Les présidents des Régions d’Outre-mer dans “le Journal du Parlement”

Décentralisation : positions des présidents antillais

27 mai 2004

Dans notre édition d’hier, nous avons reproduit les points de vue de Paul Vergès et d’Antoine Karam au sujet de l’Acte II de la décentralisation. Aujourd’hui, nous donnons ceux des présidents antillais : Victorin Lurel (Région Guadeloupe) et Alfred Marie-Jeanne (Région Martinique).


Victorin Lurel, président de la Région Guadeloupe

"Nous voulons une politique de projets cohérents"

À l’heure où les urnes ont parlé, où le peuple s’est exprimé librement et massivement, il importe de mettre le cap sur la réconciliation pour faire taire les passions et faire de la Guadeloupe une terre apaisée. Car s’il y a une vérité que nous ne devons jamais oublier, c’est que la Guadeloupe n’appartient ni à un camp, ni à un parti, ni même à une majorité, elle appartient irréductiblement à tous les guadeloupéens.
C’est pourquoi, je me suis engagé avec mes colistiers, à mettre en action “La Guadeloupe pour tous”. Nous avons suscité une immense espérance et nous nous sommes donnés comme mission de la sauver car nous savons avec Dernanos que “le désespoir est la charité de l’enfer”. Sauver l’espérance, c’est avant tout impulser, au sein de l’Assemblée régionale, le changement réclamé par le peuple guadeloupéen. Un changement de philosophie politique. Un changement de méthode politique. Un changement de morale politique. Un changement qui, sans tenter les acquis du passé, ancrera notre pays dans la mer, toujours recommencée, de l’avenir. Mais aucun changement ne vaut qu’il ne repose sur des valeurs consacrées par l’éthique.
J’entends résolument inscrire l’action régionale dans la justice sociale, la solidarité, le respect de tous et de chacun, le respect de la démocratie. C’est bien à une nouvelle donne que nous convions les guadeloupéens. Une nouvelle donne qui établira un partenariat solidaire, entre le Conseil régional et le Conseil général. Les guadeloupéens ont fortement réaffirmé le 7 décembre leur attachement à l’existence de deux collectivités et nous nous devons de respecter leur volonté. Cependant, ils attendent de celles-ci qu’en lieu et place d’une logique de compétition stérile et politicienne elles pratiquent une logique de complémentarité et une logique de l’union sur les grands dossiers qui doivent relever d’une seule et même logique : la logique guadeloupéenne. Il s’avère donc indispensable et urgent de contractualiser les rapports entre le Conseil régional et le Conseil général pour le mieux-être des guadeloupéens. Il est des dossiers qui transcendent les compétences de telle ou telle assemblée et qui réclament une transversalité, une synergie, un décloisonnement. Comment dissocier par exemple l’insertion, compétence du Conseil général, de la politique de la formation professionnelle, compétence essentielle du Conseil régional ? De nombreux domaines comme la santé, le transport, le logement, la culture, l’agriculture nécessitent une approche conjointe, concertée et coordonnée pour que progresse la Guadeloupe de façon innovante.
La logique l’impose.
L’amour du pays le commande.
La démocratie l’exige.
Parce que nous ne voulons pas une politique du coup par coup, du contrecoup et du tacle, de l’inspiration subite, de l’improvisation démagogique. Au contraire, ce que nous voulons c’est une politique de projets cohérents et d’actions structurantes.
Ce que nous voulons, c’est agir en homme de pensée et penser en homme d’action.


Alfred Marie-Jeanne, président de la Région Martinique

"Accroître les possibilités d’emploi"

Par 74.860 suffrages, correspondant à 28 sièges sur 41, les électeurs martiniquais ont fait de l’alliance MIM-CNCP la première liste du Conseil régional.
Représentant à elle seule les deux tiers de l’assemblée, la liste MIM-CNCP entend assumer ses responsabilités, tout en restant fidèle à l’idée d’ouverture qui a toujours balisé mon parcours.
Elle entend poursuivre les actions de développement entreprises sous l’ancienne mandature.
Prenons quelques exemples :

- détaxe sur les carburants pour les taxis collectifs,

- construction de l’Institut aux métiers du sport,

- reconstruction de l’Institut régional d’art visuel,

- maintien coûte que coûte des travaux du TCSP (Transport collectif en site propre), malgré le désengagement annoncé de l’État,

- construction de la piste cyclable,

- soutien sans faille de la Formation professionnelle en direction des jeunes : sachez que dans 6 ans, 27% des actifs martiniquais d’aujourd’hui ne seront plus présents sur le marché du travail et que 35% des effectifs de la fonction publique seront partis en retraite. Allons nous nous laisser chiper ce potentiel de relève ?

- renforcement des outils financiers en direction des entreprises en vue du développement et de l’emploi,

- mise en place du haut débit (ADSL),

- création d’un lycée pour les métiers de la pêche et de l’aquaculture,

- dépollution avec d’autres partenaires de nos sols infectés,

- poursuite du programme pluriannuel d’investissements dans les lycées,

- poursuite du programme pluriannuel d’investissements routiers,

- poursuite du programme des énergies renouvelables,

- renforcement de la coopération.

Tels sont les quelques éléments moteurs indispensables à notre remise en ordre de marche pour démultiplier la production et accroître les possibilités d’emploi.
Pour l’accomplissement de cette tâche, il faudrait la participation de tous pour retrouver confiance en nous, et pour être plus solidaires envers nous-mêmes.


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