Après le Conseil ministériel, quelques éléments d’analyse —1—

De la revendication à la concrétisation : l’emploi pour les Réunionnais

9 novembre 2009

Vendredi dernier le premier Conseil interministériel consacré à l’Outre Mer s’est achevé par une intervention du Président de la République dont l’objectif prévoit de « repenser la relation entre l’Outre mer et la métropole ». Il a illustré ses propos par des décisions prises le matin même.

Sur de nombreux points le chef de l’Etat a repris des revendications qui ont muri au fil des luttes populaires menées par les forces vives de La Réunion.
L’emploi en faveur des Réunionnais est une demande très ancienne et quasi unanime. Il y moins de 15 jours, l’Alliance des Jeunes pour la formation et l’emploi a rendu public un extrait des débats au Sénat où M. Doligé révélait que sur 1.000 recrutements annuels dans l’Éducation nationale à La Réunion, seulement 100 étaient occupés par des Réunionnais, alors même que nous avons beaucoup de diplômés. D’après lui, c’est le Recteur qui lui a donné cette précision. Cette information avancée par Gilles Leperlier a fait l’effet d’une bombe dans la Réunion entière, en particulier chez les jeunes diplômés au chômage.
On reste confondu devant le silence de plomb qui entoure une telle injustice depuis tant d’années, et aux conséquences incalculables sur l’embauche des Réunionnais.
En partant du ratio ci-dessus, et en considérant les 20 dernières années, cela fait 18.000 emplois perdus pour les Réunionnais. Si on devait faire la transparence sur l’ensemble de la fonction publique, la perte dépasserait les 25.000. En se projetant sur les 20 prochaines années, c’est à dire lorsque notre île hébergera un million d’habitants, si rien n’est fait, la perte sera identique, en tout cas pas moins de 20.000 ! Au total, cela fait environs 45.000 postes sur les 2 périodes considérées. Dans un pays qui connaît une pénurie d’emploi de 30%, 3 fois plus élevée qu’en France, le statu quo a assez duré.
Les générations qui viennent auront tout loisir pour dénoncer l’immobilisme ambiant car cette juste revendication s’est toujours heurtée à un conservatisme des plus tenaces. Le plus honteux des arguments, c’est de taxer les militants de cette cause d’anti-métropolitains, voire tout simplement d’anti-Français, alors même que la cohésion sociale est très menacée.
Devant cette revendication très populaire, le Président de la République pouvait-il sérieusement « repenser les relations entre l’Outre mer et la métropole » en faisant l’impasse sur cet élément de la crise de confiance ? Pouvait-il sérieusement se risquer à une crise politique en continuant à suivre les recommandations d’élus réunionnais atteints de conservatisme aigu ?
Qu’on se rappelle le tollé général soulevé par les adversaires du PCR lorsque celui-ci avait proposé de voter une loi d’expérimentation pour appliquer un moratoire sur le mode de recrutement actuel des fonctionnaires.
Certes, le Président de la République a proposé une autre variante, à notre sens moins ambitieuse, mais désormais cette revendication populaire vient d’être légitimée à un niveau jamais atteint. Pour tous les militants de la cause de justice sociale et de l’unité républicaine, la revendication est passée à la phase de concrétisation. Le rassemblement le plus large est possible pour gagner !

(à suivre)

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