Didier Robert ou Valérie Auber : deux possibilités pour succéder à Jacqueline Farreyrol

Didier Robert contre la parité pour une place de sénateur ?

7 juin 2014, par Manuel Marchal

« Après 4 ans à servir mon île au parlement, j’ai décidé de mettre prochainement un terme à ma carrière politique. » L’annonce de Jacqueline Farreyrol lance les spéculations sur sa succession. Si la présidente de l’IRT renonce à son poste de sénatrice, Didier Robert cumulera-t-il un mandat supplémentaire au risque de sacrifier la parité, ou alors renoncera-t-il immédiatement pour préserver cette conquête sociale et politique en permettant à Valérie Auber d’être la 4e sénatrice de La Réunion ? Un tel renoncement ne serait pas un précédent, Maya Césari avait montré la voie lors de la démission d’Elie Hoarau, ce qui permit alors à Younous Omarjee d’exercer son premier mandat de député au Parlement européen.

Si elle se confirme, la démission de Jacqueline Farreyrol amènera à son remplacement au Sénat. La décision prise pour sa succession permettra à toute l’opinion de savoir si Didier Robert est pour ou contre la parité. (photo Toniox)

Les élections sénatoriales de 2001 ont vu l’élection de la première sénatrice de La Réunion, Anne-Marie Payet. Un nouveau mode de scrutin s’appliquait pour les sénatoriales à La Réunion, la proportionnelle, et il imposait la parité dans les listes. Trois sièges sont à pourvoir, et les listes doivent être composées de 6 candidats, trois femmes et trois hommes, en respectant une alternance femme-homme ou homme-femme dans l’ordre des candidatures.

La résistance d’Anne-Marie Payet

La liste de Jean-Paul Virapoullé est arrivée en tête. Elle a alors eu droit à deux élus pour neuf ans sur les trois mis en jeu.

Anne-Marie Payet était seconde sur la liste conduite par Jean-Paul Virapoullé, devant le sortant Edmond Lauret. Les observateurs se souviennent d’une polémique née juste après l’élection. C’était la pression pour faire démissionner Anne-Marie Payet afin qu’Edmond Lauret puisse de nouveau être sénateur. Manifestement, la sénatrice a tenu bon car elle est allée au bout de son mandat. Elle a d’ailleurs réussi à marquer son passage au Sénat par l’adoption de plusieurs textes important pour notre île, notamment dans la lutte contre l’alcoolisme.

Didier Robert va-t-il remplacer la seule sénatrice ?

Au renouvellement de 2011, le mode de scrutin reste le même. Changent le nombre de sénateurs, 4 au lieu de 3, et la durée du mandat, réduite à 6 ans. La liste UMP est arrivée en tête. Elle a obtenu deux sénateurs : Michel Fontaine et Jacqueline Farreyrol. Le premier est maire de Saint-Pierre, la seconde était alors députée. Elle a démissionné de l’Assemblée nationale car le cumul de deux mandats de parlementaire est interdit par la loi. Le troisième de la liste est Didier Robert, dans la même position qu’Edmond Lauret dix ans plus tôt.

Moins de trois ans après son élection, la sénatrice a publié hier un communique dans lequel elle dit avoir « décidé de mettre prochainement un terme » à sa carrière politique. Cela signifie implicitement une démission du Sénat, c’est la thèse reprise par les médias.

Aucune date n’est annoncée précisément, mais l’identité du suivant sur la liste permet d’échafauder une hypothèse annoncée par le "JIR" d’hier. En cas de démission de la seule sénatrice de La Réunion, alors Didier Robert serait assuré d’être sénateur jusqu’en 2017. Manifestement, cette éventualité serait un coup porté à la parité pour assurer une position de repli au président de Région en cas de défaite aux prochaines élections. Si elle se confirmait, elle montrerait en tout cas que Didier Robert est bien loin de croire à sa possible réélection à la présidence de la Région. Autrement dit, la nouvelle route du littoral resterait à jamais du virtuel.

Didier Robert arrive-t-il à la hauteur de Maya Césari ?

Néanmoins, un autre scenario est possible. Il permet de préserver la parité. En effet, en cas de démission de Jacqueline Farreyrol, rien n’empêche Didier Robert de démissionner lui aussi pour que la suivante sur la liste remplace l’ancienne présidente de l’IRT. Dans ce cas, c’est Valérie Auber qui deviendrait sénatrice de La Réunion.

Un tel scénario s’est déjà déroulé avec l’Alliance. Quand Elie Hoarau a renoncé à son mandat de député au Parlement européen, Maya Césari était la suivante sur la liste et pouvait donc devenir parlementaire. Mais Maya Césari a également démissionné car elle ne voulait pas cumuler de mandat et préférait se consacrer à celui de conseillère régionale. C’est ainsi que Younous Omarjee est devenu député avant d’être réélu cette année.

Ce que Maya Césari, conseillère régionale de l’opposition, a fait, Didier Robert, président du Conseil régional, est-il incapable de le faire ? Autrement dit, Didier Robert peut-il être à la hauteur de Maya Césari ?

L’ex-maire du Tampon est au pied du mur de ses responsabilités. Si Jacqueline Farreyrol met fin à son mandat de sénatrice, alors tous les Réunionnais sauront si Didier Robert est pour ou contre la parité.

M.M.

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