Dans un climat de tensions politiques de campagne

Création de la Fédération des Verts de l’océan Indien

9 juin 2004

Du 1er au 4 juin, Guy Ratane-Dufour, secrétaire général du Mouvement de la gauche écologiste réunionnaise (MGER) s’est rendu à Mayotte pour faire la campagne de l’Alliance pour les élections européennes. Il a aussi rencontré les “Verts” de Mayotte avec lesquels le MGER de La Réunion a fusionné au sein de la Fédération des Verts de l’océan Indien. Une naissance politique très mouvementée...

En se rendant à Mayotte, le dirigeant de la gauche écologiste a retrouvé son alter ego mahorais, Ahamada Salime, venu ici pour l’assemblée générale du MGER et pour voir "comment fonctionne un parti autonome dans l’OI", rappelle Guy Ratane-Dufour. Auparavant, le mouvement écologiste mahorais était rattaché à la Confédération nationale des Verts. "Ils cotisaient à Paris mais n’ont jamais eu une aide des Verts, ni de France, ni de La Réunion. Ahamada Salime se bat depuis treize ans pour l’environnement. Il est connu pour ses combats à Mayotte et s’est présenté six fois aux élections, où il fait environ 3% sans aucune aide extérieure".
Les deux mouvements ont débattu de la meilleure façon de préserver l’environnement dans la zone Afrique-océan Indien. "On a été surpris par l’état désastreux de l’environnement à Mayotte : on mord sur la mangrove alors qu’il y a de la terre. Les tortues marines sont attaquées sur le lagon par les sacs plastiques, qui commencent à envahir les commerces. Les Mahorais recherchent notre aide pour se développer plus harmonieusement que cela ne s’est fait ici : ils sont demandeurs de technologie solaire par exemple ; ils doivent régler les problèmes d’eau, d’assainissement. Leur lagon est attaqué par la pollution..."
Sur la base de la similitude des problèmes rencontrés, ici et là-bas, Mahorais et Réunionnais ont décidé de fusionner et de changer de nom : le mouvement mahorais s’appelle désormais le Mouvement de la gauche écologiste mahoraise (MGEM)-fédération des Verts de l’océan Indien. De plus, le MGER étant membre de l’Alliance, le MGEM le devient lui aussi donnant à l’Alliance une dimension mahoraise !
"Nous avons cerné nos points de convergences, décidé d’échanges d’infos réguliers et de créer un site internet de la Fédération des Verts de l’océan Indien. Il va de soi aussi que nous nous apporterons un soutien mutuel dans les batailles électorales" complète Guy Ratane-Dufour en ajoutant "Notre Fédération est ouverte aux Mauriciens, aux Malgaches. Pour nous, il n’y a pas de frontière à l’environnement".
L’événement n’est pas passé inaperçu à Mayotte où une dépêche AFP du 3 juin souligne que les deux îles "sont confrontées aux mêmes problèmes : la complexité des éliminations des déchets due à l’insularité, le développement des énergies renouvelables(...) et principalement les limites des ressources en eau, vitale à la survie des populations" signale l’agence de Mamoudzou.


Scènes de répression ordinaire à Mayotte

Très favorablement connu à Mayotte, Ahamada Salime a pourtant été arrêté et menotté par la police, sous les yeux de sa fille de 8 ans. La scène s’est passée le samedi 29 mai, jour de marché à Mamoudzou, en présence du Préfet de Mayotte. Ahamada Salime distribuait des tracts sur l’hygiène du marché. Sous un prétexte futile, les policiers l’ont retenu en garde à vue pendant plusieurs heures, laissant la fillette seule, en pleurs, sur le marché. Les policiers ont d’abord reproché au militant écologiste d’avoir "mal garé" un véhicule... qui ne lui appartenait pas ! Employé au service des permis de conduire, Ahamada Salime n’a ni voiture, ni permis...
Les policiers ont dû renoncer à leur grief. "Si ce n’est pas pour la voiture, ce sera pour outrage à agents" ont-il dit à l’intéressé en l’arrêtant chez lui, le jeudi suivant (3 juin), le jour du meeting de Sada. Ahamada Salime, ne pouvant se faire comprendre des policiers présents sur le marché, a demandé à parler à leur supérieur : voilà “l’outrage” caractérisé ! Et le chef d’accusation sous lequel Ahamada Salime devra comparaître au tribunal dans quelques mois. Le 3 juin, Guy Ratane-Dufour lui-même a été convoqué au commissariat pour "témoigner". De quoi ? Il se le demande encore, puisqu’il n’était pas là le jour de la distribution des tracts. "C’était commandité" explique-t-il. "Le meeting (de Sada - NDLR) était annoncé partout. RFO Mayotte devait venir pour parler de la Fédération. Ahamada est reconnu par tout le monde comme étant très pacifique". Ce jour-là, de façon détournée, les policiers ont fait comprendre à Mari Assani, porte-parole de la Fédération, que le meeting n’aurait pas lieu...
Les Mahorais pourront se rattraper vendredi avec la présence de Paul Vergès et du candidat de Mamoudzou, Saïd M’Chindra.

P. David


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