Concertation politique sur les retraites

Droite et Gauche septiques face au débat d’Élisabeth Borne

15 octobre 2022

Droite et gauche sont divisées sur la réforme des retraites proposée par l’exécutif à la suite de leurs discussions avec Élisabeth Borne qui a reçu le 13 octobre les chefs des groupes parlementaires, sur fond de tensions sociales.

A l’ouverture des rencontres, qui se tiennent jusqu’au 17 octobre, le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a dit à la Première ministre souhaiter une réforme, mais que "ce n’était pas une question comptable" et qu’il fallait "garantir le pouvoir d’achat de nos aînés".

"On n’a pas de problème majeur sur le critère de l’âge", mais "ce n’est pas le seul" élément à regarder, a indiqué la député LR à l’Assemblée, Olivier Marleix. Ce dernier a mit en exergue la pénibilité, les fins de carrière ou encore les régimes spéciaux.

"Une réforme des retraites, ce n’est pas une guerre contre les Français. La Première ministre doit montrer qu’elle ne fait pas cette réforme pour les marchés financiers, pour faire plaisir à l’UE, mais que c’est une réforme utile", a-t-il souligné.

Les Républicains sont donc favorables à un allongement de l’âge de départ "progressivement jusqu’à 64 ans", alors que le gouvernement veut un report de l’âge de départ de quatre mois par an, pour aboutir à 65 ans en 2031.

A l’inverse, le chef de file des députés communistes André Chassaigne a assuré être "vent debout" contre cette réforme qui aura, selon lui, des conséquences "pour les plus modestes, les plus pauvres, pour ceux qui arrivent déjà cassés à l’âge de la retraite".

Le gouvernement veut "aller au bout" de cette réforme mais "de façon plus soft" que la réforme proposée lors du premier quinquennat, et mise de côté pour cause de Covid-19, a-t-il noté.

Pour le député Fabien Roussel, ancien candicat PCF à la présidentielle, il faut l’organisation d’"un référendum projet contre projet". Ce dernier a expliqué sur le plateau de BFMTV fin septembre qu’"on peut avoir deux projets de réforme de retraite. Celui de la droite, des libéraux, de Macron. Ils sont tous d’accord : allonger l’âge de départ à la retraite. Celui de la gauche qui dit qu’il est possible de construire une retraite dès 60 ans".

Le secrétaire national du PCF souhaite un débat "dans les entreprises, sur les lieux de travail, dans les facultés" sur un sujet "aussi important". Il demande également de réaliser une réforme "progressiste" des retraites, avec comme objectif d’augmenter les pensions et d’établir l’âge de départ à 60 ans pour créer un million d’emplois pour les jeunes.

Comme le PCF, la patronne des députés EELV Cyrielle Chatelain a "acté (ses) désaccords" avec la Première ministre, jugeant "inacceptable" un recul de l’âge de départ à la retraite.

Le sénateur EELV, Guillaume Gontard, a salué ces concertations, qui sont "un gain" par rapport aux intentions initiales de l’exécutif de faire passer sa réforme dans un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Cette démarche a déplu également au MoDem de François Bayrou, l’un des alliés du président, qui a appelé le gouvernement à éviter "le passage en force".

Le député Bertrand Pancher pour le groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) a demandé qu’on "prenne le temps" et que les petites pensions et l’emploi des seniors soient "traités complètement" pour rendre la réforme "acceptable".

Pour Claude Malhuret, le sénateur d’Horizons Le parti d’Edouard Philippe, a dit pour le groupe Les indépendants, "partager le constat" et les "solutions" du gouvernement sur la réforme.

Elizabeth Borne était accompagnée du ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui mène parallèlement des discussions avec les organisations syndicales et patronales, et du ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester.

De son côté, La France insoumise n’a pas l’intention de négocier avec le gouvernement sur la réforme des retraites. D’ailleurs, la patronne des députés, Mathilde Panot, a appelé "tous ceux qui luttent contre cette réforme des retraites" à participer à la "marche contre la vie chère et l’inaction climatique", dimanche 16 octobre.

Selon elle, le recul de l’âge de départ à la retraite est "une condition non négociable", a-t-elle tranché. Les partis de gauche, plusieurs ONG et syndicalistes vont défiler le 16 octobre à Paris dans une "marche contre la vie chère et l’inaction climatique". De leur côté, la CGT, FO, Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Fidl, Unef, MNL et la Vie lycéenne appellent à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles le 18 octobre.


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