Les 2.000 bus du ’Trans-éco express’

Contre l’histoire

27 juillet 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Le réseau de transports par bus ’Trans-éco express’ promis par Didier Robert pour remplacer le Tram-train est le premier point inscrit à d’ordre du jour de la Commission permanente qui se tiendra aujourd’hui à la Région. Objectif poursuivi : démanteler par décision politique la construction du chemin de fer, au profit d’un projet de bus dont un nombre croissant d’observateurs soulève les incohérences. Et va à l’encontre d’une recherche généralisée d’alternative aux transports polluants.

Depuis plusieurs années, les impératifs du développement durable s’imposent aux politiques publiques. Objectif : réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère, et limiter au maximum les émissions de gaz nuisibles. Dans le domaine des transports, cette nouvelle conception du développement repose nécessairement sur une alternative au tout-automobile, générateur de gaz à effet de serre et facteur majeur de dégradation de l’environnement. Actée au Grenelle de l’Environnement, cette orientation marque profondément la stratégie de développement des transports routiers actée pour les 30 prochaines années sur le territoire de la République.

Révolution écologique dans les transports…

Une évolution dont témoigne l’adoption du Schéma national des infrastructures de transport (SNIT) présenté il y a un peu plus d’une semaine par le Ministère de l’écologie et des transports. Prévoyant un financement évalué à 170 milliards d’euros, cet avant-projet affiche l’ambition claire d’une « vraie rupture dans la politique des transports ». "Rupture" dont le rail est l’outil principal avec 52% des investissements, et la construction envisagée de 2.300 km de chemin de fer.

…retour en arrière à La Réunion

A La Réunion, Didier Robert envisage de faire exactement le chemin inverse. Son "Trans-éco express" prévoit ainsi la suppression des kilomètres de voies ferrées actés au protocole de Matignon, et leur remplacement par « 2.000 bus, desservant en site propre chaque ville, chaque village et chaque écart », selon les termes employés lors de l’Assemblée plénière inauguratrice de son mandat. Un engagement qui a pris de sérieux coups de rabots depuis lors : là où le candidat Didier Robert parlait de « bus au GPL », le président Robert évoque aujourd’hui mollement l’achat de 1.000 bus, qui s’ajouteront au parc de véhicules classiques employé aujourd’hui par le Département.

La confusion règne

Quant à desservir chaque ville, chaque village et chaque écart, il ne faut pas trop y compter : en quatre mois, la nouvelle équipe a péniblement réussi à annoncer qu’elle ne traiterait pour l’instant qu’une partie restreinte du réseau routier de l’île. Comme le relevait le "JIR" d’hier, cette démarche est bien loin du « haut niveau » de service annoncé. Elle demeure d’ailleurs purement théorique, malgré les effets de "com" répétés de la déléguée à ce dossier, Fabienne Couapel-Saret, qui n’a cessé d’affirmer vouloir « aller vite ». Car à l’inverse du tram-train, dont le montage financier était entièrement acquis, les « 2.000 bus » imaginaires propres et omniprésents n’ont pour l’instant aucun financement connu. Et l’Etat, engagé dans un plan de rigueur impitoyable, ne sera probablement pas très pressé de desserrer les cordons de la bourse. Rétrograde, mal ficelé, confus à la limite du farfelu : c’est sous ce jour qu’apparaît le projet qui sera débattu aujourd’hui en commission permanente.

Geoffroy Géraud-Legros

TrainDidier Robert

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