845.000 habitants en 2014, un million dans une génération, hausse inexorable du niveau de l’océan Indien

Construisons dès maintenant les fondations de La Réunion nouvelle

27 juin 2015, par Manuel Marchal

Ce 26 juin 2015, l’INSEE a publié une nouvelle étude sur la population de La Réunion. C’est le bilan démographique de l’année 2013. Il indique qu’au 1er janvier 2014, la population totale dans notre île était estimée à 845.000 habitants. Elle confirme aussi que l’accroissement naturel, différence entre les naissances et les décès, apporte toujours 10.000 habitants supplémentaires par an. C’est notamment parce que La Réunion est une terre d’émigration que la croissance de la population s’est ralentie. Elle continuera donc à augmenter. Mais avec la hausse du niveau de la mer, où vivront les Réunionnais ?

La hausse du niveau de la mer va amener à délocaliser la croissance des villes dans des zones protégées de cette menace, donc en altitude.

Mercredi dernier lors d’une conférence de presse, Paul Vergès a annoncé qu’une donnée nouvelle remet tout en cause. Le résultat de l’observation de l’évolution des calottes glaciaires des pôles fait craindre une hausse du niveau de la mer de 6 mètres d’ici un siècle. La prise en compte de cette donnée impose une remise à plat de tous les projets d’aménagement, ainsi que des mesures pour protéger la population de ce danger. Le littoral est particulièrement concerné, or il concentre la population et les équipements.

C’est pourquoi Paul Vergès a appelé au rassemblement pour obtenir dans un premier temps une évaluation précise sur les conséquences de la montée du niveau de la mer à La Réunion.

Accroissement naturel : 10.000 habitants par an

Au cours de ce siècle, le niveau de l’océan Indien ne sera pas le seul à augmenter, la population suivra la même tendance. Dans une étude publiée hier, l’INSEE indique sa dernière estimation de la population de La Réunion. Elle atteignait au 1er janvier 2014 845.000 habitants, soit 11.000 de plus que deux ans plus tôt. La croissance moyenne fait apparaître une augmentation annuelle de 5.500 habitants. L’INSEE note que c’est l’accroissement naturel qui est le moteur de cette croissance. La différence entre les naissances et les décès est estimé chaque année à 10.000. En 2013, 14.002 naissances ont été enregistrées. Ce dynamisme est atténué par le solde migratoire. La Réunion est une terre d’émigration. Les départs sont plus nombreux que les arrivées. Ce solde est égal à 2.300 personnes par an, note l’INSEE.

Par ailleurs, l’espérance de vie continue d’augmenter. Elle était en 2013 de « 77 ans pour les hommes et 83,5 ans pour les femmes, soit respectivement + 4,4 et + 2,9 années en dix ans ». Les plus de 60 ans représentaient donc en 2013 14 % de la population, alors que la proportion des moins de 20 ans était de 32 %.

Un mètre de plus d’ici 20 ans ?

Les conditions d’une poursuite durable de la croissance démographique sont donc bien ancrées à La Réunion. Elles découlent de la forte proportion de la population en âge de procréer, et d’un indice conjoncturel de fécondité bien plus important qu’en France. Pour le moment, c’est l’émigration qui permet de ralentir cette croissance. Mais elle ne fait que retarder l’échéance vers l’inéluctable : La Réunion d’un million d’habitants. Au rythme actuel, ce nombre sera atteint dans moins de 20 ans.

Dans 20 ans, les Réunionnais auront commencé à subir les effets de l’accélération de la hausse du niveau de la mer. Si les conclusions tirées des observations des satellites se confirment, alors se poseront des problèmes liés à une augmentation de près de 1 mètre en sachant que le plus dur sera à venir.

Le rendez-vous du million d’habitants implique d’imaginer dès maintenant où pourront vivre les 150.000 Réunionnais supplémentaires, tout en sachant qu’une partie de ceux qui vivent aujourd’hui dans les grandes villes du littoral devront déménager.

Sur la lancée de la route des Tamarins

Construite sous la mandature de Paul Vergès à la Région, la route des Tamarins ouvrait la voie à un aménagement prenant en compte cette donnée. Cet axe ne sert pas uniquement à relier un point à un autre, il facilite la construction de villes à mi-pente, bien loin de la menace de la montée du niveau de l’océan Indien. La route des Tamarins est le premier jalons d’une route de moyenne altitude. La réalisation de cet équipement permettra donc de favoriser la relocalisation des habitations et des activités dans les secteurs les moins vulnérables aux effets du changement climatique. C’est pourquoi ce projet devra être relancé de toute urgence par l’équipe qui succédera à celle de Didier Robert à la direction de la Région Réunion.

Car pour le moment, les décisions prises vont exactement à l’opposé. La Région de Didier Robert veut concentrer l’essentiel des investissements dans une route en mer de 12 kilomètres qui se limite à doubler une route existante qui n’est qu’un axe de transit. Quant au projet le plus médiatique de ville nouvelle, il est situé à Cambaie, dans une plaine toute proche du niveau actuel de la mer. Imagine-t-on que le tiers des 150.000 Réunionnais supplémentaires que notre île accueillera d’ici 20 ans résidera dans une plaine côtière à la merci de la montée du niveau de l’océan Indien ?

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  • Dans 20 ans la Réunion comptera probablement plus d’un million d’habitants car si notre île est une terre d’émigration , elle est aussi une terre d’immigration .Il y aura beaucoup d’européens qui viendront s’y installer pour profiter du climat au lieu d’aller s’installer en Bretagne ou sur la côte d’Azur si le coût du billet d’avion entre la France et la Réunion reste raisonnable , mais il y aura également encore beaucoup de malgaches ou de comoriens ou d’autres qui viendront y chercher fortune en s’appuyant sur leur tissu familial existant déjà dans l’île . Le chiffre de 1,100 millions en 2035 ou 2040 me parait plus plausible .

    La responsabilité des hommes politiques d’aujourd’hui c’est aussi de prévoir l’installation de cette population supplémentaire et de modifier en conséquence leurs plans d’aménagement du territoire .

    Si le réchauffement climatique interdit d’installer de nouvelles villes sur le littoral il faut bien entendu les installer en altitude mais en respectant les terres agricoles et en allant là ou les infrastructures coûteront le moins cher et si possible à l’intérieur ou à proximité des grands bassins d’emplois .

    C’est dans cette optique que j’ai proposé, dans les années 90, dans vos colonnes et dans les autres journaux de la Réunion , de faire passer par les hauts la nouvelle route du littoral. Il y a plus de 2000 ha disponibles pour l’habitat et pour l’activité artisanale entre Saint Denis et La possession sur les plateaux de la Montagne qui pourraient accueillir au moins 50000 habitants si on construit les routes et les réseaux divers nécessaires . Ce ne serait pas difficile d’y emmener de l’électricité et de l’eau potable . Sans doute un peu plus compliqué pour l’eau , mais on pourrait la prendre par gravitation (à l’aide d’un petit tunnel) sur la conduite de transfert de l’eau de Salazie vers St Paul , ou par refoulement depuis la Possession et depuis St Denis .

    Le passage de la nouvelle route par les hauts avec quelques échangeurs situés aux endroits stratégiques aurait certainement faciliter l’aménagement de toute cette zone comprise entre Saint Denis et La Possession .

    Si le réchauffement climatique devait remettre en cause la route sur la mer , il faudrait peut être privilégier un passage par les hauts plutôt que par tunnel , sauf, bien entendu ,si le coût du passage par tunnel associant une voie ferrée et une route s’avère beaucoup plus économique que le passage par les hauts . Mais si on optait pour le tunnel , il faudrait quand même prévoir dès maintenant l’aménagement des plateaux de la montagne et notamment la réalisation d’une route secondaire sur le tracé que j’ai proposé pour la nouvelle route entre La Possession et le Ruisseau blanc , ainsi que la réalisation des réseaux d’électricité d’eau potable pour recevoir une partie des 150000 à 200000 personnes que la Réunion comptera en plus d’ici 20 à 25 ans .

    Une vingtaine d’années ce n’est pas beaucoup (à peine une génération ) et les collectivités concernées (Région, départements et communes ) devraient commencer à y penser sérieusement notamment au niveau de leur programmation budgétaire .

    Joseph Luçay Maillot


Témoignages - 80e année


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