45 jours pour présenter des propositions pour le développement

Égalité réelle : l’incroyable silence des responsables politiques réunionnais

16 juin 2015

À part le PCR qui a publié le 22 février dernier 25 propositions pour une autre politique, et Paul Vergès qui est allé à Paris rencontrer le parlementaire chargé de mission sur l’égalité réelle, c’est le silence absolu de la classe politique réunionnaise sur cette question. À moins de 50 jours de la date butoir pour présenter leurs propositions, les partis et les parlementaires n’ont rien dit pendant la visite du Premier ministre, Manuel Valls.

Pas d’égalité réelle dans les discours de Manuel Valls et silence de la classe politique réunionnaise.

Pour le gouvernement, la feuille de route est claire. François Hollande est entré dans la bataille de la prochaine présidentielle. En 2012, le candidat du Parti socialiste avait rencontré un grand succès, avec un score record à La Réunion : plus de 71 % de suffrages. 3 ans plus tard, c’est la déception générale car le contrat entre le candidat Hollande et la population n’a pas été respecté. Partout la crise s’est aggravée. Les conséquences de la politique d’austérité ont contribué aux défaites successives des candidats socialistes aux élections municipales et départementales. Pour éviter la sanction dans moins de 2 ans, le président de la République tente de prendre tout le monde de vitesse en allant à la rencontre de ce que le PCR revendique depuis sa création : l’application d’un plan de développement pour 20 ans à La Réunion.
C’est en effet la méthode choisie par le chef de l’État pour concrétiser son concept d’égalité réelle.

De l’égalité sociale à l’égalité réelle

Le choix des mots n’est pas sans rappeler la stratégie utilisée par l’unique prédécesseur socialiste de François Hollande à l’Elysée, c’était François Mitterrand.
En 1988, François Mitterrand était candidat à sa réélection. Comme François Hollande, son premier mandat n’avait pas été à la hauteur des engagements pris. À La Réunion, une réforme institutionnelle devait s’appliquer en 1983, c’était la création d’une collectivité unique dénommée Conseil général et régional de La Réunion. La loi a été adoptée, elle a été refusée par le Conseil constitutionnelle à cause d’une erreur dans sa rédaction. Le gouvernement socialiste a alors choisi de ne pas corriger ce problème de forme, ce qui a conduit La Réunion dans la situation institutionnelle actuelle : un Conseil départemental et un Conseil régional qui coexistent sur le même territoire. Entre 1981 et 1988, le chômage avait continué d’exploser, la pauvreté ne reculait pas. Avec un tel bilan, un succès de François Mitterrand dans l’Outre-mer était bien loin d’être acquis.

Un an avant les élections, le gouvernement avait choisi d’inscrire l’inégalité entre les Réunionnais et les autres citoyens de la République dans la loi, c’était la parité. Pour sa part, le PCR revendiquait l’application de la loi de mars 1946 : l’égalité sociale.
François Mitterrand a alors décidé de soutenir la revendication du PCR. Quelques mois plus tard, le candidat de l’égalité a fait un triomphe à La Réunion, ce qui contribua à sa victoire contre le candidat de la parité.

8 mois décisifs

Aujourd’hui, François Hollande prend à son compte le mot d’ordre d’égalité réelle. Qui peut s’opposer à une telle revendication ? Pour bien montrer que l’heure est à la rupture avec le modèle actuel, la méthode choisie est d’utiliser comme base de travail les propositions des parlementaires et des partis politiques de l’Outre-mer. Chacun est mis au pied du mur de ses responsabilités : être capable de proposer en moins de deux mois une vision stratégique pour son pays sur 20 ans. L’application est prévue dès le début de l’année prochaine, quelques semaines après le vote des régionales. Cela signifie que le plan de développement sera le cadre des décisions politiques de la majorité qui sera dirigée par le successeur de Didier Robert.

Au début du mois, Paul Vergès était en mission en France. Il a rencontré Victorin Lurel, parlementaire en mission chargé de la mise en œuvre du projet du gouvernement. Le député guadeloupéen a donné le calendrier et la méthode. Dès son retour de France, le sénateur réunionnais a rendu public le contenu de ces échanges avec Victorin Lurel. Deux jours plus tard, Manuel Valls était en visite à La Réunion.

C’était donc le moment pour les parlementaires d’interpeller le Premier ministre au sujet de cette nouvelle démarche du gouvernement. Paul Vergès a été le seul à en parler à Manuel Valls, tous les autres se sont tus.

Le rassemblement pour sauver La Réunion

Ce silence interpelle. Ce qui se prépare dans les mois à venir, c’est le cadre de vie d’une génération. Tout sera plié l’année prochaine, c’est donc l’échéance la plus importante depuis 1946, date de la fin du statut colonial. La situation vient brutalement de s’accélérer, le train est en marche, il n’est pas question de le laisser passer sans rien faire.

Pour sa part, le PCR a présenté le 22 février 25 propositions pour une autre politique. Elles sont une contribution au débat. Parmi elles, cinq peuvent être le socle d’un rassemblement élargi à tous ceux qui veulent travailler à un plan de développement pour les 20 ans à venir. Le modèle actuel donne tous les jours des illustrations de son blocage. Il est incapable de faire reculer le chômage, il reproduit les inégalités dans un pays où la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Des réformes de fond sont nécessaires, et c’est d’ailleurs un constat largement partagé.

Vient maintenant le temps de l’action. Les Réunionnais arriveront-ils à surmonter les défaillances d’une classe politique dépassée pour se rassembler autour d’un projet de changement ? C’est un des enjeux des mois qui viennent.

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Messages

  • Encore faut-il qu’on cesse d’opposer les reunionnais entre eux, les plans manichénnes doivent etre rejettés et exiger sans délais des propositions concretes, réalistes pour la Réunion.
    D’ou l’impasse actuelle ou plutot la rareté des propositions de développement pour Réunion.
    L’heure de vérité est arrivé et ce de façon publique. Celles et ceux qui travaillent à faire émerger la Réunion sont à féliciter , leurs visions politiques et analyses depuis des décennies , sans interet personnel surtout, ont permis de faire triompher la cause Réunionnaise et ce devant les plus hautes instances !
    NOU LÉ PA PLIS , NOU LE PA MOIN


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