2009 : Un premier budget écologiste de la Région

Concrétiser la stratégie Autonomie énergétique 2025 pour La Réunion

24 décembre 2008, par Manuel Marchal

Une politique de principe a des conséquences budgétaires. L’an prochain, la fiscalité régionale passe au vert. L’objectif est de taxer les pollueurs pour permettre la prise de conscience et la recherche de solutions alternatives.
Sur ce dernier point, la Région s’appuie sur une stratégie visant à ce que la plus grande partie du parc automobile soit des voitures électriques, alimentées par les centrales photovoltaïques qui seront construites non seulement le long de la route des Tamarins, mais aussi sur les principaux axes routiers existants.

Hier en conférence de presse, Paul Vergès a présenté les orientations budgétaires pour 2009. Pour la première fois, une collectivité réunionnaise votera un budget écologiste.
« Un problème domine les autres, c’est celui du changement climatique », cela conduit la Région à décliner dans ses orientations budgétaires pour 2009 une volonté politique : atteindre l’autonomie énergétique dès 2025.
Cela signifie aller vers un pays capable de se développer sans émettre de gaz à effet de serre, et donc sans importer de carburant ou de charbon.
Effectuée en novembre 2008, une étude identifie les principaux responsables d’émission de gaz à effet de serre. La production d’électricité arrive en tête avec 48%, devançant les transports routiers avec 32%. 80% des émissions sont donc dues aux centrales thermiques, et à l’automobile.
Pour abaisser la pollution provoquée par les transports, le premier moyen est la mise en service du tram-train. Ce nouveau mode de déplacement fonctionnera en effet à l’électricité. L’autre levier est la migration du parc automobile vers des véhicules à moteur électrique. Paul Vergès explique quelle est la stratégie proposée pour opérer ce changement important.

Produire 150 mégawatts sur la route des Tamarins

Pour produire l’énergie nécessaire aux transports intérieurs, la Région lance un appel à projet pour que le long de la route des Tamarins soient implantées des fermes photovoltaïques. Le potentiel identifié est une production de 150 mégawatts, soit plus du quart de la capacité actuelle de production d’électricité à La Réunion.
Paul Vergès cite également un second projet : la couverture du rond-point du Sacré-Cœur au Port par une ferme photovoltaïque. A terme, l’objectif est que la quatre-voies entre Saint-Benoît et Saint-Pierre dispose de nombreuses centrales photovoltaïques, afin que cet axe de déplacement devienne aussi un axe de production d’électricité à partir du soleil. Et d’ici 2025, la Région ambitionne que l’essentiel du parc automobile soit alimenté par l’électricité produite le long de ces routes.

Libérer le pays d’un poids économique

L’autre axe de cette autonomie énergétique est le remplacement des centrales thermiques par le développement des énergies renouvelables, notamment des fermes photovoltaïques et de l’énergie de la mer. Sur ce dernier point, le président de la Région cite quelques exemples du potentiel dont dispose notre île avec la houle à Saint-Pierre, l’utilisation de la différence de température entre les fonds marins et l’eau de surface, ainsi que l’exploitation du courant marin existant autour de La Réunion. Des études sont lancées à Saint-Paul pour localiser un courant suffisamment permanent et puissant. Cela serait « une solution décisive pour l’indépendance énergétique de La Réunion », indique Paul Vergès. Et à ce potentiel s’ajoute la géothermie. En étant fidèle aux objectifs du Protocole de Kyoto, en insistant sur les énergies renouvelables, alors la question de l’énergie redevient un problème qui peut se régler à l’intérieur d’un pays, dit en substance Paul Vergès.
« Si nous réussissons notre pari et supprimons l’importation de carburants et de houille, nous aurons supprimé un facteur lourd qui pèse sur toute l’économie de La Réunion ».

Manuel Marchal


Une fiscalité au service du développement durable

Les véhicules les plus puissants, et donc les plus polluants, sans aucune utilité dans une île comme La Réunion, verront leur taux d’octroi de mer augmenter. Les voitures hybrides connaîtront un allègement de leur fiscalité. Les véhicules électriques seront quant à eux totalement exonérés d’octroi de mer.
Quant au charbon et au fuel des centrales thermiques, responsables à eux seuls de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre, ils seront assujettis à l’octroi de mer : 13% pour le charbon, 6,5% pour le fuel.
C’est ce que la Région appelle un "Octroi de mer vert".
En plus de l’octroi de mer s’applique la TVA. Cette fiscalité est de la compétence de l’Etat.
Il est à noter que cette décision ne diminuera pas le pouvoir d’achat de la très grande majorité de la population.

Produit Ancien taux Nouveau taux
Charbon (centrale thermique) 0% 13%
Fuel (centrale thermique) 0% 6,5%
Voitures de +de 2.500 cm3 26% 34%
Véhicule hybride de 13 à 26% 6,5%
Véhicule électrique 6,5% 0%

Pour une voie vélo régionale

Avec le tram-train, la Région compte également promouvoir un autre mode de déplacement non polluant : le vélo. Pour 2009, 650.000 euros sont budgétés pour contribuer à la création d’une piste cyclable régionale en site propre qui fera le tour de l’île. Cet équipement garantira à tous les usagers de pouvoir se déplacer sans risquer de rencontrer une automobile, une motocyclette.
Cette piste sera également ouverte aux usagers de vélos électriques.

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