En plus de mesures urgentes qui ne sont toujours pas prévues

Coronavirus à La Réunion : la question de la souveraineté politique est posée

8 avril 2020, par Manuel Marchal

Les Réunionnais ont appris le 11 mars dernier le premier cas de coronavirus dans leur pays. Depuis, le nombre de cas augmente tous les jours. L’État et les collectivités ont présenté des mesures destinées à la prévention du coronavirus et à la relance de l’économie. Néanmoins, plusieurs urgences restent sans réponse comme la nécessité d’un dépistage systématique et la prise en charge du chômage partiel à 100 % du salaire. Cette crise souligne une autre urgence : celle de la souveraineté alimentaire, énergétique et politique.

Pour fermer l’aéroport de La Réunion au trafic passager, la décision doit venir de Paris, située à 10000 kilomètres de notre île. Or, qui est mieux placé que les Réunionnais pour prendre une telle décision ?

L’État et les collectivités ont présenté plusieurs mesures visant à limiter la propagation du coronavirus et pour venir en aide aux entreprises, ainsi que des actions sociales à destination des plus démunis. Mais il est nécessaire d’aller plus loin.

Répondre à l’urgence

Pour un dépistage systématique du coronavirus dans la population
Le dépistage systématique de la présence du coronavirus au sein de la population est une nécessité afin d’avoir une vision plus précise de la situation épidémiologique. Ceci permettra d’anticiper les besoins en termes de soins et d’hospitalisation. Toute la transparence doit être nécessaire afin que les Réunionnais sachent précisément à quoi s’en tenir dans la perspective de la levée du confinement le 15 avril.

Chômage partiel à 100 % du salaire et interdiction des licenciements
Dans cette crise, les travailleurs sont les premières victimes. Au mieux, ils auront droit à une indemnité plafonnée à 84 % du salaire net si ce dernier est au-dessus du SMIC. Le PCR demande que soit pris en charge intégralement les salaires des travailleurs qui sont contraints au chômage à cause du confinement. Tous les licenciements doivent être interdits.
Aux Seychelles par exemple, le gouvernement prend en charge trois mois de salaire et a interdit les licenciements. Ne sommes-nous pas capables de faire au moins autant ?

Blocage des prix et des loyers
La Réunion compte plus de 40 % de sa population en dessous du seuil de pauvreté. Déjà des abus sont observés sur les prix de produits de première nécessité comme les légumes frais. Les pouvoirs publics doivent bloquer les prix à leur niveau d’avant la crise, ainsi que les loyers. La volonté de soutenir les CCAS sont en première ligne au contact des personnes les plus précaires est à saluer.

Garantir un partage équitable de l’approvisionnement
Le gouvernement doit s’assurer de l’approvisionnement de La Réunion. Il doit donc veiller à ce que les centrales d’achat soient pleinement opérationnelles. L’État doit aussi, en plus de bloquer les prix, contrôler la distribution pour éviter la ruée sur certains produits de première nécessité ce qui crée une pénurie évitable. Ceci est un moyen pour éduquer la population à un partage équitable.

La question de la souveraineté alimentaire, énergétique et politique

Cette crise montre que plus que jamais, les Réunionnais doivent aller à la reconquête de leur souveraineté alimentaire et énergétique. A maintes reprises, le PCR a mis en garde contre le risque d’un blocus de l’île en cas de conflit. Il a suffi d’un virus pour isoler La Réunion du reste du monde.
Pour maîtriser la reconquête de la souveraineté alimentaire et énergétique, l’ordre ne doit pas venir de Paris. Cette crise a montré que la dépendance aux décisions de Paris peut tourner à la caricature. Ainsi, pour fermer un aéroport, il faut que cela soit une ministre qui parle. Pourtant, demander la fermeture de l’aéroport, ce n’est pas demander l’indépendance. Se pose fondamentalement la question de la décision qu’il faut aborder en sortant des fantasmes de la Guerre froide. La question de la souveraineté se pose donc aussi sur le plan politique.

Les progrès grâce à la coopération internationale

Sur le plan mondial, le modèle fondé sur le libre-échange et la surexploitation des ressources humaines et naturelle est en train de s’effondrer. Ceci rappelle l’importance d’aller vers un autre mode de production et de consommation. Une des réflexions qui va s’imposer est celle de construire un nouveau système. Les progrès accomplis dans la lutte contre la pandémie de coronavirus montrent l’efficacité de la coopération entre les peuples, sachons en tirer les enseignements.
De nombreux pays sont engagés dans la guerre contre la pauvreté et la misère. Se pose alors la question de la solidarité des plus riches envers ceux qui sont engagés dans plusieurs guerres.

M.M.

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