Pour un internationalisme du XXIème siècle — 2 —

Consommateurs du Nord et producteurs du Sud : convergence d’intérêts

6ème Congrès du PCR : 8, 9 et 10 mai

7 mai 2009

L’intérêt objectif des consommateurs du Nord et des producteurs du Sud convergent donc tout d’abord dans la vérité, la transparence et le contrôle sur les prix. De tels objectifs nécessitent la construction d’un rapport de force au niveau global au-delà des frontières étatiques.

Malgré les minimisations et les diversions médiatiques, un constat s’impose : vingt années seulement après la chute du Mur, les rapports capitalistes contemporains, porteurs de détresse sociale et d’uniformisation culturelle, suscitent une opposition croissante. Dans de grands Etats d’Amérique latine, des opposants à l’ultralibéralisme ont ainsi pu accéder au pouvoir avec un large soutien des classes populaires. Un processus comparable semble à l’œuvre au Népal et en Guinée. Dans les Etats développés, des organisations politiques alternatives telles « die Linke » en Allemagne ou le Front de Gauche en France gagnent aussi en audience.

Face à un capitalisme hautement globalisé…

Les forces de résistance ou de transformation sociales atteignent, dans plusieurs pays, une intensité considérable. Néanmoins, leur coordination reste faible au niveau global, tant sur le plan de l’action proprement dite que dans la création d’une théorie alternative.

A la fin du XIXème et au début du siècle dernier, les forces du travail avaient su organiser un ensemble de réseaux internationaux, alors que les classes dominantes de chaque pays restaient largement crispées sur “leurs” marchés nationaux ou “leurs” empires coloniaux, arbitrant à la canonnière leurs compétitions pour la maîtrise des ressources et des débouchés. Aujourd’hui, les capitalistes de tous les pays ont su s’unir, ou tout au moins coordonner leurs stratégies. En plus des organisations de libre-échange telles que l’ALENA ou l’Union Européenne, l’ultralibéralisme domine l’économie mondiale par le biais de puissantes organisations internationales (FMI, OMC) que doublent une multitude d’appareils idéologiques tels que think-tanks, instituts de recherche, destinés à doter les préceptes ultralibéraux de la force du sens commun.

A l’opposé, les mouvements sociaux peinent à trouver une unité d’action en dehors des Etats-nations. L’enjeu est pourtant décisif : dans un contexte marqué par la mondialisation des échanges des biens, des services et de l’information, ce n’est qu’à l’échelle globale que pourra être inventé un nouveau modèle social. Les mouvements classiques ne peuvent, aujourd’hui, répondre au caractère presque instantané d’un transfert de fonds ou de la délocalisation d’une entreprise par les seuls instruments traditionnels du mouvement ouvrier.

Ni le protectionnisme, ni le social-libéralisme ne sont des solutions…

La difficulté de faire face à ce haut niveau d’organisation du Capital à l’échelle globale et la brutalité de la crise économique pourraient dévoyer la riposte vers deux fausses solutions : celle, en apparence radicale, du protectionnisme, et celle, lénifiante, du social-libéralisme.

L’hypothèse protectionniste suppose l’adoption par les mouvements sociaux de mots d’ordres chauvins, voire nationalistes, tels que la fermeture des marchés, la taxation des marchandises étrangères, l’interruption de l’immigration. La solution n’est qu’illusoire : le cloisonnement des marchés, la lutte pour les débouchés et l’exaltation du producteur “national” risquent à terme de déboucher sur un affrontement entre Etats, c’est-à-dire, en définitive, une guerre fratricide entre travailleurs. Dans la conjoncture actuelle, un retour du protectionnisme constituerait de plus une prime aux grands Etats responsables de la crise, qui pourraient se retirer à l’abri de leurs marchés nationaux pour protéger leurs opérateurs économiques, condamnant ainsi à la ruine les Etats aux produits moins coûteux.

Largement adopté par les grands partis socialistes occidentaux, le social-libéralisme entend abandonner au capitalisme lui-même le règlement des problèmes, et n’envisage que des palliatifs aux désastres du capitalisme maîtrisé. Il est sous-tendu par la croyance, plus ou moins naïve, selon laquelle le capitalisme travaille, à long terme, à l’intérêt du plus grand nombre. C’est ici ignorer la nature profonde du capital qui, comme l’écrivait Friedrich Engels, « ne se soucie nullement de la santé et de la vie de l’ouvrier, à moins d’y être forcé » ; à La Réunion comme dans le reste du monde, l’histoire sociale fait apparaître que chaque amélioration sociale a dû être arrachée.

Construire un rapport de force global

Le capitalisme sous sa forme actuelle se caractérise par un haut degré d’interactivité entre les agents économiques, par l’omniprésence de la consommation dans la vie quotidienne, ainsi que par un développement croissant, quoiqu’inégal, des techniques de communication. Le consommateur des pays développés constitue l’aboutissement du mécanisme d’exploitation des travailleurs du Sud, qui produisent à moindre coût les matières premières, les marchandises, et de manière croissante les services. Le prix final de ces produits et de ces prestations inclut la plus-value démesurée qu’engrangent les fournisseurs de ces produits et de ces prestations.

L’intérêt objectif des consommateurs du Nord et des producteurs du Sud convergent donc tout d’abord dans la vérité, la transparence et le contrôle sur les prix. De tels objectifs nécessitent la construction d’un rapport de force au niveau global au-delà des frontières étatiques.
La forme de celui-ci reste à inventer : tant le bilan des précédentes tentatives internationalistes que la conjoncture contemporaine, marquée par une crise environnementale qui transcende les barrières géographiques et les frontières de classe exigent une redéfinition du projet internationaliste.

(à suivre)


Grand meeting dimanche à La Rivière

Si le Congrès du PCR a lieu à la salle Candin à Saint-Denis, le meeting qui suit le congrès se tiendra dimanche à 10 heures à La Rivière sur le site d’Expo-Bois.
Plusieurs milliers de personnes sont attendues.

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Messages

  • Errata : au lieu de "l’intérêt objectif converge" lire "les intérêts objectifs convergent" "désastres du capitalisme maîtrisé", lire "désastres du capitalisme non maîtrisé".
    L’auteur.


Témoignages - 80e année


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