Jean-Pierre Raffarin veut désigner le président d’EDF

EDF : Une question plus importante que le verdict des urnes

6 septembre 2004

Cantonales, régionales, européennes : trois élections qui ont sévèrement sanctionné la politique ultra-libérale du gouvernement. Résultat : Jean-Pierre Raffarin reste Premier ministre. Mais pour le chef du gouvernement, sa crédibilité a davantage de chance d’être entamée s’il n’arrive pas à imposer un protégé à la tête d’EDF plutôt que par le verdict des urnes. Car sur ce sujet, il met sa démission en jeu.

En mars et en juin derniers, le verdict des urnes a été sévère pour le gouvernement et en particulier pour le Premier ministre. La sanction a été à la hauteur de la politique de casse sociale menée depuis deux ans. Pourtant, Jean-Pierre Raffarin est toujours à Matignon. Jusqu’à preuve du contraire, il n’a jamais évoqué sa démission dans les médias suite à ces cinglants revers électoraux.
Mais il semble qu’il est un sujet beaucoup plus sensible selon lui que la crédibilité de sa politique auprès des citoyens. Il s’agit de la nomination du président d’EDF. Chacun se souvient que le Conseil constitutionnel avait censuré une disposition législative qui aurait pu “recaser” à ce poste l’ancien ministre de l’Économie Francis Mer. Ce qui aurait permis de nommer à la direction générale d’EDF un proche de Jean-Pierre Raffarin : son directeur adjoint de cabinet, Jean-François Cirelli. Qu’à cela ne tienne, Jean-Pierre Raffarin mise sur un nouveau cheval : le président de Gaz de France (GDF), Pierre Gadonneix. Ce dernier s’est notamment illustré en échafaudant inlassablement une stratégie de privatisation de GDF. Un projet qui avait d’ailleurs été accepté par le ministre socialiste de l’Économie avant d’être refusé par le Premier ministre, Lionel Jospin.
C’est un "libéral sans complexe", souligne “Le Monde” dans son édition d’hier. Et si ce dernier n’est pas nommé à la tête de l’entreprise dénationalisée par le gouvernement, alors Jean-Pierre Raffarin démissionnera. C’est ce qu’affirme “Le Monde” d’hier. "Imposer le départ du président d’EDF, François Roussely, est devenu,
pour le Premier ministre, une question d’autorité, pour ne pas dire
d’honneur"
, écrit le journal parisien qui affirme que, selon plusieurs sources proches de l’Elysée et de Matignon, Jean-Pierre Raffarin met sa démission dans la balance : "Si je suis désavoué, mon autorité sera atteinte et je n’aurai plus qu’à partir".
Cette déclaration trouve son origine dans des luttes d’influences au sein de divers réseaux d’affaires et de pouvoirs, explique “Le Monde”. En effet, l’actuel président d’EDF, le socialiste François Roussely, "dispose également d’appuis précieux à l’Elysée, où ses compétences sont reconnues - et sa personnalité appréciée, dit-on, du
chef de l’État"
. De plus, "ses relations tissées en Chine y sont considérées avec intérêt, dans la perspective du développement de l’industrie nucléaire dans ce pays", précise notre confrère. Mais pour Jean-Pierre Raffarin, Francis Roussely doit partir et être remplacé par son poulain, quitte à menacer de démissionner si cette volonté n’est pas satisfaite.
Que pensez d’un Premier ministre qui estime que sa crédibilité risque davantage d’être mise en cause dans une lutte de clans plutôt que par le verdict des urnes ?


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