Regards... des Réunionnais sur le Nouveau Contrat Social, Cyril Hamilcaro de l’UDF, Maire de Saint-Louis et Conseiller régional

De bonnes questions, des réponses trop vagues : La Réunion a besoin de concret

14 octobre 2006

Le Nouveau contrat social du PCR aborde divers aspects (l’environnement, l’économie, la santé, etc...). Quel(s) point(s) vous interpelle(nt) ? Et pourquoi ?

- Ce Nouveau contrat social m’interpelle d’abord parce qu’il pose les bonnes questions : l’illettrisme, le chômage, le pouvoir d’achat... Sur ces données, tout le monde est d’accord. Cependant, le Nouveau Contrat Social apporte des réponses trop confuses, même si de temps en temps, il avance des directions intéressantes. Je m’attendais à des réponses plus claires et plus fortes. Mais je n’y ai pas vu de rupture, de changement par rapport à ce que le PCR nous propose depuis des années. Le PCR veut des structures uniques pour régler les problèmes : un guichet unique pour la création de logements, sans tenir compte des disparités du territoire, un office des routes pour le désenclavement... Leur solution, c’est la centralisation. En ce sens, le document n’apporte rien de nouveau. Son seul mérite est d’être exhaustif et de poser de bonnes questions.
Ce qui m’a marqué de façon positive, c’est le principe de désenclavement de La Réunion. Le Nouveau contrat social consacre un volet très important au déplacement, il plaide notamment pour un rééquilibrage portuaire entre l’Ouest et le Sud. Ce qui rejoint mon projet, celui de développer le cabotage maritime à Saint-Louis et la plaisance à Saint-Pierre.

Qu’est-ce qui différencie votre projet, celui de votre parti, de celui du PCR ?

- Contrairement au PCR, la droite n’a pas encore élaboré de projet précis. Si la droite a une orientation libérale de l’économie, une conception institutionnelle, un modèle culturel sur lesquels elle s’appuie, le problème c’est qu’il n’y a pas de formalisation d’un projet qui servirait de socle de discussion. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’idées. Ni l’UMP, ni l’UDF, ni les divers droites n’ont à ce jour posé un projet. Mais les choses changent très vite. La jeune génération de la droite sociale et décentralisatrice se prépare et au final, il y aura un projet sur la table. L’objectif, en élaborant un projet, ne sera pas de copier sur le PCR, ni de faire balancier, mais de proposer un document sur lequel les Réunionnais pourront s’exprimer.
Quant au PCR, il est constant avec lui-même, puisque tous les 7 ou 8 ans, il propose le même projet, sans idées nouvelles. Mais au moins, il a le mérite d’établir un projet.

Que pensez-vous de l’égalité collective, telle que l’entend le PCR ?

- L’expression me paraît creuse, le concept n’existe pas. Seule l’égalité existe, alors l’égalité collective est-elle possible ? Deux individus peuvent être égaux en droit, mais la dotation par la nature fait que chacun est différent, et la différence appelle obligatoirement d’autres notions que l’égalité. Le PCR aurait pu s’en tenir à un concept moins pompeux que l’égalité collective.
Cependant, pour revenir à l’idée d’égalité, il y a évidemment des choses à faire en matière de développement économique, de rééquilibrage social, de désenclavement, mais tout ceci ne doit pas forcément être envisagé sur le mode de l’égalité entre La Réunion et la métropole.
L’objectif est de voir ce qui est bon pour les Réunionnais, sans se poser la question de ce que gagne ou pas un Métropolitain. Le PCR parle d’égalité collective, mais il n’avance pas de propositions concrètes.
Je crois que l’égalité doit être avant tout institutionnelle. Chaque région doit pouvoir présenter son propre projet de développement, en respectant le principe institutionnel.
Le PCR demande des "moyens législatifs et réglementaires adaptés à la situation", mais quels outils de développement propose-t-il ? La Réunion a besoin d’entendre des propositions, qui peuvent s’opposer, mais elle ne peut se contenter de constats vagues.

Avez-vous une question, ou plusieurs, à poser au PCR ?

- Oui. Je comprends très bien pourquoi le PCR a rédigé un projet, mais pourquoi l’a-t-il nommé Nouveau "contrat social" ? Est-ce une référence à Rousseau, au 19ème siècle, alors que l’idée de "contrat social" s’appliquait aux nations ? En parlant de Nouveau contrat social, doit-on comprendre que le PCR est disposé à faire simplement du social, distribuer de l’argent, sans avoir l’intention aussi d’en créer, en accordant une place à l’économie de production qui amène des emplois pérennes.
Comment, à partir de ce document, le PCR compte-t-il discuter avec ses alliés et ses adversaires, si les propositions ne sont pas concrètes ?
Comment compte-t-il changer la vie des familles réunionnaises avec ce projet ? Puisque c’est bien du changement, de l’amélioration que demandent les Réunionnais.

Propos recueillis par Edith Poulbassia


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