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Confusion entre croyances religieuses et action politique

18 mai 2007

Dans la période récente, plusieurs prises de position de la hiérarchie vaticane ont affiché une régression dans les idées politiques, de nature à interpeller - pour le moins - non seulement les pratiquants, mais tous ceux qui ont des raisons de s’inquiéter de la collusion régressive des pouvoirs religieux et politiques en Europe.

Mgr Angelo Amato, un prélat du Vatican en charge de la doctrine catholique, a assimilé l’avortement, le mariage homosexuel ou encore l’euthanasie à « du terrorisme à visage humain ». C’était le 23 avril dernier. Venant du secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, une telle déclaration ne peut être considérée comme un “dérapage”. Cette congrégation a été présidée pendant 24 ans par le cardinal Joseph Ratzinger, l’actuel Pape Benoît XVI.
Le deuxième exemple de régression nous vient de Pologne, dont un député dissident du PiS (il a adhéré à “la Droite de la République”) vient d’introduire une proposition de loi pénale « pour empêcher que les femmes, par leur habillement, se livrent à la séduction sexuelle ». Le nouveau parti se revendique de tendance conservatrice et chrétienne. Si ce projet est adopté, une femme portant une jupe ou une robe au-dessus des genoux pourra être arrêtée par la police polonaise des mœurs comme en Iran par les femmes de la “brigade des mœurs”. Il est écrasant de constater que la dérive pathologique de la misogynie dans le christianisme est entrée en compétition avec celle de l’islam le plus rétrograde.
Enfin, un troisième indice nous vient du dossier de la béatification du Pape Pie XII, qui a franchi une nouvelle étape - en dépit de la controverse publique soulevée autour du silence de Pie XII sur le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale - lors d’une réunion qui s’est tenue mercredi dernier à la Congrégation de la cause des saints. Benoît XVI, d’origine allemande, a déclaré en mars que Pie XII a « défendu le peuple allemand dans la grande catastrophe qu’a représenté la guerre », ce qui n’est pas de nature à faire taire les polémiques.
Tout ceci démontre sans ambiguïté que la hiérarchie catholique a plus pour souci de guerroyer pour l’Ordre moral que d’apporter du réconfort aux plus pauvres. La récente visite de Benoît XVI au Brésil en a donné une démonstration affligeante.
Quelqu’un a-t-il entendu les catholiques de La Réunion s’émouvoir de dérives aussi rétrogrades ? Et que pensent de ces prises de position les autres membres du Groupe de dialogue interreligieux, assez prompts d’habitude à reconnaître le leadership de l’Eglise catholique ? En arrière toute, tout le monde ?
L’exemple polonais en particulier vient rappeler - à l’heure où nous allons élire nos députés - le danger que peut représenter toute confusion entre les croyances religieuses et l’action politique.

P. David



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