CRÉER UNE CHAMBRE CONSULAIRE POUR LES ASSOCIATIONS

12 février 2007

Emmanuel LEMAGNEN, Conseiller Régional - Président suppléant de la Commission Développement Économique et membre de la Commission du Développement Humain

Vous avez tous constaté ces derniers temps combien les associations occupent une place importante dans la société.
D’un côté, vous avez des citoyens qui se regroupent par passion ou par dévouement pour des causes qui les mobilisent, mais d’un autre côté, vous avez surtout les pouvoirs publics qui se défaussent de plus en plus sur les associations qui deviennent les roues de secours de tout ce qui ne marche plus.
Il y a un problème d’illettrisme ? Faites une association de soutien scolaire.
Il y a un problème de chômage ? Faites une association d’économie solidaire.
Il y a un problème de jeunes en difficulté ? Faites une association de quartier.

Et les bénévoles sont toujours là, motivés, disponibles et généreux. Ils peuvent même, comme on l’a vu récemment et avec succès, se constituer en collectif, secouer l’administration, les élus ou le gouvernement pour obtenir l’installation d’un observatoire des prix. Nous sommes tous concernés par ce mouvement associatif parce que nous sommes tous soit bénévoles, soit adhérents d’une association culturelle, sportive ou du troisième âge.

Le vrai problème, c’est que les associations restent isolées et donc fragiles. Lorsqu’une association est en délicatesse avec sa banque, quand une subvention n’est plus versée parce que le maire a changé de bord, quand un responsable bénévole ne sait pas comment rédiger un projet, vers qui se tournent-t-ils ?
Les artisans, les commerçants, les industriels, les agriculteurs ont une chambre qui est là pour les défendre, tenir les registres, négocier les relations avec les organismes de crédit, former les ressortissants, accompagner toutes les démarches des entreprises et les représenter au sein de toutes les instances de décision.
Il y a à La Réunion 13.000 associations, qui rassemblent plus de 60.000 bénévoles et plus de 15.000 emplois... Et qui les défend, qui les représente ? Personne ! Vous comprendrez donc pourquoi il est nécessaire et légitime de créer une Chambre consulaire pour les associations.

On parle beaucoup de la démocratie participative et on en parle parfois à tort et à travers. Je crois que, comme la famille est la cellule de base de la société, l’association doit devenir l’unité de base de la citoyenneté.
La Réunion demandera au gouvernement le droit d’expérimentation et, une fois encore, La Réunion fera preuve d’initiative et fera preuve d’exemple. Comme Maud Fontenoy remonte le monde à contre courant, et Dieu sait si en ces heures difficiles ce symbole prend toute son épaisseur, nous remonterons à contre courant le sens ordinaire des consignes qui viennent de Métropole et si ça marche à La Réunion, ce sont tous les départements et toutes les régions de France qui auront leur chambre des associations.
Pour terminer, je voudrais vous offrir une citation du Docteur Raymond Vergès.
« Le roc de notre patrimoine est taillé dans cette multitude de vertus obscures qui n’ont pas besoin pour s’épanouir de l’appât des récompenses. »
C’est une magnifique définition du bénévolat. Ça pourrait devenir une belle devise pour la première chambre des associations de France, celle de La Réunion.



À chaud... réactions et commentaires

• Ermina TIBER, Saint-Denis

« Sé in bon rénion pou sort dan lornier »

A 82 ans, Ermina a la jeunesse de ses batailles. Toute jeune, sa grand-mère l’a mise dans le combat que menait Paul Vergès en lui disant que Paul « suivrait certainement les pas de son père », celui qui l’avait plus d’une fois soignée sans rien lui demander. Ermina a des souvenirs qui l’emmènent dans La Réunion des années 40 : la famine, la mortalité, la grande misère... « Apré 46, nou la sort dan tousa. Nou té rèst La Montagn é maman lé mor a 33 an, en 41, en akoushan avèk dé matronn... ».
Elle a vu La Réunion changer, se moderniser. Et pourtant, elle la trouve encore “dans l’ornière” et elle est venue, comme beaucoup, entendre des propositions nouvelles. « Mi trouv, tousa lé bien. Së rénion i prouv nou pé sort dan lornièr. Sé in bon rénion politik. Tout la bien parlé, la bien fé komprann koman la éspasé lontan é sak i éspas zordi ».

• Darmapalah SEETHANEN, comité de soutien à José Bové

« Faire respecter le vote des citoyens »

Après 32 ans de militantisme au Parti Socialiste, cet enseignant est aujourd’hui militant anti-libéral, membre d’ATTAC et du comité de soutien à José Bové.
« J’ai fait ce choix parce que je pense que le PS s’est trompé en choisissant Ségolène Royal. On a vu le clivage lors de l’élection européenne : beaucoup de socialistes étaient contre. Pour gagner, nous devons nous positionner clairement à gauche. C’est vrai qu’il faut attendre que la candidate socialiste donne son positionnement, mais jusque-là, elle a donné l’image d’une dérive droitière du PS. Moi, ici, je ne suis pas venu soutenir des candidats - il n’y en a pas ! - mais comme sympathisant d’une politique. L’Alliance a indubitablement des succès à son actif, pas seulement par comparaison avec l’indigence du reste de la classe politique... Et il y a autre chose qu’il faut obtenir dans les prochaines élections : faire respecter le vote des citoyens, qui se sont prononcés majoritairement contre une Europe libérale ».

• Maurice CERISOLA, Président de l’ADIR (Association pour le Développement Industriel)

« Mettre les entreprises réunionnaises dans le coup »

« Pour moi, le problème majeur - pour les responsables d’entreprises - est la lisibilité. Là, on sait où on va pour les 10 ou 15 ans à venir. Nous connaissons notre marché, à nous de le prendre en main. Il faut une volonté de mettre les entreprises réunionnaises dans le coup. Cela suppose de se montrer à la hauteur de la situation. Après la “lisibilité”, il nous faut une “traçabilité”. Dans un plan de 15 ans, il faut pouvoir faire le point régulièrement. Il faudra des structures nouvelles pour cela. Certaines existent déjà, mais il faudra les rendre plus systématiques. Lisibilité, traçabilité, compétences - avec ce qui est annoncé pour les formations -, ce sont les 3 points majeurs gardés de ce rassemblement ».


• Michel TAMAYA, ancien Maire de Saint-Denis (PS)

« On ne peut continuer sur les avantages acquis »

« Je voulais écouter les propositions de l’Alliance. Le discours de Paul Vergès appelant à la responsabilité, au rassemblement... appelant aussi les Réunionnais à avoir une vision d’avenir... Tout cela montre qu’on ne peut continuer sur les avantages acquis ».

Jacques TECHER, ancien Maire de Cilaos

« Un mot d’ordre : La Réunion »

« C’est un rassemblement très mobilisateur. Latant ke nou lavé avan lété prési : quelle position allait prendre l’Alliance dans le débat actuel ? Cette idée de prendre nos responsabilités, porter nous-mêmes nos projets et faire nos propositions : c’est l’axe principal. Avec un mot d’ordre pour tous : La Réunion avant tout ».

• Mylène, militante du Port

« J’ai vu grandir et se développer ma ville. Aujourd’hui, mes enfants ont tout à portée de main, contrairement à nous. Je suis venue pour leur montrer l’exemple. Leur montrer qu’il faut participer et faire preuve de solidarité si nous voulons avancer. Je suis d’accord avec l’importance à donner à notre culture, pour savoir où nous devons aller. Moi-même, j’ai conscience de cette richesse culturelle, j’ai fait des recherches sur ma propre histoire et je sais que je suis issue de culture malgache, et même malaisienne. Ce que j’ai retenu des interventions, c’est surtout la nécessité de se battre pour l’éducation de nos enfants, pour un bon niveau scolaire. Alors qu’aujourd’hui, on cherche à remettre en cause les moyens accordés à l’éducation. Pour une petite île comme la nôtre, il me paraît aussi essentiel de privilégier les énergies renouvelables ».

• Elie Malbrouck, de Saint-Pierre

« J’ai trouvé bien ce que le camarade Paul Vergès à dit. Et j’espère que dans l’avenir, on portera un peu plus attention aux retraités. Surtout à ceux qui n’ont droit qu’à des petites retraites. Comment vivre avec 700 euros quand on a un loyer à payer, quand on doit se soigner, manger, payer des impôts...? On parle beaucoup de RMI, mais on doit aussi penser à celui qui a travaillé dur, qui a coupé la canne par exemple ».

Propos recueillis par Pascale David et Edith Poulbassia


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