Thierry Sam-Chit-Chong, Michel Vergoz et les changements climatiques

Deux tonneaux vides*

21 décembre 2004

(Page 2)

Dans un dossier consacré aux changements climatiques, le “Journal de l’île” du 17 décembre dernier constate que "À La Réunion, Paul Vergès semble désespérément le seul élu à occuper le terrain environnemental". Le journaliste rappelle que "pas une conférence, pas un discours, sans que le responsable de la Région ne s’en aille de son laïus sur ces termites qui ont franchi La Loire, ces vins du Sud que le Nord pourra bientôt cultiver, ces poissons tropicaux que l’on retrouve en baies de l’Écosse... Initiateur de l’Observatoire national des effets du changement climatique (ONERC) dont il est le président, l’homme n’a de cesse de se professer chantre défenseur de la cause climatique".
Le “JIR” donne ensuite la parole à deux élus de l’opposition. Pour Thierry Sam-Chit-Chong, "Il faut arrêter de considérer les hommes comme une espèce nuisible pour la planète. Ainsi Louis Aragon estimait à l’arrivée du chemin de fer que le sang des voyageurs gèlerait dès 40 km/h. Heureusement que personne n’y a cru !" Pour l’élu saint-louisien, les paroles de Paul Vergès, "détournent l’attention des gens sur les réalités et son incapacité à mener à bien le développement de l’île. On ne peut plus se contenter d’un exposé des problèmes, il faut donner des solutions !"
De son côté Michel Vergoz affirme : "la maîtrise de la consommation d’énergie fossile pour la production d’électricité, ainsi que celle de l’utilisation d’énergie propre à grande échelle sont essentielles. Le développement de la co-génération, comme l’ouverture à l’importation d’un carburant moins polluant (G.P.L.), sont des réponses, hélas, jusqu’ici seulement effleurées (...) Rien de plus normal que le président d’une collectivité régionale s’occupe de ces questions primordiales touchant aux conséquences négatives de l’activité humaine. Mais les actes sont des témoignages bien plus dignes de foi que les paroles. Ils servent la crédibilité politique", affirme l’élu socialiste.
Un proverbe chinois dit : "lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt". Ce proverbe s’applique malheureusement en de nombreuses circonstances à La Réunion, à commencer par le sujet évoqué par le Journal.
Les déclarations de Thierry Sam-Chit-Chong font partie de ce genre d’inepties dont on se demande parfois si elles valent la peine d’être relevées. Le changement climatique est désormais une donnée incontestable découlant directement de l’activité humaine. Ce constat est unanimement partagé.
Les différentes rencontres “au sommet”, telle celle de Kyoto, qui se sont succédé ces dernières années, ont vu les hommes rechercher les moyens d’enrayer le phénomène.
Dans de nombreux domaines, les effets pervers du changement climatique sont si évidents que de nombreux scientifiques de par le monde se sont mobilisés afin d’en définir les causes et d’en déterminer tous les effets. Enfin, il est aujourd’hui reconnu que les petites îles seront les principales victimes des changements climatiques. S’intéresser au problème ne revient pas à détourner l’attention sur la question du développement de l’île comme l’affirme l’élu saint-louisien. Bien au contraire, il est indispensable d’anticiper afin de prévoir autant qu’il est possible les effets des cyclones sur l’habitat réunionnais, il faut mesurer ce que seront les effets de la houle avant de proposer une solution alternative à la route du littoral ou construire la plage de Saint-Denis. Il faut mesurer ce que seront les effets d’un climat plus chaud sur toutes nos productions agricoles, dont celle de la canne.
De son côté, Michel Vergoz qui a découvert l’existence du G.P.L. pendant la campagne des régionales, s’accroche à ce produit. Il oublie de nous expliquer pourquoi, en cinq années d’exercice, le gouvernement Jospin n’a jamais trouvé le temps d’inscrire le G.P.L. au nombre de ses priorités. Or Michel Vergoz nous répète qu’il attend des actes.
Comme si toute la politique de développement durable impulsée depuis des années par le président de la Région n’était pas des actes. Le bilan est pourtant éloquent : campagne en faveur de l’économie d’électricité ; soutien à l’installation des chauffe-eau solaires (La Réunion a elle seule en installe chaque année plus que tous les départements métropolitains réunis), la construction d’équipements (lycées, écoles) à haute qualité environnementale, etc. Les perspectives aussi sont intéressantes : rendre La Réunion autosuffisante en ressources énergétiques d’ici 2025, en multipliant les recherches pour adapter au contexte réunionnais des solutions dans l’éolien, le solaire, la biomasse, la force de la houle, la géothermie, etc. La Réunion est devenue un véritable laboratoire de recherche en énergies renouvelables, cette étape de la recherche étant un préalable indispensable à la mise en application.
Enfin, sensibiliser l’opinion - pas seulement réunionnaise - comme le fait le président de la Région sur les changements climatiques, appeler à mieux connaître et appréhender le phénomène et chercher ensemble des solutions est un acte constructif dont Michel Vergoz s’est toujours montré incapable. Ajoutons que la lutte contre les effets du changement climatique qui se font déjà sentir, n’est pas qu’un problème énergétique. Elle englobe de nombreux aspects exigeant la recherche de solutions globales permettant à La Réunion d’accéder à un développement durable. À ce titre, la Région-Réunion est l’une des seules à avoir adopté un “agenda 21” préconisant la mise en œuvre d’un développement durable.

J. M.

*Les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit. (proverbe)


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