La visite de Sarkozy mal engagée

Didier Robert : un démagogue pris à son propre piège

16 mars 2012, par Manuel Marchal

Un mois après l’annonce de la bouteille de gaz à 15 euros, il est clair que Sarkozy ne pourra pas échapper aux problèmes posés par la population. La manœuvre de Didier Robert est tombée à l’eau.

Le 22 janvier, Didier Robert participe à la visite de Sarkozy en Guyane. De retour à La Réunion, il organise une grande première le 27 janvier : des vœux à la presse. Une grande première car il est rare d’attendre la dernière semaine de janvier pour présenter ses vœux de nouvelle année. Mais l’essentiel était ailleurs. Didier Robert venait de rencontrer Sarkozy, et il a donc annoncé son plan pour préparer la visite du candidat UMP. Au programme, il prévoit une opération de grande portée en utilisant l’argent de la Région : la baisse du prix de la bouteille de gaz.
Mais avec cette annonce, Didier Robert ouvre la boîte de Pandore et il est incapable de la refermer. Car s’il dit qu’il a de l’argent pour faire baisser le prix du gaz, c’est qu’il en a aussi pour celui du carburant. Telle est une des raisons de la revendication d’une baisse de 25 centimes par litre de carburant demandée par les transporteurs et la population.
Mais c’est un changement d’échelle, et Didier Robert est pris au piège de son opération clientéliste. Car il avoue qu’il ne dispose pas de l’argent nécessaire pour faire baisser le prix de 25 centimes, et publiquement il dit qu’il ne sait pas faire. Pour sa part, le préfet tient un discours voisin, quand il dit qu’une baisse de 25 centimes est irréaliste.
C’est à partir de là que la situation s’embrase. La population prend la rue, les émeutes se déclenchent et l’État envoie la répression.

Paris refuse la solidarité

La situation échappe alors totalement à Didier Robert et au préfet. À cela s’ajoute un autre paramètre : contrairement aux Antilles et à Mayotte où Paris avait été obligé de mettre la main à la poche, le gouvernement est mobilisé pour que l’État ne dépense pas un centime. Au lendemain de la première nuit d’émeutes, Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement, déclare que « sur la question très délicate du prix et du coût des carburants, [cela] ne dépend pas exclusivement du gouvernement, [cela] dépend essentiellement de facteurs extérieurs ». Quant au ministre de l’Intérieur, il a dit que « en ce qui concerne l’essence, les élus responsables vont faire des propositions, puisqu’il y a une fiscalité qu’ils gèrent ».
Une manière claire de se dédouaner de toute responsabilité et de dire à Didier Robert que les collectivités doivent payer à la place de l’État.
Contre toute attente, la présidente du Conseil général décide de contribuer à la baisse du prix de la bouteille de gaz. Elle donne aussi son accord au versement d’une subvention à la grande distribution pour faire baisser les prix.

Rien n’est réglé

Mais ont est loin du compte et l’opération médiatique de Didier Robert visant à tromper l’opinion pour préparer la visite de Sarkozy tombe à l’eau.
Car le président de la Région est bien incapable de tenir une baisse des prix durable, il se tourne vers les contribuables et veut prendre l’argent des communes. Mais dans un courrier qui lui a été adressé, les maires lui ont signifié qu’ils sont contre une baisse de leurs recettes sans compensation et sans concertation.
Autrement dit, à quelques jours de la visite de Sarkozy, rien n’est réglé. Toute la population réunionnaise attend donc de pied ferme le candidat UMP pour qu’il réponde aux questions que voulaient escamoter la manœuvre de Didier Robert.

M.M.

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