Philippe Yée Chong Tchi Kan l’avait prévenu dans son allocution de bienvenue à tous les participants à cette Conférence Idéologique Internationale donnée dans le cadre de la célébration des soixante ans du Parti Communiste Réunionnais :`
Le programme élaboré s’annoncera ambitieux, jalonné d’ateliers thématiques et d’interventions afin de favoriser et de pousser les limites des analyses et réflexions afin de susciter l’émergence d’un socle commun traçant des pistes d’actions susceptibles d’ouvrir de nouvelles brèches à cet ennemi principal partagé en commun, à savoir, le capitalisme débridé.

De fait, la première journée de cet événement a été à la hauteur des enjeux.
Après avoir remercié Gilbert Annette, le maire de Saint-Denis qui avait fait à ses hôtes l’amitié de les accueillir en personne accompagné de Philippe Naillet, secrétaire de la Fédération du Parti socialiste, et une allocution de bienvenue à toutes les délégations, Philippe Yée Chong Tchi Kan a donné le coup d’envoi de la Conférence, ouverte par le secrétaire-général du PCR, Yvan Dejean.

Mettant en exergue, « les responsabilités du capitalisme éhonté et effréné qui a conduit l’humanité à sa perte », le dirigeant communiste a appelé à une réflexion élevée afin de tracer les pistes d’un « système vertueux plaçant l’humain au centre de toutes les revendications et reposant sur une politique de développement globale, solidaire, et durable » . Un nouveau projet de société en somme marquée du sceau de la coopération avec les aspirations des pays-frères et des peuples comme allait le souligner, Élie Hoarau, le président du PCR.

Son allocution improvisée a ravivé en mémoire la conviction réaffirmée lors de la célébration des obsèques du fondateur du PCR, à savoir : la l’importance et la nécessité du combat à poursuivre se ramène à cet enjeu : rester fidèle à l’esprit du PCR, première organisation à avoir suscité l’émergence d’une fierté et d’une conscience réunionnaise. A ce titre, a-t-il poursuivi en direction des délégations présentes, « votre présence nous honore et nous encourage dans notre combat », avant de revisiter l’histoire ayant présidé à la création du PCR marquant un tournant dans l’Histoire de La Réunion, en accord avec le PCF afin de mettre fin au régime colonial.

800 millions de personnes souffrent de la faim

Avant d’en tirer cet enseignement : sur les 370 ans de son existence, la particularité de notre peuple, c’est d’avoir été placé sous le joug de régimes asservissants tels que l’esclavage, l’engagisme, le colonialisme suivi des crises aussi bien structurels que conjoncturels. Un passé dont notre société portait lourdement encore les séquelles telles que le complexe d’infériorité, de la goyave de France, du rejet de nos frères de la zone quand elle n’emprunte pas le masque blanc, allié à la peau noire !
D’où ce sursaut populaire sur la prise de conscience en 1959, lors de la création du PCR, que « non, vous n’êtes pas rien du tout Vous êtes un peuple et vous devez en être fiers », a poursuivi Élie Hoarau en soulignant que le documentaire « Sucre Amer » sorti en 1963 et censuré par le pouvoir a contribué activement à cette prise à l’émergence de cette conscience réunionnaise. Une étape salutaire et fondamentale ayant été le point de départ de nouvelles et d’âpres luttes pour le respect de la dignité et des droits des Réunionnais. « Le PCR s’est battu sur tous les fronts pour la liberté et le respect de notre identité et nombreux de ses dirigeants et militants en ont payé un lourd tribut », a poursuivi Élie Hoarau, en rendant hommage à nos « onze martyrs réunionnais », morts pour la Cause. « Ensuite, de nouveaux champs de batailles se sont ouverts », a-t-il poursuivi en référence aux luttes menées en solidarité aux côtés du PCF, avec les peuples colonisés. « Notre Parti a soutenu toutes les grandes causes du monde, tous les mouvements de libération nationale » en dépit des représailles subies par l’organisation, et le journal « Témoignages », le porte - voix des sans-voix, la défense des sans-défense.
Et à cette voix réunionnaise que le PCR a permis en tout temps, à notre île de constituer, il nous appartient de continuer à demeurer des lanceurs d’alerte, notamment sur la question du réchauffement climatique, sur laquelle le PCR a été pionnier, a poursuivi en substance Élie Hoarau :
« Huit cents millions d’êtres humains souffrent de faim alors que la terre peut nourrir tout le monde. Cette situation est intolérable ; Nous devons et pouvons apporter, chacun, notre part du colibri. C’est la diversité des peuples qui féconde l’Humanité. Ensemble, agissons pour féconder une Humanité heureuse ». Une conclusion du président du PCR, fidèle aux orientations prises par son parti dès sa création et réaffirmée par lui lors des obsèques de Paul Vergès : poursuivre le combat pour l’avènement d’une ère nouvelle marquée sous les sceaux de l’Union, de la Fraternité, en solidarité avec tous les peuples en résistance avec toutes oppressions et injures aux droits et à la dignité humaine.

Voix des îles

Une résolution approuvée par Ary Yée Chong Tchi Kan qui a rappelé toutes contributions du PCR allant dans ce sens dont la dernière en date : la création du Forum des Îles de l’Océan Indien sous l’égide de l’Association REAGIES présidée par Simone Yée Chong Tchi Kan : « Un forum qui vient de combler un vide quarante ans en matière bon voisinage et de solidarité avec nos îles sœurs »

La parole a ensuite été donnée à Eric Rakotomonga, président de l’AKFM et représentant de la délégation malgache. Dans son allocution, ce dernier a rappelé la longue histoire en termes de solidarité liant notre île à Madagascar suite notamment aux événements de 1947, la répression coloniale ayant fait 100.000 morts.

Pour sa part, Bakar Hamdani, membre de Badili et représentant des Comores, a estimé que si les choses doivent changer, il faut que l’archipel « composé de quatre îles marche autrement ». « Nous partageons un espace qui ne doit pas être considéré comme séparé bien au contraire uni par l’Océan Indien qui est un vecteur de rapprochement entre nos îles.

Intervenant au nom du Mouvement pour la Paix, Julie Pontalba a rappelé les actions menées depuis la création de la structure et, notamment, en faveur de la cause chagossienne.

Julia Morin, secrétaire de Preserve Seychelles, a rappelé la mobilisation de son peuple pour préserver cet archipel dont la souveraineté est menacée par une base militaire indienne. Or, a-t-elle poursuivi, « l’Océan Indien doit rester une zone de paix ».

Olivier Bancoult, du Groupe réfugiés Chagos, « le dernier intervenant dans cette lignée pour le bon voisinage » selon les termes de Ary Yée Chong Tchi Kan a adressé ses remerciements aux Réunionnais aux côtés du PCR, du Comité de Solidarité Chagos La Réunion, du Mouvement pour la Paix, entre autres pour son combat visant le respect du droit des Chagossiens à un retour à la terre natale, objectif dont le prélude aura lieu au début de l’année prochaine.

Cet atelier politique a constitué le coup d’envoi de la Conférence Idéologique Internationale organisée dans le cadre de la célébration du PCR avec, en résonance, à travers les diverses interventions de toutes les délégations de la réaffirmation d’une revendication centrale :
« Nous lé pas plis, Nous le pas Mwin : RESPEKT A NOUS » !

M.S.