Le coût de l’irresponsabilité dans l’aménagement du territoire

Dumilé sanctionne l’absence de route de moyenne altitude dans le Sud

8 janvier 2013, par Manuel Marchal

Le passage du cyclone Dumilé continue à avoir des conséquences dans le domaine du transport. Les embouteillages permanents autour du pont de la rivière Saint-Etienne sont le prix du temps perdu dans l’aménagement du territoire du Sud.

La route des Tamarins est le premier maillon de la route de moyenne altitude. Pourquoi le projet lancé par Paul Vergès n’a pas encore été poursuivi ? Plus grand sera le retard dans la réalisation, plus important sera le prix payé par la population.

Depuis le passage du cyclone Dumilé, les radiers de la rivière Saint-Etienne et du Ouaki sont impraticables. Tout le trafic est basculé sur une chaussée de deux voies surmontant les piles de l’ancien pont du chemin de fer construit en fin 19ème siècle.

Les estimations les plus optimistes annoncent une remise en service du radier de la rivière Saint-Etienne juste avant la rentrée des classes, et l’inauguration du nouveau pont de la rivière Saint-Etienne en juin prochain.

Mais en attendant, des heures sont perdues pour aller de Saint-Louis à Saint-Pierre, ces embouteillages sont le prix du temps perdu dans l’aménagement du territoire du Sud.

Les dernières données du recensement publiées par l’INSEE montrent l’importance démographique du Sud de notre île. Les communes situées au-delà de la rivière Saint-Etienne représentent 25% de la population totale de notre pays. En y ajoutant Saint-Louis, cela fait 31% des Réunionnais qui ont un lien direct avec le pont de la rivière Saint-Etienne. Car depuis la fermeture du radier du Ouaki et la réduction sur deux voies de la traversée de la rivière Saint-Etienne, la ville de Saint-Louis est prisonnière de gigantesques embouteillages.

Un pont ne règlera pas les problèmes

La mise en service de ce nouveau pont ne réglera pas les problèmes, car il reste à réaliser l’aménagement du territoire du Sud de La Réunion, dans la perspective du million d’habitants. C’est notamment à La Rivière et au Tampon que se trouvent des disponibilités importantes pour construire les logements et les services dont auront besoin tous les nouveaux Réunionnais. Mais cette zone située en moyenne altitude souffre d’un manque de voies de communication. En effet, pour aller vers l’Ouest et le Nord, le chemin le plus rapide, c’est de descendre sur le littoral, traverser le pont de la rivière Saint-Etienne, pour rejoindre la voie express depuis Saint-Louis pour atteindre la route des Tamarins.

Pour aller de La Rivière à la ligne des 400 au Tampon, il est donc nécessaire de redescendre sur le littoral. C’est là que se situe le retard pris dans l’aménagement du territoire.

Le prolongement de la route des Tamarins

Quand le projet de la route des Tamarins a été lancé, il était prévu que cette infrastructure soit le premier maillon d’une route circulaire en moyenne altitude allant dans le Sud jusqu’aux Lianes au-dessus de Saint-Joseph. Plusieurs années avant la fin du chantier de la route des Tamarins, la livraison du pont de l’Entre-Deux inscrivait définitivement cette route de moyenne altitude dans le paysage. Une fois réalisée la route des Tamarins, il reste à construire dans le Sud la liaison entre Stella et La Rivière, le pont au-dessus du Bras de Cilaos entre La Rivière et l’Entre-deux, l’aménagement de la ligne des 400, et le prolongement de la route jusqu’aux Lianes.

La route de moyenne altitude permet de désenclaver les Hauts du Sud, et de jouer le même rôle que celui de la route des Tamarins dans l’Ouest : offrir une perspective de développement économique à une zone de mi-pente.

La perspective : l’ouverture

Cela concerne en particulier Le Tampon, une commune destinée à accueillir 100.000 habitants d’ici 20 ans et qui en a déjà 75.000, soit presque autant que Saint-Pierre. Ces 100.000 Réunionnais auront la possibilité de communiquer directement avec la route des Tamarins en passant par La Rivière et ses 20.000 habitants. Cette dernière sera également désenclavée, située à quelques minutes de Stella et du Tampon.

Tout comme la route des Tamarins, ce prolongement Sud de la route de moyenne altitude devra être capable de résister aux cyclones : plus de radiers, plus de routes coupées, et des communications interrompues uniquement par les alertes rouges.

Le passage du cyclone Dumilé et ses conséquences rappellent que ce chantier est la priorité dans le Sud. Puisse-t-il être enfin réalisé avant qu’un cyclone comparable à celui de 1948 ne s’abatte sur La Réunion.

M.M.

Plus d’un Réunionnais sur trois affecté par deux radiers emportés

Villes au-delà de la rivière Saint-Etienne Population (*)
Le Tampon 74.174
Petite-île 11.671
Saint-Joseph 36.459
Saint-Pierre 80.027
Saint-Philippe 5.142
Total 207.473

25% de la population de La Réunion

Ville paralysée par les embouteillages Population (*)
Saint-Louis 52.507
Total de la population directement concernée par l’absence d’alternative à la route des Bas259.980

31% de la population de La Réunion

* D’après les derniers résultats du recensement publiés par l’INSEE : 821.000 habitants au 1er janvier 2010

* D’après les derniers résultats du recensement publiés par l’INSEE : 821.000 habitants au 1er janvier 2010

Depuis la levée de l’alerte rouge, les conditions de circulation sont très difficiles dans le Sud : le radier de la rivière Saint-Etienne a été emporté. 
(photo Toniox)

Il n’est plus possible d’utiliser le radier du Ouaki entre La Rivière et Saint-Pierre.
(photo Toniox)

Le pont de l’Entre-Deux est le premier ouvrage d’art de la route de moyenne altitude mis en service dans le Sud.

La route des Tamarins a désenclavé les Hauts de l’Ouest. Pourquoi priver les habitants du Sud d’une telle infrastructure ?
(photo M.M.)

Le désenclavement, ce sont des créations d’emplois. Sans la route des Tamarins, il n’y aurait pas eu Logistisud.
(photo Toniox)

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