Pour faire face au défi du chômage

D’abord tout remettre à plat

14 juin 2005

Si l’on veut - comme l’a annoncé le chef du gouvernement - accorder une attention prioritaire à la bataille pour l’emploi, puisque le Premier ministre a fait de l’emploi sa priorité, il faut commencer par tout mettre à plat à La Réunion. C’est-à-dire procéder à un examen critique de tout ce qui a été fait ou proposé et d’associer les Réunionnais à cette grande cause.

(page 2)

En dehors de deux phrases sur l’Outre-mer, l’une sur le RSMA et l’autre sur un ensemble qui "apporte à notre pays l’amitié du proche et le sel du lointain", Dominique de Villepin n’a pas dit un seul mot, dans son discours de politique générale, sur le chômage outre-mer et sur les solutions spécifiques qu’il envisage. Sans doute, dans son esprit, compte-t-il étendre dans les DOM les mesures générales qu’il préconise.
Pourtant l’expérience a démontré qu’une extension mécanique se heurte à de nombreux obstacles. La meilleure preuve réside dans les difficultés à mettre en œuvre les contrats d’avenir. Ce sont les conditions financières et leurs contraintes (formation, pérennisation) imposées pour ces nouveaux contrats qui les rendent difficilement applicables. Abusé par les promesses de deux ministres en charge de ce dossier - Philippe Daubresse et Jean-Louis Borloo - le Conseil général s’est lancé dans la réalisation d’un plan de cohésion sociale qu’il a du mal à tenir. Il a sous-estimé les réalités de terrain et plus particulièrement les réticences des maires à embaucher. Le rapport d’activités 2004 de la Chambre régionale des comptes (CRC) qui a été rendu public le 7 juin dernier, souligne la très difficile situation financière des communes réunionnaises, ce qui explique en partie la prudence des maires à recruter. On peut constater à la lecture du document de la CRC que la quasi-totalité des Mairies empruntent pour payer leurs dépenses de fonctionnement, c’est-à-dire leur personnel. Elles ont presque toutes, comme le fait d’ailleurs remarquer le CRC, un ratio dépenses de fonctionnement/dépenses d’investissement anormal. D’où la sérieuse mise en garde lancée par le président Jean Mottes qui invite les communes de l’île à "stabiliser les effectifs par un arrêt des recrutements". Devant les difficultés réelles qu’il rencontre, le Conseil général cherche à en faire peser la responsabilité sur l’autre collectivité territoriale de l’île : le Conseil régional. C’est une astuce usuelle.
La réalité de fond est bien l’inapplicabilité à La Réunion des contrats d’avenir même adaptés. Car, à la différence de la mesure générale qui préconise une période de mise en œuvre de 3 ans, le Département propose des contrats de 2 ans !
De même les mesures annoncées par le nouveau Premier mInistre, Dominique de Villepin, sont inapplicables à La Réunion. Bien que, pour l’essentiel, elles sont la reprise de dispositions comprises dans la LOOM puis dans la loi-programme pour l’Outre-mer - l’efficacité de ces mesures est contestée par la totalité des organisations syndicales de travailleurs. Ainsi, les exonérations de charge ou la défiscalisation, pour lesquelles il n’existe aucun réel bilan, sont l’objet de critiques.
Puisque le Premier ministre a fait de l’emploi sa priorité, le moment est venu de tout mettre à plat à La Réunion, de procéder à un examen critique de tout ce qui a été fait et ce qui est proposé et d’associer les Réunionnais à la définition de mesures capables de répondre au défi des plus de 30% de chômage. Cela passe par un préalable : ne pas toucher à l’existant tant que de nouvelles solutions ne soient dégagées. Cela suppose notamment la prolongation de 6 à 12 mois de l’actuel système de CES et de CEC.

J. M.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus