Dérapage non contrôlé

22 juin 2006

Suite au “dérapage” du Premier ministre, avant-hier à l’Assemblée Nationale, dénonçant "la lâcheté" du Secrétaire national du Parti socialiste, nombreux sont ceux qui sont allés de leurs commentaires, plus ou moins avec des arrières pensées électoralistes. Mais, il faut faire attention quand on entend certains renvoyer dos-à-dos les protagonistes, en comparant ce duel verbal à des "chamailleries de cour de récréation".
Ne pas rester à la surface des choses et voir quelle est l’origine du différend serait plus éclairant. Sans prendre parti pour l’un ou l’autre, il faut quand même resituer l’incident.
Lors des questions au gouvernement, François Hollande interpellait le Premier ministre sur le dossier EADS, en lui demandant le rôle que l’État, actionnaire de cette société, a joué dans la nomination de son co-président, Noël Forgeard, en évoquant la vente suspecte d’actions par ce dernier. "Je vous demande, M. le Premier ministre, si vous maintenez au nom du gouvernement, votre confiance à M. Forgeard". Le Premier Ministre a préféré répondre sur un ton polémique, plutôt que directement sur le fond. "Il est des moments dans la démocratie où on ne peut pas dire n’importe quoi. Je dénonce, M. Hollande, la facilité et je dirais même, en vous regardant, la lâcheté qu’il y a dans votre attitude", a-t-il alors lancé, avant d’ajouter visiblement en colère : "je le redis : la lâcheté". Voilà, ce sont les faits et les dits.
Si à l’Assemblée Nationale, les noms d’oiseaux sont malheureusement monnaie courante, il n’en demeure pas moins que la représentation nationale est en droit d’obtenir des réponses circonstanciées aux questions qui intéressent et touchent les citoyens. En outre, il y va de la responsabilité des commentateurs de ne pas ranger au rayon des disputes infantiles, réflexe facile et superficiel, les échanges entre hommes politiques. Cette position qui met tous les politiques dans le même sac ne peut que nuire à l’institution démocratique, et en même temps, renforce tout un courant de défiance envers tous les politiques quels qu’ils soient, ce qui ne peut profiter qu’aux extrêmes.

a.i.c.


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