérente, avec des moyens financiers accrus et des initiatives nouvelles telles que les FRAC, les centres d’art contemporain, la commande publique, l’ouverture à des disciplines nouvelles (photo, design, bande dessinée)... Il faut s’en inspirer pour faire à présent un état des lieux exhaustif, prendre en compte les avancées réalisées comme les difficultés enregistrées et définir de nouvelles orientations ».
Nicolas Sarkozy propose une intervention en trois axes prioritaires : « l’entretien et la mise en valeur de notre patrimoine, la démocratisation culturelle à travers l’enseignement culturel et artistique, et naturellement, le soutien à la création ».

Artistes abandonnés

Bon nombre d’artistes vivent aujourd’hui dans la précarité, et La Réunion n’est nullement épargnée par ce phénomène. Il faudrait se concerter avec les artistes, principaux concernés, mais aussi les collectivités en charge de la vie culturelle. Que faudrait-il faire pour sortir de l’impasse ? Il faut surtout rapprocher l’art des publics, scolaires, adultes, touristes, etc... peut-être aussi donner une plus large place au secteur associatif des arts plastiques, comme le signale Ségolène Royal, notant par là-même que c’est un « support décisif de soutien à la création, d’élargissement de la diffusion et de proximité avec les publics. Trop d’artistes et d’associations ont aujourd’hui le sentiment d’être abandonnés ou ignorés ».
Nicolas Sarkozy, qui constate que « la culture participe au rayonnement de la France », propose quant à lui de percer dans le milieu scolaire. Et pourquoi pas le mi-temps culturel ? Il souhaiterait mettre davantage à profit le 1,5 milliard d’euros consacrés à l’éducation culturelle et artistique, non en créant davantage de postes, mais « en s’engageant à ce que les moyens affectés et le rythme de créations de postes soient à la hauteur des besoins de chaque établissement scolaire ». En clair, rien de très spectaculaire pour émanciper la création artistique, puisqu’il entend rationaliser les moyens affectés. Mais, dès la rentrée 2008, il propose que les étudiants des Universités et des grandes écoles aient accès à une offre de formation culturelle et artistique, proposition qui vaut aussi pour les étudiants handicapés.
Tout à fait d’accord avec les deux axes de propositions. Encore faut-il savoir impliquer les artistes eux-mêmes, toujours à courir derrière des accréditations, des diplômes. La France connaît-elle au moins ses talents ?

Au-delà des promesses, la réalisation ?

Les artistes pouvaient mieux espérer. Si la gauche a certainement contribué à donner à l’art ses titres de noblesse, notamment après l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, on n’a pu que constater le déclin de l’intervention étatique, même lors du gouvernement Jospin. La droite pourrait en faire ses choux gras, mais ne devrait pas broncher, puisqu’elle a, pendant si longtemps, contraint les artistes à occuper un double emploi pour pouvoir survivre. Il est clair que ce n’est là que de la poudre aux yeux. Espérons que le futur Président ou la future Présidente de la France assure une meilleure vie culturelle au pays de l’expression, des expressions. Sans jouer avec les calculs, sans laisser croire que le financement pour la culture va significativement augmenter, sans faire du racolage malsain, il serait bon que l’on s’entende sur des axes réalisables et respectés au-delà de la simple promesse d’intervention. Les garanties, on connaît.

Babou B’Jalah


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