L’Alliance des forces de propositions pour...

Construire La Réunion de demain

12 février 2007

Le rassemblement de l’Alliance ce dimanche, à Saint-Denis, a permis de faire le point sur les grands défis que l’île doit relever, et parallèlement, de mettre en commun les propositions en matière de logement, d’emploi, d’éducation, d’environnement, d’économie, d’aménagement du territoire. Des propositions que l’Alliance avance pour contribuer au débat public qui précède les élections et demander aux candidats « un engagement contractuel »... Afin que l’année 2007 soit décisive pour le développement de La Réunion.

L’heure est plus que jamais au rassemblement. L’année 2007 est décisive pour la France, et pour La Réunion qui a des défis spécifiques à relever. Des défis liés à la démographie, avec 1 million d’habitants en 2030, l’aménagement du territoire, le changement climatique, dans un contexte d’élargissement de l’Europe (qui ne sera pas sans conséquence sur les aides accordées aux RUP) et de mondialisation, qui pèse sur l’économie sucrière, l’agriculture et les échanges commerciaux. Que faire face aux défis qui attendent notre société ? Se rassembler, au-delà des partis politiques, et faire preuve de responsabilité. Pour l’Alliance, chaque citoyen en a le pouvoir, et cette année, peut donner les moyens politiques d’agir pour l’avenir de La Réunion. « Les Réunionnais ont la responsabilité d’élaborer les solutions aux problèmes spécifiques que doit affronter La Réunion, en ce début du 21ème siècle, en tant que département français, région européenne et île de l’Océan Indien. L’Alliance entend ainsi contribuer à l’expression d’une parole réunionnaise forte, pour agir et non subir, notamment à l’occasion du débat public ouvert, notamment dans le cadre de l’élection présidentielle ».

Emploi, logement, éducation, environnement : des mesures urgentes pour éviter une crise sociale

Avant de s’engager sur des mesures de développement d’avenir, l’Alliance veut garantir les derniers engagements signés avec l’Etat et obtenus avec l’Europe : le protocole d’accord du 19 janvier 2007 pour la construction du tram-train et la nouvelle route du Littoral, le contrat de projets Etat-Région et les programmes opérationnels européens pour la période 2007-2013 qui permettent de poursuivre les efforts dans tous les domaines de développement (éducation, formation, recherche, aménagement, économie, etc...). Pour l’Alliance, « il est donc important que les candidats s’engagent à respecter les montants arrêtés et les échéances fixées ».
Mais si ces engagements de l’Etat et de l’Europe vont permettre de bâtir un Plan de Développement Durable (PR2D) pour La Réunion, la situation actuelle est suffisamment grave pour décider des « mesures urgentes et prioritaires ». Comme la rappelé l’Alliance, plus de la moitié de la population vivent dans la pauvreté et subissent l’illettrisme, l’insécurité, les emplois précaires, le manque de logement, alors que l’écart se creuse avec l’autre partie de la population qui « bénéficie du relatif du dynamisme économique ».

Des emplois dans des secteurs d’excellence, dans les services à la personne et la fonction publique

Comme l’a souligné Elie Hoarau, Secrétaire général du PCR, l’Alliance a conscience de ne pas avoir le monopole des solutions. Mais il s’agit de « rassembler nos efforts pour offrir aux Réunionnais des perspectives ». Ainsi, dans le domaine de l’emploi, ce sont 144.000 actifs supplémentaires que La Réunion va accueillir d’ici à 2025. Au-delà des grands chantiers d’aménagements qui vont créer de l’activité économique, La Réunion peut développer une économie concurrentielle, fondée sur des domaines d’excellence, notamment avec l’Inde et la Chine, et une économie alternative, grâce à des emplois dans le secteur de la protection de l’environnement et le secteur du service à la personne avec le vieillissement de la population. Dans la fonction publique, La Réunion manque de personnels, contrairement à la Métropole. Il convient donc de « favoriser un meilleur accès des Réunionnais aux emplois nouveaux créés », grâce notamment à un Institut Régional d’Administration. Afin de définir les besoins en postes et d’évaluer les résultats des mesures en faveur de la création d’emplois, l’Alliance demande aussi la création d’une Conférence permanente pour l’emploi, regroupant tous les acteurs de la société que ce soit les politiques, les entreprises et les associations.

Construire 10.000 logements par an : c’est possible

L’autre grande priorité du moment, c’est l’accès à un logement pour tous. D’ici 20 ans, il faudra construire 10.000 logements par an, dont 6.000 logements sociaux. Immédiatement, ce sont 25.000 logements dont ont besoin les Réunionnais. Alain Armand, Vice-président de la Région délégué à la Culture, a souligné l’insuffisance des moyens actuels pour répondre à la demande. « Le budget est trop faible, nous manquons de terrains constructibles, d’entreprises pour répondre aux appels d’offre, et ceux qui ont besoin de logements sociaux ont des revenus trop faibles pour y accéder ». Les solutions ne manquent pourtant, l’objectif des 10.000 logements par an n’est pas irréalisable. Tout est question de volonté politique : augmenter les subventions, faire financer une partie des logements sociaux par la défiscalisation, faire que le déclassement des terrains tienne compte de la nécessité de construire des logements pour tous, notamment pour « la classe moyenne » qui, aujourd’hui, n’arrive pas à accéder à la propriété. Encore une fois, le tram-train se veut être un véritable axe de développement en réservant 20 emplacements à proximité pour y construire des nouveaux quartiers. « Nous pourrons y construire 3.000 à 5.000 logements par emplacement », précise Alain Armand.

Affirmer la présence de La Réunion dans le co-développement de la région

L’avenir d’un peuple dépend aussi de l’accès à l’éducation. Avec 120.000 illettrés, La Réunion a encore beaucoup à faire pour amener le plus grand nombre d’entre nous à un niveau d’études supérieures. L’éducation, c’est la voie de l’excellence et le meilleur moyen de relever le défi de l’emploi. Et « dans l’économie de la connaissance, nous pouvons être au premier rand mondial dans certains secteurs », rappelait Maya Césari, Conseillère régionale - Commission du Développement Économique.
Pour exemple, le café Bourbon Pointu, témoin de la tradition et connu maintenant au niveau mondial, preuve que La Réunion sait profiter de la mondialisation et s’imposer dans les secteurs économiques de pointe et la recherche.
Le développement de La Réunion passe en effet par l’ouverture sur le monde et sur la zone Océan Indien. Wilfrid Bertil, pour l’Union des démocrates et socialistes de La Réunion, le rappelait à juste titre. « La France et l’Union européenne doivent s’appuyer encore plus sur La Réunion pour leurs actions dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien. Il importe que ces actions tiennent compte non seulement de sa présence, mais aussi des intérêts de La Réunion qui sont aussi des intérêts nationaux et européens ». En tant que Région ultrapériphérique, La Réunion doit pouvoir tirer profit de sa position stratégique avec la Chine, l’Inde, l’Afrique et l’Océan Indien. C’est pourquoi, une réflexion doit être menée concernant la difficulté à obtenir des visas. Ce qui freine le développement des échanges économiques, comme le tourisme.

Le développement durable passe par la priorité aux énergies renouvelables et une reconnaissance de notre identité interculturelle

En toile de fond de ces enjeux, 2 autres défis : la protection de l’environnement et la valorisation de notre culture. Ce sont 2 éléments essentiels dont La Réunion doit tenir compte pour son développement durable. Cyrille Lebon de la MGER et Marie-Pierre Hoarau, Conseillère régionale, ont rappelé les changements climatiques auxquels l’île va être confrontée si rien n’est fait. Agir pour notre sécurité environnementale, c’est choisir les énergies renouvelables. La Région a déjà établi un Plan climat favorisant l’énergie solaire. D’ici 2025, l’objectif est de rendre La Réunion autonome en énergie électrique. « Il faut aussi mettre fin à l’ère du tout automobile, et mettre les réseaux d’alimentation d’eau à l’abri de la pollution », précisait Marie-Pierre Hoarau. Une invitation à la prise de responsabilité des Réunionnais, en somme. « Cela demande un changement de mentalité et appelle au civisme de chacun », insistait Cyrille Lebon. Tout aussi important que l’environnement, les Réunionnais doivent connaître ce qui fonde l’unité du peuple, ne pas perdre de vue la spécificité de notre « société interculturelle ». Parce que chaque Réunionnais est le résultat des valeurs apportées par différentes cultures, une Maison des civilisations mettra en valeur la culture réunionnaise. C’est sur la base de cette unité que La Réunion de demain pourra se construire.

Edith Poulbassia


Emmanuel Lemagnen, Conseiller régional

« L’association doit devenir l’unité de base de la société »

Dans son intervention au meeting de l’Alliance, Emmanuel Lemagnen a dénoncé l’attitude des services publics qui se déchargent de plus en plus de leurs responsabilités en matière d’emploi, d’éducation, d’aide à la personne, d’environnement. Qui donc a pris l’habitude de prendre le relais ? Les associations, les bénévoles, bref, des citoyens. « Jusqu’à se constituer en Collectif, pour demander par exemple la mise en place d’un Observatoire des prix et des revenus ». Emmanuel Lemagnen rappelait ainsi ce chiffre significatif : 60.000 bénévoles s’investissent dans la Cité, 15.000 emplois ont été créés par les associations. Quoi de plus juste, alors, de demander à ce que les associations soient associées aux décisions publiques, qu’elles aient droit à la parole : « L’association doit devenir l’unité de base de la société ». Parce que ce sont des exemples de citoyens qui ont décidé de prendre leurs responsabilités.

E.P.


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Messages

  • C’est toujours avec curiosité que je lis attentivement toutes les propositions qui sont faites pour l’ avenir de La REUNION.Je note que les situations inacceptables : logement, chômage,illetrés ; retraites...sont toujours annoncés et dénoncés. Je suis heureux de constater que l’ ALLIANCE s’engage dés maintenant à anticiper et préparer toute notre réflexion sur l’avenir et le developpement durable. Agir et non subir. Bravo.
    Mais pourquoi dans toute cette énumération et ces propositions pas un mot , pas une seule phrase sur la situation des réunionnais qui sont venus en Métropole, qui restent en Métropole et ...tous ces jeuens qui devront demain partir en Métropole. Comment effacer de toute refléxion cette communauté réunionnaise en Métropole. Nous sommes plus de 200 000 créoles dont plus 70 000 enfants . Comment oublier dans ces réfléxions ces départs annuels de plus de 3 000 à 4 000 jeunes qui n’ont pas leur place dans leur Ile natale. Comment peut-on ne pas prendre conscience que pour ces jeunes et les autres ,il n’y aura pas ou peu de transmission de ce que nous sommes : notre spécificité réunionnaisse dans cette république.
    Nous sommes d’accord pour rassembler nos efforts, pour dialoguer, pour construire et offrir aux jeunes réunionnais des perspectives chez eux, pas aileurs.
    Mais pour cela il faut d’abord nous reconnaître et accepter de dialoguer et non de nous oublier . Comme souvent. Je suis disponible avec d’autres pour organiser un débat public sur la question de la mobilité. Chiche !


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