L’Alliance à la direction de la Région

Consolider un large rassemblement des forces vives

2 avril 2004

C’est aujourd’hui au tour des conseillers régionaux - après ceux du Département hier - de pourvoir la présidence de leur assemblée. Pas plus qu’hier au Palais de la Source, il ne devrait y avoir de grande surprise... C’est de la liste de l’Alliance, conduite par Paul Vergès, forte de ses 27 élus sur 45, que devrait sortir la candidature susceptible de réunir le plus de suffrages.

Après un suspense maintenu jusqu’au communiqué d’hier soir, la fédération socialiste a finalement annoncé, après une rencontre dans l’après-midi avec des membres de l’Alliance, son "soutien sans participation à l’exécutif" de la Région. Les sept élus PS/Verts ont opté pour un “oui mais” qui, de toutes façons, les mettra comme chacune des autres composantes de l’assemblée, devant leurs responsabilités au cours d’une mandature qui verra La Réunion confrontée à l’importants rendez-vous.
En effet, le président sortant, Paul Vergès, a d’ores et déjà averti que les six années à venir seraient marquées par d’importants défis : au plan intérieur français, au plan européen et international et pour mettre la société réunionnaise, mise à mal par un premier train de mesures gouvernementales, sur la voie d’un développement durable, dans le cadre de mesures de décentralisation dont le contenu annonce de grandes batailles.

Chacun devant ses responsabilités

Le contexte de l’élection régionale des 21 et 28 mars a mis en effet 25 des 26 régions de France et d’Outre-Mer au premier rang de la fronde anti-gouvernementale, face à la question cruciale de l’autonomie relative que la République a décidé de reconnaître aux collectivités territoriales. Cette question aussi met chacun d’entre nous et chaque formation politique devant ses responsabilités : comment résoudre le problème de la continuité territoriale ? Quelle coopération et quel co-développement mettre en œuvre avec les îles voisines dans la COI, avec l’Afrique du Sud, la Chine, le Mozambique, l’Inde...?
Le six prochaines années seront encore celles de la réalisation concrète et de la mise en route de plusieurs grands chantiers dont les projets ont été mis à l’étude lors de la précédente mandature : le tram-train, la route des Tamarins, le développement de nouvelles sources d’énergie (photovoltaïque notamment), le chantier de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise et tant d’autres projets, liés à un essor concerté de la politique d’emploi et d’aménagement du territoire.

Prendre en compte l’intérêt général

Toutes ces réalisations impliquent une prise en compte de l’intérêt général à un niveau qui laisse loin derrière les préoccupations partisanes, voire claniques, et l’intérêt particulier ou carriériste. Il faudra s’unir, sur des orientations claires qui dépassent de très loin les engagements programmatiques de tel ou tel parti.
C’est ce que l’Alliance a proposé de faire, dès le premier tour de l’élection, pour jeter les bases, le plus tôt possible, d’un large rassemblement qui n’en est aujourd’hui qu’à ses débuts. Le travail commencé lors de la précédente mandature pour poursuivre et amplifier le développement de La Réunion appelle la consolidation de l’Alliance dans ses principes et son élargissement dans la société réunionnaise. Ce sera aussi un des enjeux politiques importants des six prochaines années.

Pascale David


Résolution du Conseil fédéral socialiste

Soutien sans participation

Le Conseil fédéral du PS, réuni le 31 mars 2004, a décidé de ne pas participer à l’exécutif régional sur la base d’un contrat de gestion. Il l’a fait savoir hier, après une rencontre dans l’après-midi avec des membres de l’Alliance. Dans un communiqué émanant de la fédération du PS, le Conseil fédéral fait savoir que "les 67.570 électeurs qui nous ont apporté leurs suffrages au 2e tour ont voulu également sanctionner la politique de droite de Raffarin" et il confirme "sa position (...) qui est une opposition claire et déterminée aux forces de droite conservatrices représentée par l’UMP et sa volonté d’union des forces de progrès".
C’est en considération de ces éléments, joints à ceux qui ont fait le contexte des élections récentes, que le Conseil fédéral socialiste a opté pour "le soutien à la majorité régionale mais sans participation à l’exécutif". Une sorte de “Oui, mais...” dont on ne sait pas encore très bien jusqu’où le “mais” pourrait entraîner les élus du groupes PS/Verts, qui s’engagent par ailleurs à soutenir, outre les principes, des "projets et budgets" correspondants, pourvu qu’ils participent à construire La Réunion.
Cette position a reçu le soutien de 26 membres du Conseil fédéral. Deux se sont prononcés contre et quatre se sont abstenus.


Après le 2ème tour des élections régionales

Alain Bénard face à ses contradictions

Lourde tâche que celle du maire de Saint-Paul, propulsé tête de liste UMP dans les élections régionales. "Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ?" D’aucuns diront qu’il n’était pas obligé d’accepter ; d’autres, et non des moindres, ont bien refusé. Alain Bénard dit appartenir "à la minorité" dans l’UMP et ne s’est pas privé de critiquer les "godillots" majoritaires. Il aspire à une "UMP d‘avant-garde"... On peut toujours rêver.
Mais pour l’essentiel, le discours de l’UMP ne fait pas rêver justement. Il retombe vite dans les mêmes ornières : un anti-communisme sectaire qui vire dans les grandes occasions aux relents de guerre froide ; une crispation sur des notions obsolètes (“départementalistes” contre “séparatistes”... Quel jeune peut se reconnaître aujourd’hui dans de telles vieilles lunes ?)
De plus, majoritaires ou minoritaires, pas un élu UMP n’a critiqué en temps utiles les choix anti-sociaux du gouvernement Raffarin. Ils courent tous aux abris dans leur mairie aujourd’hui.
Alain Bénard, quant à lui, estime que la campagne électorale a permis aux élus de l’UMP - qui, rappelons-le, voulaient le statu quo au moment de la discussion au Parlement de la loi de décentralisation (octobre à décembre 2002) - d’évoluer et de prendre conscience qu’il est nécessaire de "franchir une nouvelle étape de la départementalisation".
Il n’en a pas dit plus, mardi matin sur RFO. Ses appels à "sortir La Réunion de l’impasse relative où elle est" pour "aller plus loin" sont-ils le cri du cœur d’un avant-gardiste isolé ?

P. D.


Pèse-peu

Durant la période de préparation du projet de loi sur le foulard, une radio métropolitaine avait laissé entendre que La Réunion et Mayotte seraient exclues du champ de la loi. Radio-Réunion reprenait l’information à son compte sans la vérifier. Puis, elle donnait la parole à Jean-Paul Virapoullé, qui se félicitait de la mesure et affirmait que celle-ci résultait d’une intervention personnelle qu’il avait faite auprès du président de la République.
Quelques heures plus tard, un cinglant démenti était apporté par le ministre de l’Éducation nationale, qui indiquait que les deux collectivités d’outre-mer seront concernées par la future loi.
Au soir du second tour des régionales, mettant sur le dos du gouvernement la responsabilité de l’échec de l’UMP à La Réunion, Jean-Paul Virapoullé se faisait fort de demander au président de la République la tête de la ministre de l’Outre-mer. Le patron de La Relève pérorait et donnait l’impression d’avoir l’oreille de l’Élysée.
Ce fut peine perdue. Mme Girardin a été reconduite comme ministre de l’Outre-mer dans le gouvernement Raffarin III. Ce qui est en cause ce n’est pas une homme ou une femme mais la politique menée. Le remaniement ministériel qui vient d’avoir lieu - et qui ressemble plus à un exercice d’équilibre entre plusieurs fortes personnalités de l’UMP - ne va pas changer grand chose sur le fond. Avec ou sans Brigitte Girardin, la politique outre-mer du nouveau gouvernement ne devrait pas différer profondément de ce qui se faisait jusqu’à présent.
Toujours est-il que Jean-Paul Virapoullé est apparu comme ne pesant pas grand chose aux yeux de l’Élysée. En tout cas, l’époque où il faisait semblant d’avoir une quelconque influence auprès de la présidence de la République semble révolue. C’est une claque et une belle claque que le patron de La Relève vient de recevoir en cette soirée de mercredi.


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