Congrès 2005 : pas qu’une affaire socialo-socialiste !

19 août 2005

Ça n’est pas trop de le dire ! J’ai beau essayer, mais rien y fait, je n’arrive toujours pas penser politique sans faire référence, à un moment ou à un autre, au texte du projet de Constitution européenne : les deux positions de la gauche, notamment socialiste, dessinant deux manières de faire société tellement différentes qu’il m’est définitivement apparu entre les deux camps une faille et ...deux continents ! Au demeurant, les capteurs l’annonçaient déjà clairement en mai 2003 (Congrès de Dijon), il suffit de relire, ne serait-ce que les positions sur la construction européenne, de “Nouveau monde” (Emmanuelli, Mélenchon, Vidalies) et de “Nouveau Parti Socialiste” (Peillon, Montebourg).

Que les socialistes, version Strauss-Khan, Hollande, Lang, etc., c’est-à-dire apôtres de "la concurrence libre et non faussée" y aient trouvé matière à démocratie et à progrès dans la substitution d’une économie capitaliste intermédiée à la française par une économie capitaliste anglo-saxonne, c’était tout de même assez perturbant. Comme si notre expérience au pouvoir, depuis 1981, n’avait servi à rien ! Qu’ils choisissent, en novembre prochain (Congrès du Mans, qualifié par ailleurs congrès de la “clarification” par la direction actuelle !), de rester sur leur continent libéral ou, plus pudiquement son compatible avatar social-libéral, pour quelque raison que ce soit, ils encourent le risque de se faire reproduire en 2007 ce qui s’est passé en avril 2002 : exclure la gauche du duel présidentiel et par la même occasion priver la France de son rôle de nation avant-gardiste de l’indispensable autre mondialisation. A dire vrai, je ne désespère pas de voir la raison ramener les socialistes partisans du oui reconnaître publiquement qu’à l’épuisement du système social-démocrate par son ralliement aux standards sociaux et économiques des néolibéraux, le projet de traité européen ne pouvait, au regard de sa durée et de sa dureté, constituer un horizon politique acceptable par les plus vulnérables. Rappelons tout de même, à toutes fins utiles, cette thèse d’un ancien candidat socialiste à la présidentielle selon laquelle "Le Parti n’aurait pas de légitimité à vouloir autre chose que ce que veut l’opinion".

Les socialistes réunionnais, de leur îlot de singularités, semblent observer cette tectonique de plaques en meublant le temps par les indispensables opérations d’intendance (formation, création de la Jeunesse socialiste, analyse de résultats électoraux, création de sections nouvelles, campagne d’adhésion, etc.), peut-être un peu trop au détriment d’une clarification de la ligne identitaire. Clarification indispensable à mon sens pour qui a fait, fait, ou fera le choix de militer au sein de la formation nationale qui se veut être au centre de la construction d’un large rassemblement de toute la gauche pour la reconquête du pouvoir. En clair, d’abord savoir qui nous sommes et où nous voulons aller avant de vouloir y entraîner les autres ! Vaste programme, n’est-ce pas ! C’est d’ailleurs le sens de la demande d’états généraux formulée par J-L Mélenchon en reprenant, parallélisme des formes, la démarche de 1993 après la débâcle des législatives.
L’unité locale retrouvée, l’heure n’est désormais plus à l’affectif, à la satisfaction des ego, aux contributions “cheval de Troie”, ou autres banalisations. L’heure est à la raison, à la lucidité, à la rigueur de pensée, au courage politique. Chacun, individuellement, doit prendre conscience de l’état d’urgence politique du pays, entendre et comprendre le peuple, avant même d’entendre et comprendre ses propres maîtres à penser et/ou es communication ! Chacun, individuellement, doit prendre conscience qu’il nous faut clairement affirmer notre orientation anti-libérale autour d’un projet de transformation sociale (Et, j’y reviendrai !) à partir de l’unification du bloc sociologique qui s’est retrouvé dans le vote “non” du 29 mai, élargi aux “ouistes” favorables à une rupture avec les politiques actuellement suivies en France et en Europe.

Pour lui donner toutes les chances d’aboutir, ce projet - même dans sa déclinaison spécifiquement réunionnaise - centré sur le combat contre le néo-capitalisme et les libéraux qui l’instillent doit se muer en un véritable programme commun à vocation majoritaire (pas un rassemblement type régionales 1998 ou encore une union type gauche plurielle !). Au demeurant, il commande toute la gauche à l’union, sans pudeurs, sans frilosité, sans exclusive derrière un candidat ayant appelé les français à voter “non” et donc condamne les socialistes, en avant première, à ce que la motion qui arrive en tête, celle qui imprègnera la synthèse, soit celle d’un tel candidat. Le contraire reviendrait à mépriser le peuple, à nier la souveraineté populaire et donc la légitimité de la loi, faisant ainsi et en quelque sorte système avec le néolibéralisme.

C’est aussi pourquoi, localement, nous devons nous inscrire dans ce mouvement en revisitant notre tactique issue du congrès de 2000 (Saint-Pierre). C’est assurément l’exigence politique du moment. Attention, il ne s’agit pas pour une formation comme le PS de se diluer, comme ont peut-être eu tendance à le faire quelques petites formations au sein de l’actuelle Alliance ; il s’agit tout simplement de donner à cette union, dans la lancée des “énergivores” et budgétivores présidentielles et législatives de 2007, un débouché politique local dans le cadre des municipales et cantonales de 2008. Accessoirement, de ne pas laisser des plumes aux premiers tours et/ou ne pas subir la dictature du timing dans des unions ou désistements des seconds tours.

À défaut, dans les circonstances électorales d’aujourd’hui très différentes de 2001/2002 (à commencer par l’ordre des échéances locales / nationales), nous commettrions un pêché d’orgueil qui nuirait aux légitimes volontés d’alternances locales fortement exprimées par le corps électoral dans tous les scrutins de 2004 et 2005.

Enfin et toujours du strict point de vue de la militance, si on peut parfaitement comprendre l’ivresse que pourrait procurer une victoire dionysienne, pour ne citer que celle-là, voire conséquemment la victoire co-latérale du Département (sept des neuf cantons sont en effet renouvelables en 2008 dont six actuellement détenus par la droite !), il ne saurait être moralement acceptable de condamner les “petites” forces, moins bien loties historiquement, logistiquement, médiatiquement, etc., à d’éternels seconds rôles voire aucun rôle... après avoir livré, démunies, de fières batailles du premier tour qui les auront disqualifiées des tours suivants (y compris peut-être des intercommunalités) !

Jean-Hugues Savigny
Signataire des motions de J.-L. Mélenchon et de L. Fabius
(consultables sur www.parti-socialiste.fr)


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