L’autonomie énergétique cassée par le sectarisme partisan

Didier Robert et l’UMP empêchent La Réunion de rester le laboratoire des énergies renouvelables

5 octobre 2010, par Manuel Marchal

Avant le Maroc, c’est La Réunion qui était reconnue internationalement comme un laboratoire des énergies renouvelables. Mais le projet d’autonomie énergétique a été cassé par le pouvoir central afin de placer à la tête de la Région un des membres du bureau politique de l’UMP. Maintenant que Didier Robert permet au gouvernement de gérer directement la Région, plus besoin de GERRI et du photovoltaïque car le moment est venu pour l’UMP de satisfaire les intérêts du monopole des pétroliers.

« En matière d’énergies renouvelables et de réduction des émissions, c’est La Réunion qui va montrer le chemin et c’est La Réunion qui va devenir une référence pour la France et une référence dans le monde ! » : voici ce que déclarait le président de la République le 19 janvier dernier, lors d’un discours relatif à GERRI et à l’objectif d’autonomie énergétique fixé pour l’État à 2030.
Huit mois plus tard, au lieu d’augmenter de 20% le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque comme cela avait été mentionné lors du Conseil interministériel sur l’Outre-mer en novembre dernier, c’est une stratégie totalement opposée au développement des énergies renouvelables qui se met en place. Le résultat, c’est le coup d’arrêt à un gisement d’emplois.
La concertation entre la direction de l’UMP à Paris et son exécutant local Didier Robert saute d’ailleurs aux yeux. Dans son premier discours de président de Région, le premier adjoint au maire du Tampon annonce la fin de la géothermie à La Réunion. Quelques mois plus tard, le gouvernement saisit le prétexte d’économies budgétaires pour couper les ailes au photovoltaïque.
Or, depuis 1998, c’est une autre stratégie qui avait été mise en place par la Région alors dirigée par Paul Vergès.

Les ultras appellent Paris à l’aide

En 1999, c’est le mot d’ordre d’autonomie énergétique pour 2025, et par la suite la création des outils au service de cet objectif : l’ARER et le PRERURE.
Les efforts et les avancées étaient salués dans le monde. Lors d’une rencontre avec la délégation réunionnaise au sommet de Copenhague, Rajendra Pachauri, président du GIEC, a qualifié de « formidable » l’objectif d’autonomie énergétique et la stratégie mise en place pour l’atteindre d’ici 2025.
Ceci permet à notre île de devenir un véritable laboratoire des énergies renouvelables. Les dernières fiches actions du PRERURE font d’ailleurs état de plusieurs projets dans lesquels La Réunion est un éclaireur.
Mais pendant que les responsables réunionnais concrétisent peu à peu la stratégie d’autonomie énergétique, le camp des opposants au développement freine des quatre fers et appelle Paris à l’aide.
Ainsi, à partir de 2007, le pouvoir central et Didier Robert allaient tenter de récupérer tous les projets mis en œuvre par la Région pour mieux les contrôler. Le projet présidentiel Réunion 2030 devient GERRI. Mais au lieu d’accompagner les initiatives de la Région dans la marche vers l’autonomie énergétique, le pouvoir central utilise les moyens de l’État pour se placer comme chef de file dans la politique énergétique. L’objectif électoraliste de cette manœuvre est évident, il s’agit pour l’UMP de récupérer tout le travail fait par la Région dans le domaine des énergies renouvelables, et de tenter d’en tirer profit dans la perspective des prochaines régionales.

GERRI c’est fini

Et à la veille de Noël 2009, c’est un arrêté approuvant la constitution d’un Groupement d’intérêt professionnel qui est signé. Moins d’un mois plus tard, le chef de l’État réaffirme en substance le rôle que La Réunion doit jouer en tant que laboratoire des énergies renouvelables.
Avec le changement de majorité à la Région, le pouvoir central n’a plus besoin de GERRI, car avec Didier Robert, c’est un membre du bureau politique de l’UMP qui est à la présidence de la collectivité.
Le 8 juillet dernier, lors de l’inauguration du centre de stockage d’énergie intermittente de Saint-André, la fin du GIE GERRI est annoncée discrètement. S’en est fini des projets plaçant La Réunion comme terrain d’expérimentation des énergies renouvelables. Après l’arrêt de la géothermie par Didier Robert, ses amis de l’UMP coupent les ailes du photovoltaïque. Outre la fin d’un pôle d’excellence réunionnais, c’est la perspective de 15.000 emplois durables dans les énergies renouvelables qui s’éloignent. C’est aussi un cadeau formidable de Didier Robert et du gouvernement UMP aux compagnies pétrolières qui vont pouvoir continuer à faire payer aux Réunionnais une facture énergétique qui n’ira qu’en augmentant.

Manuel Marchal 

Energies renouvelablesDidier Robert

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Messages

  • Est-ce Didier Robert, Sarkozy, l’UMP, La France et l’Europe qui empêchent La Réunion de rester en tant que laboratoire des énergies renouvelables.

    Par ailleurs, vous étiez bien à cette inauguration de la ferme photovoltaïque de Pierrefonds,puisque réalisée par Nicolas Sarkozy et Didier Robert en janvier dernier.

    Neuf mois après, le temps de faire un enfant, vous l’abandonnez.

    Le peuple de la Réunion se souviendra de votre action au moment voulu.


Témoignages - 80e année


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