Demain on rase gratis

26 août 2006

"Avion, téléphone, Internet moins chers", tel est le menu alléchant proposé en première page de la plaquette du groupe de Jean-Jacques Morel et largement diffusé dans les boîtes aux lettres des Dionysiens. Cette lettre publiée avec le logo de la "Relève" va, j’en suis certain, en laisser plus d’un pantois, et il n’est qu’à lire les principaux intertitres pour se poser bon nombre de questions.
Tout d’abord : "L’égalité territoriale : Un pas vers l’égalité totale" ! À ma connaissance, le père fondateur de la "Relève", accessoirement marin pêcheur, dont se réclame M. Morel, n’a de cesse de clamer haut et fort que grâce à lui et depuis l’accession d’un gouvernement d’obédience néo-libérale, notre île a atteint l’égalité.
En continuant la lecture fort édifiante de ce pensum, il faut s’arrêter un moment sur l’édito de M. Morel qui s’intitule : "Classes moyennes : Les oubliées de la politique". Là, il faut bien avouer que lorsque l’on analyse la diatribe de ce nouveau grand chantre de la pensée libérale, il y a de quoi avoir peur. À lire M. le conseiller général ! Il semblerait que l’on se soucie trop des pauvres et que les classes moyennes soient les grands oubliés. "Même si elle n’a pas livré les effets escomptés, l’égalité sociale a permis aux plus pauvres de nos compatriotes de mieux s’en sortir", dixit M. Morel. Si l’on comprend bien son analyse, les pauvres vivraient mieux que la classe moyenne. Pour preuve, il enfonce le clou, attirant notre pitié sur cette classe moyenne qui serait clouée sur notre île faute de pouvoir se payer des billets d’avion à 1.000 euros et qui, de surcroît, n’aurait même pas droit aux L.E.S et autres avantages, sans doute qui font que l’on est tellement heureux de faire partie de la grande famille des plus démunis.

"Sarko sur la même ligne que Morel"

Lorsque l’on va plus loin dans cette plaquette, en lettre jaune sur fond rouge, on peut lire cette phrase presque irréelle : "Sarko sur la même ligne que Morel". Arrivés à ce stade de la lecture, les bras nous en tombent. En effet, en poursuivant, notre grand politique local nous fait comprendre que Nicolas Sarkozy puiserait toutes ses idées dans la pensée Morélienne : "Attention Jean-Jacques, les chevilles vont enfler". Si l’on comprend bien, entre la pensée de Morel et de Sarko, pas une feuille de papier à cigarette ne pourrait se glisser. Pour nous le prouver, ce dernier nous cite des extraits du discours de Nicolas Sarkozy du 12 juillet dernier à l’occasion de la Convention consacrée à l’Outre-mer. Mais ce qu’oublie de citer le bon Jean-Jacques, ce sont les passages où le Ministre de l’Intérieur veut donner beaucoup plus d’autonomie aux DOM, où il est dit, ou plutôt sous-entendu, que les salaires et les aides ne doivent pas forcément être calqués sur ceux de la Métropole, que les départements d’Outre-mer doivent s’aligner sur les pays environnants.
Diantre ! Morel et Virapoullé auraient-ils tourné casaque ! Je ne pense pas que le Sénateur-maire de Saint André ait été en possession de cette plaquette, ou sinon c’est à ne plus rien y comprendre. Il va être difficile d’expliquer aux électeurs qu’après avoir fait passer un amendement pour ancrer définitivement La Réunion à la France, pour qu’il soit impossible de modifier la loi pour tenir compte des spécificités insulaires, que désormais on choisit le camp d’un Sarkozy décidé à tout faire pour donner une large autonomie à nos territoires ultramarins.

Les couteaux sont tirés

La nébuleuse politique de M. Jean-Jacques Morel n’a pas fini de nous surprendre, et la suite de cette réflexion est du même tonneau. Lorsque que M. l’adjoint au maire de la commune de Saint-Denis nous dit être pour une ville à taille humaine, il y a tout de même de quoi se poser des questions. Pourquoi ce dernier continue-t-il à participer à un Conseil municipal dont il a largement contribué à l’élection ? Souvenons-nous, au lendemain du grand soir, rien n’était assez grand pour justifier la victoire de René-Paul Victoria, et avec eux, on allait voir ce que l’on allait voir ! Les commerçants dionysiens, principaux artisans de cette victoire, avaient tout lieu d’être satisfaits. Mais le bel édifice s’est écroulé et les clans se sont faits jour. Alors, lorsque dans sa plaquette, M. Morel cite Bernanos, avec une de ses plus belles réflexions : "Nous croyons qu’il y a un honneur de la politique. Nous croyons non moins fermement qu’il y a une politique de l’honneur", je me dis que l’élu dionysien n’a pas réellement conscience du fond de cette citation, car s’il allait au bout de cette réflexion, il saurait que l’honneur en politique, c’est de démissionner lorsqu’un exécutif dont on fait partie brade ses idéaux.
La suite de cette feuille de chou nous informe sur l’état de la majorité UMP dans notre département, et voici la dernière citation qui m’a interpellé : "Le Conseil général ne doit pas être au service d’un clan, d’une famille, d’un parti...", suivez mon regard ! À vrai dire, il semblerait que les couteaux soient tirés dans le chef-lieu. Tout ceci est symptomatique de l’ambiance délétère qui règne au sein de l’UMP locale et n’augure rien de bon pour les prochaines échéances. J’aimerais terminer mon propos, non pas sur les voltes faces de M. Jean-Jacques Morel vis-à-vis de ses anciens amis et surtout de la politique départementaliste, mais sur la plaquette elle-même qui est sponsorisée par diverses marques et magasins, ce qui, à mon sens, n’est pas d’une grande déontologie politique.

La machine à faux amis

Si vous suivez l’ordonnancement de cette lettre, en première page, la classe moyenne oubliée de la politique pourra réfléchir sur le cari du pauvre dans une bonne brasserie. Elle pourra tout aussi bien réfléchir au prix du billet d’avion en consultant les tarifs de transit maritime et aérien. Quant aux épouses, en surfant sur le Web, elles pourront réserver leurs places de cinéma, et pour les oubliés de M. Morel, les plus démunis, ils pourront se contenter de la dernière page et des conseils pour un régime minceur, quoi que depuis le temps qu’ils ont appris à serrer la ceinture, cette publicité devient caduque !
Alors, vive la morale en politique et longue vie à la "Relève", ce serpent de mer qui surgit à chaque nouvelle élection, cette machine à fabriquer de faux amis d’un soir de victoire !

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


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