Élections régionales et cantonales

Contre la politique anti-sociale du gouvernement un front uni, porteur d’un projet pour La Réunion

Le PCR analyse la situation

28 octobre 2003

Les militants du PCR se sont retrouvés dimanche pour une assemblée générale, et ont réfléchi sur les élections régionales et cantonales de mars 2004. Et lundi, les responsables du Parti, Pierre Vergès, Jean Saint-Marc et Jean-Max Hoarau, ont rendu compte de cette assemblée lors d’une conférence de presse. Comme l’indiquait en introduction Pierre Vergès, « en une seule année, le gouvernement est en train de détruire ce que les Réunionnaises et les Réunionnais ont construit grâce à plus de 50 années de lutte ». On est donc à la veille de la plus grande catastrophe sociale que La Réunion ait vécu depuis 50 ans. Une catastrophe liée aux attaques anti-sociales menées par le gouvernement : remise en cause du système de santé avec le déremboursement des médicaments (ou leur moindre remboursement), entraînant inéluctablement une hausse des cotisations des mutuelles. Et l’on va vers une remise en cause de la CMU même si le gouvernement a augmenté le plafond d’attribution de celle-ci. Malheureusement, le plafond est fixe, ce qui veut dire qu’à la prochaine hausse des minima sociaux, bon nombre de Réunionnais vont, à nouveau, se retrouver exclus. Attaque contre La Réunion à travers le budget 2004, non seulement « en diminution » mais qui a montré qu’il existe une volonté de s’attaquer financièrement à l’outre-mer. Cela est apparu clairement au travers d’amendements (sur la TVA non perçue récupérable, l’abattement de 30% sur les impôts sur le revenu...). Et si le gouvernement en a rejeté quelques uns, il en a laissé passer d’autres. Le tout avec l’assentiment de députés locaux puisqu’ils ont voté la partie "recettes" du budget de la nation. Et quand bien même certain(s) parle(nt) de "la guillotine" du Sénat, qui devrait rejeter cet amendement, force est de constater que, malgré les affirmations, "le rempart se fissure". Alors on "rattrape le coup" comme on peut : « mais jusqu’à quand pourra-t-on faire ça ? », interroge Pierre Vergès.

Une île en souffrance...

« Aujourd’hui, notre île est en souffrance », poursuit Pierre Vergès, et les points de douleur sont nombreux. Et « le pire n’est pas derrière nous », bien au contraire, il va arriver. Après les échéances de mars 2004, avec l’accélération des réformes dont on sait qu’elles ne vont pas se faire dans le sens d’un mieux être des plus démunis. Et toutes ces réformes vont dans un seul et même sens : faire payer par les élus locaux et leur population les problèmes plus nationaux... Et ces charges qui vont, de plus en plus peser sur les élus locaux, sont insupportables : comment peut-on envisager d’augmenter la fiscalité locale, quand la pression fiscale, ici, est déjà bien forte, et que le tissu socio-économique réunionnais n’est pas celui de la France métropolitaine.

... qui veut arrêter cette catastrophe sociale

Les militants communistes, mais au-delà d’eux, la grande majorité de la population réunionnaise s’interrogent : quelle attitude adopter pour faire face à cette catastrophe sociale ? Des inquiétudes et des questions dont le PCR s’est saisi -comme il l’a toujours fait depuis sa création. Le devoir d’information s’est concrétisé par la diffusion d’un journal spécial, diffusé à 170.000 exemplaires. Le titre est clair « tous ensemble, disons non à la casse sociale ». Tous ensemble, « car nous sommes tous concernés », souligne Pierre Vergès. Et pour répondre à cette ligne de conduite, engagée elle aussi depuis sa création, le PCR prône l’union de tous. Ce n’est pas une stratégie liée à une élection, mais une nécessité pour faire comprendre à tous que, même si bien des avancées ont été enregistrées, il y a encore beaucoup à faire. « Et ce n’est ni la LOOM ni la loi programme qui peuvent prétendre répondre à tous ces défis qui se posent. Pire, même, ils comportent quelques aspects néfastes ».
D’où la nécessité d’aller vers une politique « plus audacieuse, créatrice d’emplois », quel que soit le secteur, mais sans oublier, bien au contraire, le secteur de l’économie sociale et solidaire.
C’est en substance ce que contenait l’accord qu’avait signé PS et PCR en janvier 2002. Signé conjointement par François Hollande, Paul Vergès, Michel Vergoz et Élie Hoarau, cet accord ne s’arrêtait pas à l’issue des présidentielles de 2002 mais courrait bien après. La nécessité de ce « front uni », défini par cet accord, est-elle encore confirmée aujourd’hui ? La situation sociale n’exige-t-elle pas une « démarche unitaire » de La Réunion ? N’y a-t-il pas lieu d’envoyer « un message fort » au gouvernement, pour lui dire d’arrêter cette politique anti-sociale ? Mais « peut-on dire "non" sans proposer autre chose ? », enchaîne Pierre Vergès. Par le passé, « l’intérêt supérieur » a permis une entente, entraînant l’arrêt de certaines dérives, et aujourd’hui se pose aussi cette question « qu’est-on prêt à faire ensemble ? ».

Les rendez-vous de mars 2004

Cette action commune n’est pas, pour le PCR, une simple alliance stratégique liée à des élections régionales et cantonales. Car à quoi bon se battre sur un programme, lorsqu’en face, il y a une volonté de décentralisation de la part du gouvernement telle, que les nouvelles compétences vont entraîner des alourdissements conséquents des charges financières pesant sur les élus locaux ? « Il faut que ceux qui vont à la bataille électorale se positionnent sur cette politique », martèle Pierre Vergès.
D’où l’initiative du PCR d’envoyer une « note » à ses partenaires potentiels : PS, PSR, FreeDOM, Réunion Autrement, Verts... Une note qui n’est pas un simple appel à construire ensemble une liste, mais qui vise « à construire, ensemble, un projet, comportant des propositions à faire partager au plus grand nombre. Car le front du refus, seul, ne peut être la solution aux problèmes posés ». Un projet qui pourrait prendre pour base cette "simple" question : quelle politique mener ? Et c’est l’ensemble des partenaires, prêts à discuter non seulement d’une place sur la liste et du "poids" électoral qu’ils estiment peser qui peut élaborer « une plate-forme », celle-ci étant alors le "cheval de bataille". « Ce n’est pas une approche électoraliste, car elle dépasse ces élections et s’inscrit dans les trois années suivantes ». Jusqu’aux prochaines présidentielles de 2007.

L’union, le credo

Pierre Vergès explique que les discussions continuent avec les partenaires. « Notre credo, c’est l’union ». Une union dans laquelle « chacun apporte sa contribution ». Sans oublier quelques facteurs incontournables : rien ne peut se faire sans implication des intéressés (par exemple, lorsqu’on évoque la question de la rémunération dans la fonction publique d’État). Rien ne peut se faire non plus sans que, en face de toutes les propositions formulées, il y ait une identification claire et précise des sources de financement. Avec la pression fiscale existant aujourd’hui à La Réunion, peut-on encore demander aux contribuables de payer encore plus pour financer des propositions, aussi louables soient-elles ? Peut-on envisager que les collectivités locales se substituent à l’État en finançant telle ou telle mesure qui, par essence même, n’appartient pas à son champ de compétence (actuel comme après la décentralisation) ?
C’est non seulement une question de crédibilité, mais aussi de respect de principes.
Et Pierre Vergès de conclure sur le fait que l’union est le credo du PCR. Et répondant aux interrogations formulées (tout haut ou tout bas par certains, ici ou ailleurs), « toutes les possibilités sont à envisager » sur la venue d’un tel ou d’un tel dans cette union. Mais la concomitance des deux élections (régionales et cantonales) fait que si l’on parle d’union pour les régionales, il devrait en être de même, obligatoirement pour les cantonales. C’est intrinsèquement lié à la démarche d’union proposée par le PCR, car, rappelons-le, elle ne s’arrête pas à mars 2004 mais va bien au-delà, par l’élaboration, par tous, d’un projet pour La Réunion.

Pierre Vergès

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