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Interview du président du PCR dans Etudes caribéennes : « Après l’ère de la liberté en 1848 et l’ère de l’égalité en 1946, il est temps d’ouvrir l’ère de la responsabilité à La Réunion » -4-
29 juillet 2023, par
Dans la dernière partie de son interview à Etudes caribéennes réalisée par Salim Lamrani, Elie Hoarau présente les principales problématiques à prendre en compte dans l’élaboration du projet, et rappelle également l’importance de « sortir de l’imitation de la consommation occidentale ».
Quelles sont les problématiques globales à prendre en compte dans l’élaboration de ce projet ?
EH : Le réchauffement climatique est une réalité indéniable. Nous commençons déjà à en subir les conséquences à La Réunion. Nous devons prendre donc un certain nombre de décisions qui contribuent à la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Les énergies fossiles, par exemple, sont l’un des plus grands émetteurs de ces gaz. Il faut donc en finir avec le tout-automobile et revenir à la voie ferrée le long de l’île, de Saint-Benoît à Saint-Joseph. Je suis heureux de constater que lorsque la Première Ministre a annoncé il y a quelques semaines que le gouvernement allait débloquer 100 milliards d’euros pour doter les grandes villes de France de RER, c’est-à-dire de voies ferrées, aussitôt la Présidente de la Région a écrit aux autorités pour que La Réunion soit sur la liste et qu’elle puisse bénéficier d’un système ferroviaire. Nous devons appuyer cette demande pour avoir un train à La Réunion et lancer une campagne de pétition, en accord avec elle.
Près de chez nous, en Afrique, il y aura bientôt 1,3 milliard d’habitants. Nous devons tenir compte de la mondialisation des échanges et être dans ce courant. En Afrique, 55 pays ont créé une zone de libre-échange. Dans le même temps, en Asie, transcendant leurs différences idéologiques, des pays comme la Chine, le Japon et l’Australie ont créé une zone de libre-échange. Ces deux grandes zones, l’une à l’Est de La Réunion et l’autre à l’Ouest, ont passé des accords commerciaux. L’Océan Indien va devenir l’espace où les échanges mondiaux seront les plus importants. Nous devons nous intégrer dans ce grand courant et faire également bouger le droit commun qui, aujourd’hui, ne nous permet pas de nous y associer. Les accords commerciaux doivent obligatoirement passer par Bruxelles.
Je me souviens que lorsque j’étais député au Parlement Européen, je me suis adressé au commissaire européen chargé du commerce international. Je lui ai dit la chose suivante : « Vous passez des accords de partenariat économique avec les pays voisins de La Réunion — Madagascar, le Mozambique, l’Afrique du Sud, etc. — sans nous demander notre avis ». Il m’a répondu qu’il avait prévenu tous les États de l’Union européenne. La France était donc au courant. « Elle devait vous représenter parce que vous êtes un Département français. Si elle ne l’a pas fait, ce n’est pas de mon fait », m’a-t-il dit. Je suis donc allé voir la Ministre des Outre-mer de l’époque, Madame Girardin, pour lui dire qu’il était inadmissible que des accords soient signés en notre nom sans que l’on soit présent. Du coup, de nombreux produits entrent à La Réunion en vertu de ces accords de partenariat économique passés avec l’Europe et nous subissons cette réalité. Il est temps que nous nous occupions de cela.
La Réunion est trop dépendante de l’extérieur d’où elle importe la quasi-totalité des produits dont elle a besoin, ce qui pose un problème stratégique vital. Comment remédier à cela ?
EH : En effet, les voies maritimes sont susceptibles d’être bloquées un jour. C’est la raison pour laquelle, le projet global doit inclure un volet important relatif à l’autosuffisance, notamment alimentaire. Nous avons les moyens de subvenir à nos besoins alimentaires, sans toucher à la production cannière qu’il faut protéger. Il y a à La Réunion 8 000 hectares de terres en friche. Il y a une variété de riz hybride, créée par des agronomes chinois, qui produit entre 10 et 12 tonnes de riz à l’hectare. Nous importons aujourd’hui 40 000 tonnes de riz par an. Le calcul est simple : avec 4 000 hectares de terres, nous résolvons le problème du riz et il restera 4 000 hectares pour la diversification.
Nous devons également sortir de l’imitation de la consommation occidentale. Quand nous étions enfants, nous mangions de la patate, du manioc et du songe, qui ont une valeur nutritionnelle bien meilleure que le riz que nous importons. Nous devons réhabiliter ces cultures.
De la même manière, l’autonomie énergétique est possible à partir du renouvelable : solaire, éolien, géothermie, hydraulique, biomasses ou énergie de la mer.
Nous devons nous mettre à l’abri des aléas internationaux et être autosuffisants. Durant la crise du Covid, certains bateaux ne rentraient plus dans nos ports. Aujourd’hui avec la guerre, certains bateaux ne viennent plus à La Réunion. Voilà ce que le projet global doit comporter. Il en va de notre responsabilité. Chacun doit apporter sa contribution, son idée, sa pierre à l’édifice, dans un esprit de consensus, dans un esprit d’avenir.
Notre jeunesse est désemparée, désorientée et ne croit plus en rien car elle n’a pas de perspectives. La jeunesse, c’est notre pays. Nos services de santé soulignent le nombre de cas de dépression et de tentatives de suicide chez la jeunesse. Il nous revient de donner une perspective d’espoir, une vision de l’avenir, à notre jeunesse. Voilà notre mission collective. Faisons un projet de développement qui protège la vie sur la planète. Tel est notre devoir.
Nous marquerons ainsi à notre manière l’histoire de notre pays. Quand les esclaves se sont révoltés, il y a eu le décret de 1848 qui a ouvert l’ère de la liberté. Nos anciens, avec Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, ont bataillé pour avoir la loi de 1946 qui a ouvert, avec ses soubresauts et ses insuffisances, l’ère de l’égalité. A nous désormais d’ouvrir l’ère de la responsabilité.
(Fin)
Salim Lamrani
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