Dans un mois, la répétition annuelle d’un très grand scandale ?

Des centaines d’emplois vont-ils encore échapper aux Réunionnais ?

25 juin 2012, par Manuel Marchal

Alors que l’encre a à peine séché sur les copies du bac, dans un mois va se reposer un scandale qui dure depuis des années : des centaines de personnes qui ont un emploi en France vont venir occuper des postes dans un pays où 60% des jeunes sont au chômage, dont de nombreux diplômés qui ne demandent qu’à travailler pour leur pays.

Dans son édition de samedi, "Témoignages" a dévoilé les données très inquiétantes d’une étude de l’INSEE. En 2010, 69% des jeunes sortis de l’école avant 25 ans sont au chômage, et parmi eux 23.000 n’ont aucun diplôme, soit la moitié. Avec la croissance de la pénurie d’emploi au cours de ces deux dernières années, il est difficile de croire que la situation ait pu s’améliorer. Le problème de l’emploi des jeunes est donc le prochain qui va se poser au cours des semaines à venir.
Car dans notre pays, une formation supérieure de haut niveau ne suffit pas pour se protéger du chômage, loin de là. Mais dans un mois, comme tous les ans, des centaines de personnes qui ont un travail en France vont débarquer pour occuper un poste à La Réunion.
Pourtant, chaque année, le nombre des Réunionnais ayant la capacité d’occuper ces postes augmente. Notre île arrive désormais à avoir le même taux de réussite au bac que les autres Académies en France, il existe une Université, mais chaque année c’est le même scandale.

Mobilisations devant des chantiers

Pourtant, au cours de ces 12 derniers mois, l’actualité a pu noter deux mobilisations pour l’emploi des Réunionnais à La Réunion. Il y eut tout d’abord celle du chantier de la centrale thermique du Port. Des centaines de travailleurs venus d’Europe sont venus construire une centrale électrique, alors qu’il est clair que si des Réunionnais avaient été formés, ils auraient pu eux aussi occuper ces postes.
Plus près de nous, c’était le chantier d’une ferme photovoltaïque à La Plaine des Cafres. Une centaine d’ouvriers venus d’Europe montent des panneaux solaires, alors que ce travail peut être fait par des Réunionnais.
Ces deux mobilisations ont un point commun, elles concernent l’emploi sur des chantiers, ce qui signifie que quand les travaux seront finis, les travailleurs retourneront en Europe.
Mais ceux qui vont arriver par centaines dans un mois ne seront pas là que le temps d’un chantier de quelques mois.

Que vont faire les députés de La Réunion ?

La nature des emplois sera différente puisqu’ils sont durables. Leur employeur, l’État, paie leur billet d’avion, leur déménagement et leur verse une prime majorant de 53% leur salaire pour acheter la vie chère.
C’est à ce moment-là que des milliers de jeunes qui auront quitté l’école vont demander un emploi, et parmi eux de nombreux diplômés. Ces derniers ne demandent qu’à servir leur pays, mais du fait du mode de recrutement des enseignants du secondaire à La Réunion, cela leur est très difficile. Et ils voient donc arriver chaque année des centaines de personnes qui ont déjà un emploi ailleurs, et qui viennent occuper un emploi durable à La Réunion.
Va-t-on encore prolonger ce scandale qui dure depuis des années et des années ? Que vont faire les députés de La Réunion ? Vont-ils y mettre fin ?

M.M.

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Messages

  • Malheureusement, j’ai bien peur que les socialistes préfèrent gérer la crise que de la combattre.

  • Je suis d’accord sur la constation de la crise de l’emploi, de la préférence métropolitaine, voire européenne, dont les Réunionnais, surtout la jeunesse, sont victimes de discriminations, d’injustice et d’inégalités. Que le seul espoir que nos institutions leurs conseillent c’est l’exil pendant que la plupart des nouveaux postes privés et publics sont accordés aux Métros.
    Cette situation n’est pas récente. Elle découle de la colonisation, d’une départementalisation néo-coloniale et féodale. Ce système doit cesser. Les chaînes d’un nouvel esclavage et d’aliénation mentale doivent être brisées.
    Les élus locaux ne sont-ils pas responsables de ce phénomène ? Ne sont-ils pas coupables de se servir de cette féodalité aux services des monopoles, de profiter d’un confort matériel et alimentaire pour eux, leurs familles et amis dans cette société ?


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