Contribution de Jean–Yves Dennemont

“D’autres sources d’approvisionnement pour faire baisser les prix”

30 mai 2009

Jean–Yves Dennemont, lors du 6ème Congrès du PCR, a voulu sensibiliser les Réunionnais sur leurs habitudes de consommation en faisant comprendre, grâce à un schéma du circuit traditionnel de distribution des marchandises, que pour lutter contre la baisse du pouvoir d’achat, qu’il faudrait envisager d’autres sources d’approvisionnement, comme par exemple collaborer avec les pays de la zone.

Mesdames, messieurs, chers amis, chers camarades, bonjour.

À l’ère des mass médias, des révolutions technologiques et des sociétés de consommation, l’apparition de nouveaux produits, de nouvelles technologies (comme la téléphonie) a contribué à modifier nos habitudes de consommation et entraîné des charges supplémentaires pour les ménages.
Par ailleurs, depuis maintenant deux ans, nous sommes “bombardés”, jour et nuit, d’informations sur les thématiques suivantes :

La cherté de la vie ;
Les profits importants de la grande distribution ;
La perte du pouvoir d’achat des consommateurs.

Récemment, les évènements en Guadeloupe via le LKP et à La Réunion via le COSPAR traduisaient les mêmes problématiques. Actuellement, la préoccupation de Réunionnais n’est plus seulement l’emploi. Depuis un an, les attentes des Réunionnais portent aussi sur le pouvoir d’achat. Autre élément de taille : toutes les catégories sociales sont visées.

L’objet de mon intervention, ce jour, est de vous informer et de vous alerter sur le circuit existant des marchandises qu’il incombe de repenser et de remodéliser afin de lutter contre la baisse du pouvoir d’achat des Réunionnaises et des Réunionnais. Pour ce faire, j’éviterais de tomber dans des théories complexes et des calculs sophistiqués qui peuvent masquer la réalité que révèle le simple bon sens.

Le circuit traditionnel de distribution des marchandises repose sur la combinaison de 3 acteurs :

PRODUCTEURS

CENTRALES D’ACHATS

LA DISTRIBUTION
(hypermarchés, supermarchés, discounters…)


- Le producteur du bien : au sens général, le producteur est une personne ou une entreprise qui fabrique ou contribue à produire (en tant que salarié ou investisseur par exemple) des biens ou services.

- La centrale d’achat : structure dont l’activité consiste à acheter directement aux producteurs, importateurs ou aux coopératives des biens en grandes quantités, de manière à obtenir les meilleures conditions possibles (prix, modalités de paiement, livraison…) et réaliser par conséquent des économies d’échelle. Elle dispose le plus souvent d’un statut de commissionnaire. Se substituant aux grossistes, elle revend ensuite ces biens en quantités fractionnées à ses adhérents.

- La distribution : Hypermarchés, supermarchés, discounters…

Même schéma de distribution en France et à La Réunion

En France, 7 Groupes de la grande distribution tiennent le marché français. Ces Groupes ont développé et créé leurs propres centrales d’achats qui font la pluie et le beau temps sur le marché agro-alimentaire : 90% des produits vendus en supermarché passent par elles.
Les exigences abusives des centrales d’achats de la grande distribution sont régulièrement dénoncées à la fois par les industries agro-alimentaires, les producteurs et les agriculteurs. Les pouvoirs publics essaient tant bien que mal de les encadrer, mais sans réel succès jusqu’à présent, puisque leurs moyens de pression sont très dissuasifs : ceux qui sont mécontents ne sont plus “référencés”, cela signifie que leurs produits ne seront plus distribués par les supermarchés, et donc privés de 70% du marché de détail alimentaire.

Il est donc illusoire de croire que le manque de concurrence entre les industriels de l’agro-alimentaire ou entre les enseignes de la grande distribution justifie les prix élevés des biens de consommations à La Réunion.

Par ailleurs, force est de constater que les magasins qualifiés de « discounters » s’approvisionnent également aux mêmes centrales qui se chargent “d’habiller et de travestir” les mêmes produits pour chaque enseigne.

Par conséquent, la concurrence économique est faussée : le circuit de distribution ne se résume finalement qu’à 2 partenaires : le producteur et le “distributeur/centrale d’achat”. Ce schéma de distribution en France est transposé également à La Réunion.

Collaborer avec des nouveaux distributeurs autres que les classiques métropolitains et européens

Pour lutter contre ces monopoles qui affaiblissent le pouvoir d’achat des Réunionnaises et des Réunionnais, deux pistes qui ne tiennent pas compte du modèle existant pourraient être envisagées :

La première consisterait à rétablir une véritable concurrence par la transparence en inhibant le pouvoir des centrales d’achats qui collaborent avec les gros fournisseurs une concurrence négociée.
Cette piste n’est pas un fantasme ; en Allemagne, de puissantes associations de consommateurs concurrencent directement les centrales d’achats en négociant directement avec les producteurs leur assurant un écoulement garanti de leurs productions. Ce modèle pourrait être mis en place à La Réunion.

Rappelons que l’Europe et la France en particulier est notre principal fournisseur. Plus de 70% des produits importés à La Réunion proviennent de l’Europe. A partir de là, la seconde piste consisterait à collaborer avec des nouveaux distributeurs autres que les classiques métropolitains et européens.
Il serait salutaire d’avoir une approche régionale dans nos échanges commerciaux et de favoriser et stimuler les collaborations avec les pays de la zone.
Dans le même ordre d’idées, tisser des liens économiques avec des puissances comme l’Inde et la Chine paraît indispensable et naturel au vue des liens culturels existants avec ces pays ayant participé au peuplement de La Réunion.
La quasi exclusivité des liens commerciaux entre La Réunion et la France mérite d’être levée pour permettre davantage d’échanges avec les partenaires cités ci-dessus. Cela passe par une volonté politique certes, mais également par un changement des mentalités des consommateurs réunionnais qui devront être prêts à s’ouvrir à de nouveaux produits, à de nouvelles marques méconnus à ce jour et provenant des pays de la zone.

Mesdames et messieurs, je vous remercie de votre attention.


Mardi

Sylvie Mouniata :
La valeur de notre combat au PCR.

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