Plus de 33000 Réunionnais ont eu droit à un emploi aidé en 2014 (emploi d’avenir, CUI-CAE, CAE-DOM, CIVIS). Cela a représenté une subvention de 240 millions d’euros de l’État. Au 31 décembre, plus de 37000 personnes « bénéficiaient d’un parcours d’insertion » selon la préfecture. De plus, 4000 entreprises ont reçu 33 millions d’euros de subvention au titre du crédit impôt compétitivité emploi du Pacte de responsabilité. Malgré tout cela, le nombre de chômeur a continué d’augmenter. Fin décembre, plus de 174500 Réunionnais étaient à la recherche d’un travail, soit 5000 de plus en un an. Ces nombres illustrent l’impasse du système et la nécessité de tout remettre en cause. Dimanche, le Parti communiste réunionnais présentera ses propositions.
Des jeunes à la recherche d’un emploi se précipitent sur les rares offres disponibles.
À La Réunion, la lutte contre le chômage est la préoccupation numéro un. L’emploi est de la compétence de l’État. À ce titre, il mène depuis plusieurs années une politique dite de « traitement social du chômage ». L’État verse des indemnités aux personnes privées d’emploi, et il verse des subventions à des employeurs qui embauchent en fonction de critères précis. Cela peut être l’âge, le niveau de diplôme ou la durée de chômage.
Les emplois financés par le traitement social du chômage ont plus de 40 ans à La Réunion. Ils ont porté différentes appellation, plaçant souvent les communes en premières lignes. Le chômage de masse est apparu à La Réunion bien avant qu’en France. Il a d’abord donné naissance aux quinzaines de chômage. Puis au moment de la première alternance en France en 1981, le gouvernement socialiste a créé les TUC, travaux d’utilité collective, un emploi subventionné par l’État.
Il y eut ensuite les contrats emplois solidarités, CES, avec à leurs côtés les contrats emplois consolidés, CEC, mis en œuvre pendant le second mandat de François Mitterrand. Entre 1993 et 1995, Balladur échoue à mettre en œuvre un contrat spécifique pour les jeunes payé à 80 % du SMIC. La victoire de la gauche plurielle aux législatives de 1997 allaient engendrer les emplois jeunes, un emploi subventionné à hauteur de 80 % du SMIC par l’État, le complément à la charge de l’employeur tenu à signer un contrat de 5 ans avec un pérennisation à la clé.
Thème central de la visite de François Hollande
Le retour de la droite française à la tête du gouvernement a entraîné la transformation des CES-CEC en CAE et la fin des emplois jeunes. L’alternance de 2012 a permis de remettre sur pied un contrat réservé aux jeunes, les emplois d’avenir, un emploi jeune porteur de moins de garantie pour le bénéficiaire, et de moins de subvention pour l’employeur.
Au mois d’août dernier, François Hollande avait fait de l’emploi un fil conducteur de sa visite. C’est ce qui explique pourquoi il avait annoncé « 40000 emplois d’avenir » devant les élus de La Réunion rassemblés à la mairie de Saint-Denis. De plus, il avait fixé les nouvelles règles de financement des emplois d’avenir : 90 % à la charge de l’État. Quelques semaines plus tard, les choses étaient précisées. La participation de l’État arrive désormais à 90 % du SMIC net au lieu de 75 %, avec effet rétroactif sur tous les contrats signés. Les CAE étaient également l’objet des attentions. Venus en éclaireurs quelques mois auparavant, Michel Sapin avait annoncé 5000 supplémentaires.
La réunion du Service public de l’emploi mardi dernier a permis de faire le bilan de ces actions.
Emplois aidés en hausse, chômage aussi
Les chiffres montrent l’ampleur de l’effort. Actuellement, plus de 33000 Réunionnais ont eu un emploi aidé en 2014. Au moment où se tenait le Service public de l’emploi à La Réunion, plus de 37000 compatriotes étaient dans un parcours d’insertion. Pour cet aspect du traitement social du chômage, l’État avait mis 240 millions d’euros sur la table en 2014. A cela s’ajoutent 33 millions d’euros versés à 4000 entreprises au titre du CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) du Pacte de responsabilité.
Malgré tous ces efforts, le chômage a continué d’augmenter. Le nombre de Réunionnais à la recherche d’un travail atteint des records. Il a connu la progression suivante :
- décembre 2013 : 169029 personnes
- décembre 2014 : 174510 personnes
Les Réunionnais peuvent proposer autre chose
Si toutes ces données étaient appliquées à la population française, toutes proportions gardées, alors la France aurait plus de 10 millions de chômeurs, et plus de 3 millions de travailleurs en emploi aidé. Le gouvernement ferait-il la même politique avec de tels nombres ?
Pour sa part, le Parti communiste réunionnais est convaincu qu’une autre politique est possible. Il fait d’ailleurs des propositions concrètes dans ce sens. Le PCR les rendra publiques dimanche prochain à la salle Rwa Kaf de Sainte-Suzanne.
Les centaines de millions d’euros utilisés pour le traitement social du chômage n’arrivent pas à inverser la courbe des demandeurs d’emploi. Le préfet a rappelé que ce n’est qu’un moyen d’atténuer la crise en attendant une reprise de l’économie.
À La Réunion, cette reprise n’est jamais venue depuis plus de 40 ans. Seule une politique de relance par des grands chantiers avait permis d’entretenir l’espoir de meilleures perspectives, c’était quand Paul Vergès était président de la Région. Son successeur n’a pas poursuivi. La Réunion s’est enfoncée dans la crise. Pour les professionnels du BTP, le plus dur reste à venir. Sans remise en cause de tout le système, c’est la catastrophe assurée.
Dimanche, le PCR apportera donc sa contribution au débat dans la perspective d’une union des Réunionnais pour sauver le pays.