70e anniversaire de la révolte de 1947 à Madagascar

Des Réunionnais au rendez-vous de l’histoire et de la solidarité avec Madagascar

1er mai 2017, par Manuel Marchal

Samedi à la Ravine des Cabris, l’association Réagies a présenté un premier bilan de l’action de solidarité du mois de mars à Madagascar. À l’invitation de l’AKFM, une délégation réunionnaise avait participé aux commémorations du 70e anniversaire de la révolte de 1947.

La délégation de Réagies partie à Madagascar a remis au PCR deux affiches réalisées dans la Grande île à l’occasion du 70e anniversaire de la révolte de 1947. Paul Vergès est sur l’une d’elles.

Du 23 au 30 mars 2017, une délégation réunionnaise était présente à Madagascar pour participer aux commémorations du 70e anniversaire de la révolte de 1947. Chez nos voisins, la date du 29 mars est un jour férié. C’est en effet le 29 mars 1947 que des Malgaches ont lancé une révolte à Moramanga en attaquant une caserne de la gendarmerie. Le mouvement s’est ensuite étendu dans plusieurs régions de l’Est de Madagascar. Ces patriotes s’étaient levés contre l’exploitation coloniale qui dominait le pays depuis son annexion par la France en 1896. La révolte a été durement réprimée. Le bilan officiel établi dans un rapport du Parlement français fait état de 89.000 morts, sans doute est-il bien plus élevé.

La révolte de 1947 a été une date importante. Elle a vu s’intensifier la solidarité entre les progressistes réunionnais et les Malgaches. L’Union des femmes de France de La Réunion ainsi que la Fédération communiste de l’île ont alors multiplié les actions de solidarité avec les Malgaches victimes de la répression. À Paris, les députés réunionnais Raymond Vergès et Léon de Lépervanche ont mobilisé leurs collègues contre le sort réservés aux trois députés du Mouvement démocratique pour la Rénovation malgache (MDRM) désignés responsables de la révolte par la justice coloniale et condamnés à mort. Dans cette lutte est né le Comité de solidarité de Madagascar dirigé par Gisèle Rabeasahala, et l’AKFM, Parti du Congrès de l’indépendance de Madagascar. Dans la Grande Île, le 70e anniversaire de la révolte de 1947 est donc un événement considérable. La participation de La Réunion à ce moment historique a été rendue possible grâce au travail de l’association Réagies.

Simone Yée Chong Tchi Kan et Ghislaine Cataye ont rappelé les actions de Réagies.

« N’oubliez jamais l’histoire »

Ce samedi au Kabar-Bitation à la Ravine des Cabris, l’association Réagies a fait un bilan de cette action qui s’inscrit dans une série de trois actions. La première avait été l’organisation le 4 décembre dernier à Saint-Leu d’une journée de sensibilisation historique sur le thème de la révolte de 1947. Simone Yée Chong Tchi Kan, présidente de Réagies, a rappelé que 238 personnes avait payé 20 euros pour participer à cette action. Le second temps fort était d’aller se rendre sur place pour se rendre compte de ce qu’était la révolte de 1947 et sa répression. Ce travail fut accompli par une délégation de 17 personnes qui était à Madagascar du 23 au 30 mars. La 3e manche se déroulera en septembre, a poursuivi Simone Yée Chong Tchi Kan, avec l’accueil à La Réunion d’une délégation malgache.

Deux membres du Parti communiste réunionnais faisaient partie de la mission à Madagascar dont Ary Yée Chong Tchi Kan, secrétaire aux relations internationales. Ce dernier a souligné l’aspect historique, car des Réunionnais servant dans l’armée française ont participé à la répression de 1947 et donc dans l’esprit des anciens combattants malgaches, « les Réunionnais sont complices ». « Comment allions-nous être perçus ? », d’où un discours prononcé devant les vétérans de Moramanga intitulé « n’oubliez jamais l’histoire ». Ary Yée Chong Tchi Kan a rappelé que les exactions subies par les Malgaches en 1947 sont comparables à celles vécues par les Français lors de l’occupation de leur pays pendant la seconde guerre mondiale. Le secrétaire du PCR indique que trois objectifs ont été atteints : « se désolidariser des actes du colonialisme français ; exalter la solidarité anticolonialiste ; examiner l’opportunité d’un mouvement progressiste indianocéanique ».

Propositions d’action

Il fit alors plusieurs propositions d’action. Tout d’abord une rencontre à Madagascar avec d’anciens étudiants malgaches qui ont fait leur formation universitaire à Cuba. Ceci pourrait être fait avec le soutien de l’association La Réunion-Cuba. Un autre projet est l’organisation d’une conférence sur l’impact de la croissance démographique de Madagascar, qui comptera 40 millions d’habitants dans une génération. La délégation a également eu un échange très intéressant avec la direction de l’agence Anta, qui est d’accord pour une collaboration en sachant qu’Anta a numérisé des milliers de photos relatives à la révolte de 1947. Une autre action suggérée est l’organisation d’un forum des journalistes de l’océan Indien. Des contacts doivent être pris dans ce sens avec l’Ordre des journalistes de Madagascar, à partir des liens renoués entre Témoignages et le journal de l’AKFM, Imongo Vaovao.

Enfin, Ary Yée Chong Tchi Kan a insisté sur l’idée d’un Forum des îles, qui sera l’occasion de renforcer les liens entre les organisations progressistes de notre région. Ce forum peut apporter une alternative à la Commission de l’océan Indien, organisation d’État, qui montre depuis longtemps ses limites.

Réagies présentait samedi le bilan du séjour d’une délégation à Madagascar.

Rendre possible un avenir commun

Maurice Gironcel, secrétaire général du PCR, a ensuite évoqué les actions menées par Sainte-Suzanne dans le domaine de la coopération avec la ville de Moramanga. Il a annoncé un renforcement des liens avec la présence prochaine dans la Grande île d’une délégation de sa commune afin de participer à des actions dans les domaines de l’éducation et de la santé.

Des membres de la délégation de Réagies ont ensuite pris la parole pour souligner ce que ce séjour à Madagascar leur a apporté sur un plan personnel. Pour chacun d’entre eux, ces 7 jours à Madagascar ont changé leur vie.

Elie Hoarau a conclu les interventions en soulignant combien les destins de La Réunion et de Madagascar sont liés. C’est pour rendre possible cet avenir commun qui fera avancer ensemble ces deux peuples que le PCR continuera à lutter.

La délégation a ensuite remis au PCR un cadeau ramené de Madagascar. Ce sont deux affiches d’une exposition réalisée par le Comité de solidarité de Madagascar à l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la révolte de 1947. Les membres de la délégation ont cotisé pour financer la réimpression de deux affiches qui ont été remises solennellement samedi à la direction du Parti communiste réunionnais.

Après les prises de parole, un repas solidaire a conclu cette action de l’association Réagies.

M.M.

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