Législatives dans la 1ère circonscription

Dans les bureaux de vote de Saint-Denis

18 juin 2007

Dans les bureaux de vote de la Commune Prima, La Source, Montgaillard et La Bretagne, le taux de participation était en légère progression hier matin par rapport au 1er tour des Législatives, mais pas au point de générer des files d’attentes. Certains abstentionnistes du 10 juin sont retournés aux urnes, mais il faudra attendre la clôture des votes pour savoir si leur bulletin a pesé dans la balance.

C’est un des grands espoirs de Gilbert Annette qui évaluait hier aux alentours de midi le taux de participation d’environ 5 points supérieur à celui du premier tour, à la même période de la journée. Un candidat PS qui se déclarait « confiant car je fais confiance à la qualité du travail des militants ». Le parti compte 1.000 adhérents à Saint-Denis.

Une semaine pour convaincre

Et parmi ces militants, Raphaël Ethève, un des piliers du PS, sur le terrain, qui a derrière lui 15 années de campagne dans le petit quartier de Commune Prima passées à défendre les idées de la gauche locale. Même si le taux de participation était sensiblement le même dans le seul bureau de vote de l’école Prima (17,5% hier à 10h30 contre 16% le 10 juin à la même heure), il constatait avec satisfaction un retour à l’isoloir des abstentionnistes du premier tour. « Bokou la nu voté so matin, confia-t-il. Mi koné sat la pa parti voté promié tour. Pou zot, lavé tro d’kandida, zot i préfèr atann dezièm tour ». En raison toujours des communions, comme dimanche passé, les électeurs viendront plus nombreux, selon lui, cette après-midi. Et si à 15 heures ils ne se sont pas manifestés, Raphaël ira de nouveau à leur rencontre pour éviter tout assoupissement dominical prolongé.
Cette semaine d’entre-deux tours, les militants PS n’ont d’ailleurs pas relâché leurs efforts auprès de la population. Les voitures, avec ou sans sono, arborant l’affiche de Gilbert Annette ont beaucoup tourné dans les quartiers pour rappeler au bon souvenir des citoyens l’enjeu électoral de ce dimanche. Puis, il y a eu le traditionnel porte-à-porte, mais pas de meeting de clôture tambourinant à l’image de celui de René-Paul Victoria samedi soir sur le marché forain du Chaudron. Une semaine pour convaincre, c’est dur, surtout lorsque l’on est confronté à des personnes qui n’y voient aucun intérêt. « Nana i di i sèrv pa rien alé voté, explique encore Raphaël. Nou, nou di azot i fo in lopozision lasanblé ». Cet argument sera-t-il suffisamment convaincant ? Pas si sûr. Sur le terrain, les militants du PS, comme ceux du MRA d’ailleurs, ont rencontré beaucoup de personnes fermement opposées à la reconduite du mandat du candidat UMP. Selon Raphaël, ils étaient entre 60 et 65% dans son secteur à ne pas décolérer du bilan de René-Paul Victoria, ce qui ne l’a pas empêché d’arriver en tête des suffrages dimanche dernier. « I di i vé pli Victoria akoz i may èk minisipal, soman mi oi, an rapor mon lékspérians, sé souvan sat lé kont i vot pa é sé lo mèm i soupliynn aprè ! ». Cruel paradoxe. Si tout le monde allait au bout de ce qu’il pense, on n’en serait pas là, soulignera en substance un habitant du quartier Prima, venu se joindre à notre conversation.

Des abstentionnistes refont surface

Puis arrive François, abstentionniste du premier tour, venu conduire son père à son bureau de vote, avant de se rendre à Sainte-Clotilde pour couler à son tour son bulletin. « Navé tro d’kandida pou lo promié tour, tro d’soz pou antann, confie-t-il. Maintenant, c’est plus clair : l’opinion, les propositions des deux candidats restants ». Non qu’il minore l’enjeu du scrutin, au contraire, « lé inportan », mais François avait besoin d’être relancé pour aller voter. Il ne nous révélera pas la couleur de son bulletin, mais dit vouloir « un député dynamique qui voit le développement de La Réunion pour le futur, pas un député qui ramasse l’argent, sinon on n’avance pas. Nou lé kouinsé : La Rényon sé in lil pèrdi dann loséan. Pou dévlop anou, i fo kalkil lékolozi, lékonomi, i fo nou ansort anou pou pli tar. Na pa in tuiyo lé branshé èk lézot péï, anou mèm i fo nou prépar nout fitir ». Son papa, assis à l’écouter parler, sort de sa main un bulletin chiffonné où est inscrit le nom du candidat PS. Il ne s’en cache pas et Raphaël qui le connaît de longue date sait qu’il reste fidèle à la droite. « Moin la touzour vot a droit sof inn foi pou la gosh lo tan Jean Ivoula, confie spontanément le gramoune. I anpèsh pa nou koz ansanm, èt bien ansanm », poursuit-il en montrant Raphaël qui acquiese avec un large sourire.
Employé par la commune depuis 1966, c’est par fidélité à la droite et plus encore par reconnaissance pour son travail que par conviction politique que ce monsieur aura choisi le candidat UMP. Un choix qui lui appartient comme le veut la démocratie et qui n’est pas à commenter. La seule chose qui peut être à retenir ici, c’est que gramoune de droite ou militant de gauche, au-delà des divergences politiques, quelles soient sur le fond ou la forme, un homme réunionnais reste un homme réunionnais confronté aux difficultés propres à son île et qui entretient les mêmes espoirs, a les mêmes attentes que son voisin. Après, reste à choisir celui qui sera le plus à même d’y répondre.

Stéphanie Longeras


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus