Célébration du 14 juillet : à Sainte-Suzanne...

« Des espaces de liberté restent à conquérir »

16 juillet 2007

Samedi dernier, au nom de la population de Sainte-Suzanne, du Conseil municipal et en son nom personnel, le maire, Maurice Gironcel, a prononcé un discours pour célébrer la Fête nationale, dont le message souvent occulté, oublié et non respecté. Nous en présentons ci-dessous quelques larges extraits

« 218 ans après la prise de la Bastille, à La Réunion, des espaces de Liberté restent à conquérir. En 1789, un peuple s’est levé pour se révolter contre un régime qui n’était pas acceptable. La France des rois, c’était la reconnaissance de l’inégalité, du privilège de la naissance, du maintien en l’état d’une société, sans possibilité de progrès.
À La Réunion, en 1789, c’était le règne de l’esclavage.
Qui aurait pu croire que cette révolte allait devenir la Révolution qui allait changer le monde ?

Liberté, Égalité, Fraternité

Force est de constater que ce sont les valeurs de ceux qui ont pris la Bastille le 14 juillet 1789 qui sont aujourd’hui la devise de notre République. Ce sont la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.
Liberté, car la Révolution française a marqué pour des centaines de milliers d’esclaves un espoir : celui d’être reconnus comme des êtres humains. C’est pendant la Révolution qu’eut Iieu la première abolition, qui ne put être appliqué à La Réunion du fait de la puissance des forces conservatrices et à cause des faibles moyens de la République de l’époque.
Égalité, car en France, la Révolution mettait fin à ce que l’on croyait inscrit dans le marbre pour l’éternité : le privilège de la naissance.
Fraternité car la première commémoration officielle du 14 juillet en France s’appelait la Fête de la Fédération. Elle couronnait de nombreux efforts visant à réconcilier tous les Français, pour aboutir à une Nation indivisible à l’abri de la guerre civile.

Un sens particulier
pour les Réunionnais

Pour nous à La Réunion, cette commémoration a un sens particulier. L’Histoire nous enseigne combien nous devons œuvrer, lutter pour que ces espaces de Liberté, d’Égalité et de Fraternité nous soient reconnus à nous, Réunionnais, pourtant citoyens à part entière de la République.
Il fallut une deuxième Révolution en France pour qu’en 1848 soit reconnu à la majorité des Réunionnais le statut d’êtres humains, le 20 décembre, Fête réunionnaise de la Liberté.
Quant à l’Égalité, vous savez tous quelle reste toujours un combat permanent. Rappelons-nous les combats de nos aînés pour obtenir l’application de la loi, celle du 19 mars 1946, qui a fait de La Réunion un département et qui disait ceci : “Les lois et décrets actuellement en vigueur dans la France métropolitaine et qui ne sont pas encore appliqués à ces colonies feront, avant le 1er janvier 1947, l’objet de décrets d’application à ces nouveaux départements.(_)”.

Poursuivre le combat
de Lucet Langenier

Depuis des décennies, nous luttons pour que cette loi du 19 mars 1946 reconnaissant l’Égalité soit appliquée. Souvenez-vous de l’égalité du SMIC, c’était en 1996, près de 20 ans après sa création. Rappelez-vous le RMI : l’égalité date de 2002, soit 14 ans après sa mise en place. Vous avez aussi en mémoire tous les combats qui a fallu mener pour qu’à La Réunion, nous puissions avoir droit aux allocations familiales comme en France.
La Fraternité, c’est un des mots d’ordre de la commune depuis l’élection de notre regretté camarade Lucet Langenier à sa tête voici 27 ans. Nous avons souligné combien il est important de poursuivre la politique de développement et de modernisation de Sainte-Suzanne qu’il a lancée.

Des jeunes se lèvent

Cela passe par œuvrer quotidiennement pour que nous puissions tous nous rassembler pour gagner cette bataille. Une lutte qui met en exergue l’importance de renforcer au sein de la commune la cohésion sociale et le lien entre les générations. Car nous ne pourrons réussir que si nous sommes unis comme des frères de combat et des sœurs de lutte.
Je suis heureux de voir que dans la commune, des jeunes se lèvent pour reprendre le flambeau de cette belle lutte afin de faire triompher les valeurs que nous ont léguées les ancêtres dont nous commémorons aujourd’hui le combat. ».


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