Nouvelle illustration de la nécessité du changement

Des milliards de l’État et pas de développement

13 juin 2015, par Manuel Marchal

Lors de sa deuxième journée à La Réunion, le Premier ministre a mis l’accent sur l’argent dépensé par l’État dans notre île : entre 4 et 5 milliards d’euros par an. Malgré cela, la crise s’aggrave de jour en jour, ce qui illustre bien que cette somme considérable n’est pas justement utilisée.

Manuel Valls hier à Gillot. Il y a déclaré que l’État dépensait à La Réunion plus de 4 milliards pour soutenir l’emploi et la croissance.

Le second jour de la visite de Manuel Valls a beaucoup insisté sur le rôle de l’État à La Réunion. C’était tout d’abord dans les thèmes des visites. La présentation d’actions financées en partie par Paris : contrat de ville, plan logement. La visite d’une entreprise subventionnée par la défiscalisation. L’inauguration d’un bâtiment de l’aéroport géré par une société dans laquelle l’État est actionnaire majoritaire.
C’était aussi dans les discours. Au gymnase des Camélias, Manuel Valls a dit que l’État dépensait 5 milliards à La Réunion, il l’a redit quelques minutes plus tard dans un autre discours dans l’ancienne mairie de Saint-Denis. Puis avant de s’envoler pour Mayotte, il a affirmé que l’État, c’est 4,4 milliards d’euros pour la croissance et l’emploi.

Des milliards à relativiser

Entre 4 et 5 milliards d’euros tous les ans, c’est une somme considérable. Elle est injectée depuis des années dans l’économie. Et à en croire les patrons, cela ne suffit pas. Ces derniers demandent encore une prise en charge plus grande par l’État des sommes que les entreprises doivent payer au fisc et à la Sécurité sociale.
Malgré ces milliards envoyés à La Réunion, la situation du pays ne s’améliore pas. Force est de constater que cet argent public repart vers la France sous forme de profits privés. En effet, une partie de l’argent des transferts publics est essentiellement versé sous forme de revenus pour des personnes exclues du travail par le système économique, pour des agents de l’État. Une partie de ces sommes sont dépensées dans des services appartenant à des groupes privés français. Quant aux subventions versées pour l’investissement aux collectivités, une partie retourne en France dans la valise des profits réalisés par les filiales des groupes français qui obtiennent des marchés publics.
C’est pourquoi l’annonce de ces milliards doit être relativisée. Il serait intéressant de savoir quelle est la part de cette somme qui retourne en France.

Pourquoi pas la globalisation ?

Le PCR a proposé que les sommes versées par l’État à La Réunion soient globalisées et gérée à La Réunion par des Réunionnais. Cette proposition est toujours d’actualité. En effet, le modèle actuel a généré les résultats suivants : plus de 175.000 demandeurs d’emploi, près de 60 % des jeunes au chômage, plus de 20.000 familles exclues du logement social, la moitié des Réunionnais sous le seuil de pauvreté, 120.000 illettrés. Une gestion réunionnaise de l’aide globalisée ne pourrait-elle pas permettre de sortir de cette situation sociale « hors norme » ?

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Messages

  • Bien d’accord avec votre analyse. On ne peut pas dire que l’Etat n’aide pas notre île, nous demandons énormément de subventions car nous attendons que toutes les solutions viennent de Paris, et selon moi c’est un tort.

    Il est évident que l’argent de l’Etat est mal géré et c’est là notre problème éternel. Quand on voit par exemple ce que la Région Réunion fait avec l’argent public actuellement on comprend vite que nos problèmes sont dus à une mauvaise gestion locale des aides nationales et européennes, qui pourtant sont nombreuses et pourraient réellement permettre d’améliorer notre quotidien.

    Je partage aussi votre avis sur le fait que cette aide globalisée devrait être gérée localement, mais encore faut-il mettre ces aides entre les bonnes mains pour qu’elles servent vraiment les intérêts de la population et de l’économie locale, ce qui n’est pas vraiment le cas aujourd’hui malheureusement.


Témoignages - 80e année


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