La démarche de l’Alliance : une grande victoire pour La Réunion

Convergence pour le programme réunionnais

3 mai 2007

Anticiper et émanciper La Réunion des débats partisans d’une élection présidentielle : tel est le sens de la démarche de l’Alliance. Et quel que soit le résultat du vote dimanche prochain, La Réunion sera gagnante, ayant fait un pas important vers la voie du développement, de la responsabilité et hors des schémas de pensée importés.

La campagne du deuxième tour de la Présidentielle est marquée par l’organisation de deux débats télévisés. Le premier s’est déroulé la semaine dernière. Il s’agissait pour Ségolène Royal et François Bayrou de rechercher des points de convergence entre les programmes du PS et de l’UDF.
Celui d’hier soir était présenté comme le moment décisif, l’affrontement entre soi-disant deux camps que tout sépare. Sur le plateau : Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Quant aux annonces précédant le débat, elles étaient unanimes pour évoquer l’impossibilité de trouver des points de convergence entre deux projets de société portés par deux candidats différents.
Bref, en ce début du mois de mai, la France est coupée en deux. C’est une cassure que l’on retrouvera dans les urnes, comme à chaque élection présidentielle. Dimanche prochain, une moitié des Français sera contente de la victoire de son parti, et ce dernier aura la charge d’imposer son projet à l’autre moitié. Ce sont des conditions bien difficiles pour imaginer la réconciliation et faire travailler tout le monde ensemble.

L’essentiel est déjà fait

En France, les partis se déchirent et tentent de se raccommoder pour accéder au pouvoir. Le résultat est un pays divisé. C’est justement pour s’élever au-dessus de ces blocages qu’a été mise en œuvre la démarche de l’Alliance. Elle fait que maintenant, le résultat de dimanche prochain n’est pas l’essentiel.
L’essentiel a été fait bien avant. Il a consisté à demander à tous les candidats de se positionner sur un programme réunionnais, regroupant des propositions spécifiques, élaborées à La Réunion, pour sortir de la crise, la région de la République la plus touchée par le chômage, le mal-logement, la pauvreté, les inégalités et l’illettrisme.
Cinq candidats ont répondu clairement à ce programme. Marie-George Buffet, Ségolène Royal, Dominique Voynet, Nicolas Sarkozy et François Bayrou ont, dans leurs lettres adressées au Président de l’Alliance, Paul Vergès, et dans leurs déclarations à la presse, affirmé publiquement leur soutien à ce programme et leur engagement à ne pas remettre en cause les contrats déjà signés.
Le 22 avril, le premier tour de l’élection présidentielle a débouché sur deux résultats. Tout d’abord, les suffrages portés sur les candidats soutenant le programme de l’Alliance ont atteint près de 90% des votes à La Réunion. Ensuite, les deux participants au second tour sont deux dirigeants qui ont pris l’engagement de ne pas remettre en cause les 4,5 milliards d’euros de crédits acquis à La Réunion pour des travaux sur 10 ans, et de soutenir la réalisation du programme de l’Alliance.
Le premier enseignement, c’est bien sûr l’assurance que dimanche prochain, 100% des suffrages exprimés traduiront un nouveau plébiscite pour le programme réunionnais. Car, quoi qu’il arrive, le prochain Président de la République est un signataire de la plate-forme de l’Alliance.

Sortir des débats importés

Le second est aussi essentiel. Car si comme l’affirment tous les commentateurs, les deux participants au débat d’hier soir sont porteurs de deux projets que tout oppose, il est un point de convergence entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy : c’est le programme de l’Alliance. La démarche de l’Alliance réussit le tour de force de rassembler les deux candidats au deuxième tour de l’élection présidentielle en France sur un point essentiel pour La Réunion : appliquer un programme réunionnais de développement pour les 20 ans à venir. Cette victoire, elle est une fierté pour La Réunion, et pour toutes celles et tous ceux qui luttent pour sortir le pays de la crise.
Anticipatrice car elle a devancé largement le premier tour, la démarche de l’Alliance est également émancipatrice.
Elle place en effet les préoccupations immédiates et l’avenir de La Réunion au cœur du débat, au-dessus des partis. Elle considère donc que l’essentiel n’est pas la victoire d’un parti ou d’un autre, mais l’adhésion la plus large possible pour soutenir un programme visant à répondre aux préoccupations de La Réunion d’aujourd’hui et de demain. Elle permet donc de s’émanciper du mode de pensée des états-majors parisiens qui aboutit, lui, à un résultat de division. C’est un pas important franchi vers la décolonisation des esprits à La Réunion, c’est-à-dire la fin de la reproduction de débats et de mesures initiées à Paris, mais qui n’ont rien à voir avec la réalité réunionnaise. C’est dans ce sens que le rassemblement autour du programme de l’Alliance marque une étape essentielle dans la bataille pour l’égalité. Autrement dit, si le 19 mars 1946 avait inscrit dans la loi l’abolition du statut colonial, gageons que l’appropriation de la démarche de l’Alliance par un large rassemblement pour le développement de La Réunion signifiera la responsabilisation et la libération de La Réunion des schémas de pensée importés.

Manuel Marchal


Au fil des sondages...

Nouvelle lecture des résultats du 22 avril

13% : le score du PS sans le « vote utile »

D’après un sondage, force est de constater que le « vote utile » a joué à plein le 22 avril dernier pour gonfler le score de la candidate du PS. Ce qui traduit un isolement de son parti. Plus d’un électeur sur deux a en effet apporté sa voix à Ségolène Royal uniquement pour éviter que le PS soit éliminé dès le premier tour. C’est ce que l’on peut dire du résultat d’une enquête d’opinion réalisée dimanche.
En effet, selon un sondage réalisé dimanche par TNS-Sofres-Unilog pour TF1, RTL et “Le Figaro”, rendu public lundi, 56% des électeurs ayant voté pour Ségolène Royal affirment avoir « voté utile » : ce n’était pas forcément la candidate qui avait leur préférence, mais ils voulaient être sûrs qu’elle soit au second tour. 42% des électeurs de Mme Royal l’ont fait « vraiment par préférence ».
D’après ce sondage, cela veut donc dire que si Ségolène Royal avait uniquement bénéficié des suffrages des électeurs ayant voté pour elle par conviction, elle n’aurait pas dépassé 13%.
Il est à noter que pour Nicolas Sarkozy, le sondage affirme que 68% de ces électeurs ont voté par conviction, 32% par « vote utile ». En appliquant à son score les mêmes règles, il aurait rassemblé malgré tout un peu plus de 20%.
Par ailleurs, d’après un autre sondage, la majorité des électeurs potentiels de Ségolène Royal au second tour n’est pas convaincue par le programme de la candidate du PS. Pour ces personnes interrogées, la raison du vote Royal est le rejet de son adversaire.
46% des électeurs affirment qu’ils voteront au second tour de l’élection présidentielle par rejet de l’autre candidat, selon une étude TNS Sofres pour RTL et “Le Monde”. Le vote tout-sauf-Sarko représenterait 56% des suffrages pour Ségolène Royal. Le vote anti-Royal ne représenterait que 40% des votes pour Nicolas Sarkozy.
Toujours selon ce sondage, deux tiers des électeurs de l’UDF au premier tour iraient jusqu’aux urnes dimanche prochain principalement pour faire barrage à un des deux candidats. Ce vote de rejet est majoritaire (55%) chez ceux qui envisagent de se reporter au second tour sur Sarkozy, mais culmine à 72% chez ceux qui disent avoir choisi Royal.


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