6ème congrès du PCR

En avant vers le développement durable de l’île de La Réunion

8 mai 2009, par Manuel Marchal

Ce 6ème Congrès du Parti communiste réunionnais s’ouvre avec un constat : le modèle économique et social en place à La Réunion ne peut pas sortir le pays de la crise. Mais quand les Réunionnais prennent leurs responsabilités, ils démontrent qu’une alternative crédible existe, et qu’elle peut améliorer significativement la situation. Cette alternative, c’est le développement durable, seule solution pour sortir de la crise et donner une perspective à la jeunesse.

Depuis plusieurs décennies, La Réunion est confrontée à une crise structurelle qui se manifeste notamment par une pénurie d’emplois. En 1967, plus de 40.000 Réunionnais subissaient un chômage total ou partiel, et sept ans plus tard, le taux de chômage était de 25%. Il est toujours le même aujourd’hui.
Cette crise suscite une inquiétude généralisée. Même le patronat, que l’on pourrait croire protégé, a organisé une manifestation devant la Préfecture l’an passé pour témoigner de sa crainte dans l’avenir.
A cette crise structurelle s’est en effet ajoutée une conjoncture défavorable. Les incertitudes quant à l’avenir de la défiscalisation, l’annulation ou le report de plusieurs chantiers importants, et le refus de permis de construire pour cause de réseau d’assainissement pas encore aux normes européennes ont provoqué d’importants dégâts dans le secteur du BTP. Résultat, en un an, le chômage a connu une croissance de plus de 10%, alors que les effets de la crise mondiale ne se sont pas encore faits ressentir dans notre pays aussi fortement qu’en Europe.
La pénurie croissante d’emplois a pour conséquence un appauvrissement de la population. Le travailleur privé d’emploi dispose à peine d’un revenu suffisant pour survivre. Or, depuis aussi des décennies, La Réunion est confrontée à la vie chère. La conjonction de cette pauvreté et de l’écroulement du pouvoir d’achat est à l’origine d’un mouvement social d’une rare vigueur dans tout l’Outre-mer.

Un mouvement social

Tout est parti à La Réunion d’une revendication portée par un Collectif de 25 associations demandant la transparence sur les prix des carburants, et une baisse de 20% du gasoil et de la bouteille de gaz. À La Réunion, ce mouvement fut étouffé par celui des transporteurs qui finirent par faire le blocus de la Région sans que le préfet n’intervienne. Cette diversion n’allait pas atteindre son objectif, bien au contraire.
Car la solution actée le 10 novembre n’allait pas signifier la fin du mouvement social. Il rebondissait en Guyane où en plus d’une baisse de 50 centimes, les Guyanais obtenait notamment de la part de l’État l’engagement à faire la transparence sur ce qu’il doit aux collectivités locales au titre de la décentralisation. Puis les Guadeloupéens et les Martiniquais obtenaient eux aussi des baisses de prix importantes. Il est à noter qu’à la différence de La Réunion, ce sont les compagnies pétrolières qui financent les baisses aux Antilles et en Guyane, avec l’aide de l’État.
Au mois de janvier, c’est en Guadeloupe que la plate-forme revendicative est élargie des carburants à une liste de demandes qui concerne toute la population. Le 20 janvier, les Guadeloupéens commencent une grève générale qui durera plus de 40 jours. Deux semaines plus tard se crée en Martinique le Collectif du 5 février, puis le lendemain, le Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion (COSPAR).
Le COSPAR établit une plate-forme de 62 revendications qui rassemble 39 organisations. À son appel, La Réunion connaît le 5 mars une des plus grandes manifestations de son Histoire. Cela permet d’arracher des négociations. Deux autres grandes mobilisation ont lieu les 10 et 19 mars. Des avancées sont obtenues sur les prix et les loyers, quant aux salaires, le COSPAR souhaite la mise en œuvre d’une solution réunionnaise, qui garantit la pérennité d’une hausse des salaires de 200 euros au bout de trois ans. Cette solution est acceptée dans le principe par le patronat. Elle est refusée par l’État. Une décision étonnante, quand on sait que face au mouvement social, le président de la République affirme la fin d’un cycle historique, les limites d’un modèle et appelle à des États généraux afin de recueillir les propositions des peuples de l’Outre-mer.

Créer des emplois

La crise actuelle montre en effet l’impuissance du modèle à résoudre plusieurs problèmes de fond auquel La Réunion est confrontée. Ce 6ème Congrès du Parti communiste réunionnais s’ouvre au moment où ce constat n’est plus seulement le résultat de l’analyse du PCR comme en 1959, mais celui d’une très large part de la population.
Et ces limites apparaissent d’autant plus grandes que si ce modèle est incapable de régler les problèmes de 800.000 Réunionnais, comment pourrait-il le faire pour un million en 2025 ? 52% des Réunionnais vivent déjà sous le seuil de pauvreté, combien seront-ils en 2025 si les propositions réunionnaises ne sont pas mises en application ?
Car il apparaît également clairement que quand ils prennent leurs responsabilités, les Réunionnais sont capables de faire avancer leur pays. C’est par exemple le cas de l’autonomie énergétique, qui est un mot d’ordre lancé par un Réunionnais, Paul Vergès, et à partir duquel se construisent une filière et un mode de vie adapté à La Réunion. Cet exemple montre également que quand les Réunionnais misent sur le développement durable, ils sont gagnants sur tous les plans, notamment l’emploi. Une seule solution pour sortir de la crise et donner une perspective à notre jeunesse : le développement durable.

Manuel Marchal


Paul Vergès au 6ème Congrès du PCR

Aujourd’hui au 6ème Congrès, un des fondateurs du PCR prendra la parole. Paul Vergès s’exprimera en effet en fin d’après-midi.

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