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Interview du président du PCR dans Etudes caribéennes : « Après l’ère de la liberté en 1848 et l’ère de l’égalité en 1946, il est temps d’ouvrir l’ère de la responsabilité à La Réunion » -1-
26 juillet 2023, par
Salim Lamrani, enseignant à l’Université de La Réunion, a réalisé récemment un entretien avec Elie Hoarau, Président du Parti communiste réunionnais. Il est paru dans la revue Etudes caribéennes. « Au cours de ces conversations, Elie Hoarau, aujourd’hui Président du PCR, dresse un panorama de la situation de crise multiforme dans laquelle se trouve La Réunion et propose de construire un projet collectif et consensuel afin d’apporter les réponses nécessaires aux défis de l’île au XXIe siècle et d’ouvrir enfin l’ère de la responsabilité », indique l’auteur. La première partie de cette interview propose une analyse de la situation.
Scientifique de formation, Elie Hoarau a renoncé à sa carrière académique afin de se consacrer à la vie publique dans son île natale, La Réunion. Militant au sein du Parti communiste réunionnais (PCR), défenseur de l’identité, de la langue et de la culture de son peuple, il prend la tête du Front de la jeunesse autonomiste de La Réunion (FJAR) dans les années 1970.
En 1983, il est élu Maire de Saint-Pierre, ville qu’il dirigera pendant près de deux décennies marquant de son empreinte le territoire communal grâce à un ambitieux programme de développement et d’aménagement de la municipalité et à une politique sociale et culturelle inclusive. En plus de ses responsabilités de premier magistrat de la ville du Sud, il occupe le poste de vice-président du Conseil régional durant plusieurs années.
En 1986, son engagement en faveur de La Réunion lui permet de remporter les suffrages citoyens aux élections législatives et il devient député à l’Assemblée nationale. Suite à l’adoption de la loi de parité sociale qui prive la population de l’île de son droit à l’égalité sociale, il démissionne en 1987 en compagnie de Paul Vergès en signe de protestation contre la législation discriminatoire. Il sera réélu en 1988 et en 1997.
En 2009, il est élu député européen et intègre l’Assemblée parlementaire paritaire Union européenne/Afrique, Caraïbes, Pacifique et porte la voix et les revendications des populations ultramarines.
Au cours de ces conversations, Elie Hoarau, aujourd’hui Président du PCR, dresse un panorama de la situation de crise multiforme dans laquelle se trouve La Réunion et propose de construire un projet collectif et consensuel afin d’apporter les réponses nécessaires aux défis de l’île au XXIe siècle et d’ouvrir enfin l’ère de la responsabilité.
Salim Lamrani : La Réunion est confrontée à une crise multiforme qui a un impact profond sur ses habitants, notamment au niveau de l’emploi, du logement, de la santé, de l’éducation, de l’économie et plus généralement du niveau de vie. Quelle est la réalité de l’île ?
Elie Hoarau : Les indicateurs sont sans appel. Selon l’INSEE, nous avons un taux de chômage de 18 %, mais il faut ajouter à cela les radiations automatiques opérées par Pôle Emploi. En réalité, le taux est bien supérieur à 18 % et se situe autour de 22 %, c’est-à-dire, trois fois plus qu’en France.
A la problématique de l’emploi s’ajoute la pauvreté : près de la moitié de la population de La Réunion vit sous le seuil de pauvreté. C’est une situation très grave car la pauvreté a un impact dramatique sur la santé. Il n’est dès lors guère étonnant que nous ayons ici le taux le plus élevé d’enfants obèses. L’obésité est due au fait que les gens n’ont pas les moyens de se payer une alimentation correcte et se retrouvent obligés de se tourner vers les produits de l’industrie agroalimentaire productrice de malbouffe. On ne peut pas traiter cela par la simple pharmacopée et encore moins par la chirurgie. L’obésité est un problème social qui nécessite une réponse sociale.
Nous sommes également confrontés au problème du logement. Selon la Fondation Abbé Pierre, il y a 100 000 logements insalubres à La Réunion. A cela s’ajoute un besoin de 30 000 logements non satisfait. Pour répondre à cette demande de logement, il faudrait construire entre 8 000 et 10 000 logements par an. Savez-vous combien de logements ont été construits l’année dernière ? Àpeine 1 700. Nous ne sommes malheureusement pas prêts de régler ce problème à ce rythme-là.
Voilà en quelques mots le panorama social de notre pays, auquel il faut ajouter 116 000 illettrés sur une population de 860 000 habitants.
Qu’en est-il de la situation économique ?
EH : Notre balance commerciale n’a jamais été aussi dégradée. Nous couvrons à peine 5 % de nos importations par nos exportations. Nous ne cessons d’importer des produits pour répondre à nos besoins vitaux. Il suffit d’ailleurs d’aller faire un tour au Grand Port Est pour voir la quantité de containers vides qui illustre cette réalité de dépendance.
La situation de nos planteurs de canne est inquiétante. L’année dernière, la récolte de canne a été la plus mauvaise de notre histoire, avec à peine 1,3 millions de tonnes alors que nous étions habitués à un chiffre avoisinant les 2 millions de tonnes. Les industriels regardent ce qui est produit et s’ils estiment que ce n’est pas suffisant, ils peuvent décider de fermer les usines. On a fermé une usine sucrière dans le Nord de la France car la récolte de betteraves n’était pas suffisante. Il est fort possible qu’il en soit de même chez nous si la production de canne continue à baisser. Il est urgent de trouver une solution.
Parlons à présent de la situation politique de l’île.
EH : Aux dernières élections législatives, nous avons eu une participation d’à peine 30 %. La grande majorité de la population a choisi l’abstention. Le défi est taille : comment mobiliser le peuple sur un projet réunionnais ? Avons-nous une perspective de redressement ? Nous avons entendu les principaux responsables s’exprimer sur la situation politique de La Réunion, mais malheureusement aucun projet de sortie de crise a été présenté aux Réunionnaises et aux Réunionnais.
En janvier 2023, le Ministre délégué aux Outre-Mer est venu chez nous sans offrir aucune perspective. Il s’est contenté de dire aux planteurs : « Je ne vous abandonnerai pas ». Vaste programme ! J’aimerais faire une remarque à propos de sa visite. Souvent pour les gens de là-bas, La Réunion est un peuple d’assistés. Lors de son séjour, le ministre a pris la précaution de dire la chose suivante : « Je ne viens pas les poches pleines ». Quel est le message pour les Réunionnaises et les Réunionnais ? « Ce n’est pas la peine de tendre la main ». Jusqu’à quand allons-nous accepter d’être humiliés de cette manière ?
(à suivre)
Salim Lamrani
Docteur ès études ibériques et latino-américaines de Sorbonne Université, Salim Lamrani est Maître de conférences HDR en histoire de l’Amérique latine à l’Université de La Réunion et spécialiste des relations entre les États-Unis et Cuba. |
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