Meeting d’ouverture de la campagne de l’Alliance à Saint-Denis

« Dans un contrat, on dit la vérité »

1er mars 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

D’emblée, Paul Vergès a souligné l’importance de la période que recouvrira la mandature à venir : devant nous s’étendent quatre courtes années, pendant lesquelles La Réunion devra faire face « aux enjeux les plus difficiles de son histoire ».

Au cours de ces quatre ans se poseront simultanément les questions du destin de l’Octroi de mer, des fonds structurels européens et de la réponse aux Accords de partenariat économique (APE). Les menaces sur l’Octroi de mer font peser de lourdes incertitudes sur les ressources des communes : certaines d’entre elles retirent de cette source la moitié de leurs revenus. Une incertitude pèse aussi sur les fonds structurels, dans une Europe élargie où les pays de l’Est, économiquement et socialement sinistrés, pèsent pour être les destinataires privilégiés des ressources européennes. Enfin, les Accords de partenariat économique vont faire entrer notre pays dans une sphère de libre-échange, où la concurrence avec les marchandises et services des pays de la zone risque d’être insupportable pour les Réunionnais.
Ces problèmes posés au niveau européen et issus de la mondialisation se greffent sur une réalité économique et sociale réunionnaise fragilisée à l’extrême par la crise. La création de richesse par les entrepreneurs réunionnais traditionnels accuse le coup : signe de difficulté majeure, les sucriers betteraviers ont pris le contrôle des usines de Bois-Rouge et du Gol. Dans le domaine hôtelier, des groupes mauriciens ont confirmé leur prise d’influence en prenant par exemple le contrôle de grands hôtels, à Saint-Gilles et à Hell-Bourg. Parallèlement, le marché de l’emploi subit de plein fouet la dépression économique : aujourd’hui, notre pays compte 126.000 chômeurs ; au cours de la seule année passée, 20.000 personnes ont perdu leur emploi.

Pas de développement durable sans vaincre la pauvreté

Paul Vergès a rappelé les fléaux qui frappent la population réunionnaise : l’illettrisme, subi par plus de 110.000 personnes ; la pauvreté, qui touche 52% des Réunionnais. Les gramounes sont dans un état de difficulté tel qu’ils en sont réduits à manifester pour obtenir le paiement de leur retraite le 1er et non le 15 du mois… car ils ne peuvent tout simplement plus vivre.
Dans ce contexte, la responsabilité des politiques est immense. Le président de la Région a mis en garde contre toutes les démagogies, qui vont de la promesse en l’air de « faire du logement social » — qui n’est pas de la compétence de la Région — à la casse pure et simple des grands projets, dont le tram-train. L’urgence des urgences, a rappelé le chef de file de l’Alliance, est de vaincre la pauvreté… sans cette victoire, aucun développement durable ne sera possible dans notre pays, dont la population continue de croître.
Paul Vergès a mis en relief la vanité des propos de certains programmes, qui prétendent faire table rase du Protocole de Matignon. Conclu en 2007 par le président de la Région et Dominique de Villepin, alors Premier ministre, cet accord majeur assure à la Région Réunion un transfert économique inégalé jusque-là, qui affecte plus de 2 milliards d’euros aux grands chantiers du tram-train et de la route du littoral. Aujourd’hui, alors que souffle le vent de la crise mondiale, quelle direction régionale peut, sans mentir, prétendre demain obtenir plus, dans une période où les finances publiques connaissent des coupes sombres ?

Vérité contre démagogie : le contrat de l’Alliance

Dire cela, a lancé Paul Vergès, c’est manquer de respect à l’électorat réunionnais, c’est tromper l’électorat réunionnais. Pour la tête de liste de l’Alliance, une élection est un contrat, « et le fondement de tout contrat, c’est la confiance ». Cette conception du mandat politique est elle-même construite sur une exigence permanente de vérité. Or, c’est bien la vérité que bafouent les promesses fantaisistes dont on voit l’inflation en temps de campagne électorale. En témoigne la proposition apparue à la dernière minute de faire « 2.000 bus en site propre »… Sachant pertinemment le projet irréaliste et irréalisable, celui qui le formule agit en irresponsable.
Confiance et vérité sont au centre du contrat que l’Alliance propose à la population de renouveler. Le chantier du tram-train ; la construction de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise ; la négociation des APE, de l’Octroi de mer, des protocoles sucriers : c’est sur ces lignes majeures de développement qu’est engagée l’équipe de la Région depuis plus d’une décennie. Poursuivre sur cette voie, ou subir les régressions imposées par les démolisseurs : tel sera l’enjeu décisif de ce scrutin.

Geoffroy Géraud-Legros

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