François Baroin à La Réunion

De premières prises de contact

18 juillet 2005

Le nouveau ministre de l’Outre-mer arrive alors qu’au sein du camp de la majorité à La Réunion on ne croit plus à la politique gouvernementale et qu’on veut préparer des projets pour 2007 qui ne tiennent pas compte de la loi programme pour l’Outre-mer et du plan Borloo.

(Page 7)

Plusieurs signes laissaient entendre que François Baroin souhaitait réserver un traitement particulier à la situation réunionnaise. Rencontrant, dès sa nomination, les parlementaires de l’Outre-mer, le nouveau ministre avait indiqué à des élus réunionnais son intention de distinguer le cas de notre île. Après son premier séjour officiel dans les départements français d’Amérique, il faisait en Conseil des Ministres une une communication uniquement sur la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane en ne mentionnant pas La Réunion. Dans un entretien accordé à “France-Antilles” lors de son passage en Martinique il expliquait : "l’Outre-mer n’est pas une globalité. Chaque collectivité, chaque région monodépartementale a sa spécificité. Un traitement global dans la continuité territoriale est certes essentiel, un traitement spécifique adapté aux contraintes de chaque collectivité est également une nécessité".

La concertation pour plus tard ?

On pouvait penser que la visite du ministre dans notre île cette semaine aurait constitué une mise en forme de cette stratégie. Elle rappelle celle préconisée par le candidat Chirac dans le discours de Madinina où l’idée de “costume sur mesure” pour l’Outre-mer été avancée. Mais la brièveté du séjour ministériel et le programme qui lui a été construit laissent entendre que François Baroin vient ici pour de premières prises de contact. On notera notamment qu’aucune rencontre avec les partenaires de la filière canne n’est annoncée. De même n’apparait pas de contacts avec le organisations syndicales de travailleurs. À moins qu’elles fassent partie des invités reçus jeudi à la Chambre de Commerce. La concertation avec les Réunionnais pour élaborer ensemble des solutions à la grave situation sociale de l’île se fera certainement plus tard.

Des réticences

Il faut dire aussi que la tâche du ministre n’est pas facile et c’est dans son propre camp que se manifestent les plus fortes réticences.
Avare de déclarations et extrêmement prudent dans celles qu’il a faites jusqu’ici, François Baroin affirme que les armes qu’il utilisera sont la loi programme pour l’Outre-mer de 2002, les dispositions de la loi Borloo. "Mon projet politique n’est pas d’associer mon nom à une nouvelle loi, mais de faire appliquer sur le terrain les dispositions déjà existantes de la loi-programme élaborée en 2003 par Brigitte Girardin et d’y faire appliquer les nouvelles dispositions du gouvernement de Dominique de Villepin au travers le plan Borloo", déclarait-il le 27 juin dernier au “Figaro”.
Or, la majorité gouvernementale à La Réunion rechigne et traîne les pieds quant à la mise en œuvre de ces moyens.
Après avoir dit pis que prendre des contrats d’avenir -pilier essentiel de la loi Borloo- les élus de la majorité ont fait machine arrière et ont tenté de valoriser et de promouvoir le nouveau dispositif. Mais, cela est resté sur le mode du discours. La quasi-totalité des maires se réclamant de l’UMP ou de la Relève n’ont toujours pas signé de convention d’embauche de contrats d’avenir avec le Département. Deux s’y sont risqué. Le premier, le maire de Cilaos n’a recruté que... 3 contrats d’avenir. Le second, le maire de l’Étang Salé a promis d’en prendre une centaine. Il a signé sa convention dans des conditions tellement rocambolesques qu’on se demande bien s’il n’a pas été le faire-valoir d’une mise en scène.

La loi Borloo condamnée

Ces deux maires ont déjà expliqué comment ils comptent utiliser les contrats d’avenir. Ils serviront à des emplois publics communaux et au bout de deux ans, les personnes embauchées seront licenciées. Ils disent clairement qu’ils n’ont pas l’intention de respecter l’esprit même des contrats d’avenir !
Jamais on n’aura eu une condamnation aussi implicite et aussi forte de la loi Borloo.
Quant à la loi-programme, elle est la grande absente des discours officiels et militants. Pire : tirant les enseignements de leurs défaites électorales successives, les ténors du camp majoritaire (Cyril Hamilcaro, Jean-Paul Virapoullé, Nassimah Dindar) appellent à construire un projet pour La Réunion. Mais aucun ne fait référence à la loi-programme qui doit pourtant durer encore 13 ans et s’achever en 2017. Un seul en a parlé. C’est Jean-Paul Virapoullé. Mais pour dire, de manière insidieuse, qu’elle était incomplète et qu’il lui manquait un volet social ! À son habitude, le sénateur-maire de Saint-André a attendu que Mme Girardin, l’auteur principal de la loi programme, soit partie du ministère pour lui donner le coup de pied de l’âne.
Comment le nouveau ministre peut-il espérer avancer, faire valoir une politique, des actions quand dans son propre camp, certains ne croient plus en ce qu’on leur propose et a déjà la tête ailleurs -c’est-à-dire la présidentielle et les législatives de 2007- et qu’ils donnent l’impression d’abandonner Jacques Chirac avec qui François Baroin est très lié ?

J.M.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus